À 33 centièmes de la victoire, à 24 centièmes du bronze. Objectivement, ça reste une excellente course.

Malheureusement, elle ne fera jamais son chemin dans les livres d'histoire sur les Jeux olympiques.

Erik Guay a réussi de loin la meilleure descente de sa saison, lundi, à Whistler, mais ce ne fut pas suffisant pour se hisser sur le podium des Jeux de Vancouver. Le skieur de Mont-Tremblant s'est classé cinquième, une position d'honneur à laquelle il a trop souvent goûté dans les grands événements depuis le début de sa carrière.

«Ça brise un peu le coeur de finir cinquième», a lancé Guay, résigné, quand il s'est présenté devant les journalistes au bas du parcours de Whistler Creekside. «Si c'était une Coupe du monde, je serais heureux et satisfait. Mais parce que ce sont les Jeux olympiques... Aaaah! je priais pour le podium! C'est décevant parce que tu ne reçois rien pour une cinquième place.»

Guay connaît trop bien la chanson. Aux derniers Jeux olympiques de Turin, en 2006, il s'était classé quatrième du super-G après être miraculeusement revenu d'une blessure à un genou. Il avait pris le même rang un an plus tard aux Mondiaux d'Äre, en Suède. Il compte aussi trois sixièmes places en Championnat du monde.

L'athlète de 28 ans pourra essayer de se consoler à l'idée qu'il a réalisé la meilleure performance de l'histoire pour un skieur québécois dans une descente olympique. Chez les femmes, Lucille Wheeler avait gagné le bronze aux Jeux de Cortina d'Ampezzo, en 1956.

Au bout des 3158 mètres de course, Guay a abouti à 24 centièmes de seconde du médaillé de bronze, l'Américain Bode Miller, qui a ainsi racheté son bide de Turin.

Le Suisse Didier Defago s'est imposé pour devenir, à 32 ans, le plus vieux champion olympique de descente. La victoire s'est jouée dans un mouchoir de poche, Defago devançant le Norvégien Aksel Lund Svindal par sept centièmes et Miller par neuf centièmes.

Une ligne d'arrivée...trop proche

Chaudement applaudi par les 6120 spectateurs, Guay a serré le poing après avoir traversé le fil, convaincu qu'il venait de connaître une bonne course.

Mais les grands noms n'avaient pas encore pris le départ, et, au fond de lui, il savait qu'il risquait de payer cher une approche hésitante sur les rouleaux en haut de la piste Dave Murray. La surface bosselée l'a un peu surpris. Quand l'entraîneur Lionel Finance a vu un écart de huit dixièmes avec Miller au deuxième chrono intermédiaire, il a compris que «c'était cuit pour la médaille».

«Ma trajectoire n'était pas idéale, a expliqué Guay. Ça m'a pris un bout de temps à m'habituer à la neige, qui était complètement différente des entraînements.»

Par la suite, il a «produit un ski top niveau qui aurait pu le faire gagner», dixit Finance.

«Après 30 secondes, j'ai commencé à skier, à être à l'aise, à attaquer un peu plus, a convenu Guay. À partir de là et jusqu'en bas, j'ai repris du temps. C'est juste malheureux que la ligne d'arrivée n'était pas située 200 mètres plus bas.»

N'empêche, personne ne l'attendait pour cette descente olympique. Il s'amenait à Whistler sans référence cette saison, son dernier succès dans la discipline remontait à près d'un an et toute l'attention était tournée vers son compatriote Manuel Osborne-Paradis, troisième du classement de la Coupe du monde.

Trop gourmand au crucial virage Coach's Corner, Osborne-Paradis a dû se contenter du 17e rang. Robbie Dixon, l'autre prétendant canadien, a été victime d'une chute et n'a pas complété l'épreuve. Le petit gars de la place a admis s'être laissé affecter par la pression. Il a d'ailleurs frappé une porte de plein fouet dès le début du parcours.

Guay peut au moins tirer du positif en vue du super-G prévu vendredi, où, cette fois, il figurera parmi les favoris. Sixième du classement de la spécialité en Coupe du monde, il n'a qu'une idée en tête: attaquer à fond. «Si on ne se lance pas comme un malade jusqu'en bas, on finit 15e», a-t-il affirmé.

Guay avait connu du succès sur le même parcours lors de l'épreuve de Coupe du monde préolympique, disputée en février 2008. Son rang? On vous le donne en mille: quatrième.



* * *

Le classement de la descente masculine :

1. Didier Defago (SUI) 1:54.31

2. Aksel Lund Svindal (NOR) 1:54.38

3. Bode Miller (USA) 1:54.40

4. Mario Scheiber (AUT) 1:54.52

5. Erik Guay (CAN) 1:54.64

6. Didier Cuche (SUI) 1:54.67

7. David Poisson (FRA) 1:54.82

8. Marco Buechel (LIE) 1:54.84

9. Klaus Kroell (AUT) 1:54.87

10. Michael Walchhofer (AUT) 1:54.88

11. Carlo Janka (SUI) 1:55.02

12. Werner Heel (ITA) 1:55.19

12. Hans Olsson (SWE) 1:55.19

14. Rok Perko (SLO) 1:55.26

15. Peter Fill (ITA) 1:55.29

16. Adrien Theaux (FRA) 1:55.40

17. Manuel Osborne-Paradis (CAN) 1:55.44

18. Ivica Kostelic (CRO) 1:55.49

19. Christof Innerhofer (ITA) 1:55.58

20. Steven Nyman (USA) 1:55.71

21. Andrew Weibrecht (USA) 1:55.74

22. Hans Grugger (AUT) 1:55.81

23. Ambrosi Hoffmann (SUI) 1:56.04

24. Stephan Keppler (GER) 1:56.11

25. Jan Hudec (CAN) 1:56.19

26. Guillermo Fayed (FRA) 1:56.20

27. Johan Clarey (FRA) 1:56.29

28. Andrej Jerman (SLO) 1:56.35

29. Patrik Jaerbyn (SWE) 1:56.58

30. Ondrej Bank (CZE) 1:56.66

31. Lars Elton Myhre (NOR) 1:56.69

31. Kjetil Jansrud (NOR) 1:56.69

33. Natko Zrncic-Dim (CRO) 1:57.02

34. Craig Branch (AUS) 1:57.19

35. Patrick Staudacher (ITA) 1:57.21

36. Petr Zahrobsky (CZE) 1:57.44

37. Andrej Krizaj (SLO) 1:57.72

38. Edward Drake (GBR) 1:57.91

39. Jono Brauer (AUS) 1:58.08

40. Krystof Kryzl (CZE) 1:58.43

41. Ivan Ratkic (CRO) 1:58.58

42. Andreas Romar (FIN) 1:58.71

43. Markus Larsson (SWE) 1:58.82

44. Ferran Terra (ESP) 1:58.85

45. Alexandr Horoshilov (RUS) 1:59.21

46. Truls Ove Karlsen (NOR) 1:59.52

47. Kevin Esteve Rigail (AND) 1:59.61

48. Roger Vidosa (AND) 1:59.65

49. Maui Gayme (CHI) 1:59.76

50. Igor Zakurdaev (KAZ) 1:59.80

51. Paul de la Cuesta (ESP) 1:59.84

52. Jaroslav Babusiak (SVK) 1:59.99

53. Johnny Albertsen (DEN) 2:00.12

54. Stepan Zuev (RUS) 2:00.58

55. Cristian Javier Simari Birkner (ARG) 2:01.67

56. Jorge Mandru (CHI) 2:01.72

57. Filip Trejbal (CZE) 2:02.57

58. Roberts Rode (LAT) 2:03.36

59. Andrey Drygin (TJK) 2:04.44

N'ont pas terminé: Andrej Sporn (SLO), Robbie Dixon (CAN), Dragos Staicu (ROM), Stefan Georgiev (BUL)





Photo: AFP

Le Suisse Didier Défago jubile après avoir réalisé le meilleur temps de la descente.