Remonter une piste de ski alpin sur 3,5 km: tel est le spectaculaire dessert qui attend les fondeurs en conclusion du Tour de ski et les spécialistes du combiné nordique, dimanche dans le Val di Fiemme.

Habituellement dévalée par les spécialistes de la godille ou les rois du snowboard, la piste rouge «Olympia 3» surplombée par l'Alpe Cermis est réquisitionnée depuis 2007 par les fondeurs le temps d'un impressionnant final.

«La première fois qu'on l'a vue, on était vraiment impressionné. On l'a repérée en descente mais on avait du mal. Alors on se demandait comment on allait la monter», sourit Jean-Marc Gaillard, le meilleur fondeur français cet hiver.

«On l'avait trouvé raide et pas vraiment approprié à notre sport», ajoute Vincent Vittoz.

Même le Norvégien Petter Northug, incontestable N.1 mondial, craint ce final à travers les hauts conifères enneigés. «On ne peut pas vraiment skier. Il faut se battre tout le temps. Il faut aussi ne pas avoir peur», raconte le grand favori pour la victoire au sommet.

Et cette singulier arrivée a même donné des idées aux gens du combiné nordique, également de passage dans les Dolomites ce week-end. Le Français Jason Lamy-Chappuis, leader de la Coupe du monde, et ses collègues escaladeront eux aussi -mais pour la première fois- l'«Alpe Cermis» dimanche.

Des murs à 28%

Après 7 km de mise en jambes, les skieurs arrivent au pied d'une télécabine. Là, un virage à gauche les attend pour une montée de 3500 m et un dénivelé de 450 m avec une pente moyenne de 13% et des «murs» à 28% pour atteindre l'arrivée de cette même télécabine située à 1300 m d'altitude.

Si l'Alpe d'Huez compte 21 virages, l'Alpe Cermis en dénombre une cinquantaine dessinés par des portes, le nombre exact variant selon l'état de la neige.

«On monte d'abord droit puis on passe entre des portes lorsque la pente est trop raide et ensuite on remonte droit», décrit Vittoz, qui reconnaît que «grâce aux portes, ça passe mieux».

Façon de parler, selon Gaillard, qui a déjà foulé à deux reprises cette pente avec une belle 8e place l'an passé.

«Cela ne paraît pas beaucoup 3 km mais on y reste longtemps. Si on a un coup de bambou, on peut perdre vite et beaucoup. Dans l'effort, on peut la comparer à l'Alpe d'Huez pour les cyclistes, il n'y a jamais de pause, on est toujours en rythme», raconte le Haut-Savoyard.

Mais cette incongruité dans un sport plutôt habitué aux plats n'est pas un coup de folie de la Fédération internationale (FIS). Plutôt une trouvaille «marketing».

«On voulait créer un événement, une marque de fabrique, explique Jurg Capol, le patron du fond à la FIS. Le ski de fond n'est pas un sport facile et cette montée symbolise la difficulté.»

Mais pour Vittoz, qui trouve que «pour les filles, c'est un peu excessif», il ne faut pas aller trop loin au nom du spectacle. «Cela sort le fond de son traditionalisme, mais il faut une course comme ça par an pas plus», poursuit le champion du monde de poursuite 2005.

Par contre, il se réjouit de l'ambiance «Alpe d'Huez en juillet».

«C'est sympa, car il commence à y avoir des gens sur les côtés. Ils sont +sur nous+ et ils nous encouragent. Le tracé s'ouvre devant nous un peu comme dans l'Alpe d'Huez», témoigne-t-il.

De là à voir des supporteurs torse nu courir à côté des skieurs...