Il y a un an, Bode Miller était considéré comme un skieur fini après des Mondiaux-2009 où il ne fut que l'ombre de lui-même, mais le génial Américain a su renaître de ses cendres, à 32 ans, aux Jeux olympiques, avec trois médailles en trois courses: le bronze, l'argent et l'or.

Il faut souvent prêter attention à ce que dit Miller. «Je pense être prêt à me battre pour des médailles dans les cinq disciplines», avait prévenu le vainqueur de la Coupe du monde 2005 et 2008 en arrivant à Whistler.

De quoi laisser sceptique, au vu des résultats d'ensemble ces deux dernières saisons. Aux Championnats du monde à Val d'Isère, il avait multiplié les sorties de piste avant de s'éclipser jusqu'en septembre dernier.

«Cette décision a été certainement la chose plus importante que j'aie pu prendre dans ma carrière. C'est dur de sortir d'un sport quand on skie depuis l'âge de dix ans», souligne Miller.

Et d'ajouter: «Je n'ai pas fait semblant. En septembre, la probabilité que je puisse recourir cette saison était de zéro. Je n'avais pas de skis, pas de chaussures, pas de technicien, rien. D'être aussi loin de tout cela aide à prendre conscience de sa motivation.»

«Une médaille d'or ne m'intéressait pas»

Le bad boy, papa d'une petite Dacey de 2 ans, a ressenti à l'automne l'envie de vivre une quatrième fois le grand frisson olympique.

Au risque d'étonner. Car en 2006, Miller, qui devait être la star de ces Jeux d'hiver, s'était plus illustré à Sestrières sur la piste de danse que sur celle de ski, au grand dam du public américain.

«S'il gagnait une médaille d'or aux Jeux, il ne la mettrait pas en évidence chez lui. Elle servirait probablement à caler sa porte», disait alors John Mc Bride, à l'époque entraîneur du groupe de vitesse américain.

Quatre ans plus tard, Miller est bien monté, sourire aux lèvres, poings levés sur la plus haute marche du podium du super-combiné dimanche, après avoir pris le bronze en descente, et l'argent en super-G.

Si le skieur du New Hampshire y trouve un intérêt désormais, c'est, dit-il, parce qu'il est là par choix.

«Pour moi, je suis le même. Ma façon de concevoir le ski n'a pas changé», insiste le trentenaire, propriétaire désormais de cinq médailles mondiales et cinq olympiques.

En 2006, «beaucoup disaient que j'étais le grand favori sans vouloir entendre que moi, une médaille d'or ne m'intéressait pas. C'est arrivé à un point tel que je me sentais piégé par ce que les autres disaient et que les médias répercutaient à des millions et des millions de personnes. Je n'avais plus la propriété de mes actions, et la manière dont j'ai agi n'est en fait que ma façon à moi de reprendre ma liberté», explique Miller.

Après deux années en solitaire, le rebelle assagi a rejoint cette saison le giron de l'équipe américaine, où sa carrière hors du commun inspire les jeunes talents comme Andrew Weibrecht.

«J'ai plus de déceptions, de chutes, de premières manches ratées, et de victoires manquées que n'importe quel autre skieur sur le circuit, mais j'ai aussi à mon compte quelques belles victoires, des courses qui ont fait vibrer des gens», estime Miller, qui a près de 400 courses au compteur. «Quand j'y pense, je n'arrive pas à croire que c'est moi qui ai fait tout cela».