Même si l'équipe canadienne de ski alpin a été amputée de plusieurs skieurs de premier plan à cause des blessures, ses dirigeants continuent de viser une récolte de trois médailles aux Jeux olympiques de Vancouver.

«Nous voulons un minimum de deux médailles, comme nous l'a mandaté le Comité olympique canadien dans le cadre de son objectif de terminer premier au classement des pays, tandis qu'à l'interne, nous nous sommes donné un but de trois médailles», affirme Max Gartner, chef de la direction athlétique à Canada Alpin.

Cet objectif a été établi avant le début de la présente saison de la Coupe du monde et n'a pas changé même si, depuis ce temps, John Kucera, François Bourque, Jean-Philippe Roy, Kelly VanderBeek et Larisa Yurkiw sont tous tombés au combat à cause de blessures. Ils devront rater les Jeux.

L'absence de Kucera fera particulièrement mal puisqu'il représentait un espoir de médaille dans trois disciplines, tout comme celle de Kelly VanderBeek, qui avait terminé quatrième au super-G des Jeux de Turin en 2006. Celle de Bourque aussi puisque le Gaspésien demeurait un skieur au potentiel énorme même s'il avait raté la majorité de la campagne 2008-09 à cause d'une première blessure au genou.

«Nos chances ont été réduites quantitativement, mais pas qualitativement, déclare Gartner. Nous avons quand même un bon nombre d'athlètes qui sont de sérieux aspirants à un podium.»

Selon Gartner, le programme «À nous le podium» a profité aux skieurs canadiens. Ceux-ci peuvent maintenant aspirer avec réalisme à une récolte de trois médailles olympiques, même si ce serait un exploit sans précédent.

«Nous pensons maintenant à des médailles, pas seulement à participer, affirme Gartner. Nos athlètes ont beaucoup gagné en maturité. Au lieu de simplement aspirer à la victoire, ils gagnent des courses.»

Trois sur 30

Il y aura 10 épreuves alpines en l'espace de deux semaines à la montagne de Whistler Creekside, soit une descente, un super-G, un slalom, un slalom géant et un super-combiné tant chez les hommes que les femmes. Un total de 30 médailles sera à l'enjeu.

La toute première épreuve, la descente masculine, aura lieu ce samedi, dès la première journée des compétitions. Manuel Osborne-Paradis et Erik Guay seront parmi les skieurs canadiens en lice. On devrait déjà avoir une bonne idée des chances du Canada d'atteindre son objectif de trois podiums.

«C'est dans l'équipe masculine de vitesse que nous fondons nos plus grands espoirs», reconnaît Gartner.

Toute la pression qui serait revenue sur les épaules de Kucera tombera sur celles de Osborne-Paradis. L'athlète de 25 ans a signé deux victoires en Coupe du monde cette saison, au super-G de Lake Louise puis à la descente de Val Gardena, en Italie.

«Manny est assurément notre meilleur skieur en ce moment, avance Gartner. Et il va disputer les Jeux chez lui à Whistler. À Turin, quand il était un jeune skieur, il avait terminé deuxième lors de la dernière descente d'entraînement et il était deuxième dans le super-G qui avait été éventuellement annulé. Il aime les feux de la rampe. Je suis certain qu'il va donner une performance spéciale.»

Gartner a également dit fonder certains espoirs en Michael Janyk et Robbie Dixon, tous deux de Whistler, et Jan Hudec, de Calgary. Chez les femmes, les spécialistes de la descente et du super-G, Emily Brydon, de Fernie, en Colombie-Britannique, et Britt Janyk, de Whistler, représentent les espoirs les plus légitimes même si elles n'ont pas vraiment bien fait en Europe cet hiver, après un début de saison prometteur à Lake Louise.

«Emily et Britt sont des skieuses d'expérience et leur objectif désigné est de remporter des médailles, affirme Gartner. Je m'attends à ce qu'elles puisent dans leurs réserves, retrouvent leur forme et surprennent tout le monde.»

Les Québécois

Erik Guay représente le plus grand espoir québécois. Et ce, même si Julien Cousineau, avec sa récente cinquième place en Coupe du monde, a montré qu'il avait le potentiel pour surprendre en slalom.

«C'est notre vétéran chez les hommes, dit Gartner à propos de Guay. Il a montré cette saison qu'en super-G, un jour donné, il peut être au plus fort de la lutte. Il a connu des difficultés en descente, mais nos entraîneurs ont travaillé avec lui dans le but de le relancer. Nous espérons que son bon résultat à Kitzbuehel (5e en super-G) lui donnera confiance.

«Julien, lui, a toujours été rapide mais erratique, dit Gartner du vétéran skieur de Lachute. Cette saison, il a fait preuve d'une belle constance, si bien qu'il peut maintenant aspirer à une médaille.»

Brigitte Acton, de Mont-Tremblant, Marie-Michèle Gagnon, de Lac-Etchemin, et Anna Goodman, de Pointe-Claire, sont toutes de jeunes Québécoises qui ont le potentiel pour surprendre.

«(Acton) n'a jamais terminé parmi les cinq premières, mais elle a le don de relever son niveau de ski dans les grandes occasions, affirme Gartner. Gagnon n'a pas la même forme que la saison dernière, alors elle devra se retrouver. Goodman, si elle est à 100 pour cent (malgré sa blessure au genou), est certainement capable de bien faire en slalom.»

Marie-Pier Préfontaine, de Saint-Sauveur, fera partie des skieuses invitées dans le but d'emmagasiner de l'expérience en vue des Jeux de 2014. Louis-Pierre Hélie, de Berthierville, ainsi que Jeffrey Frisch et Ryan Semple, de Mont-Tremblant, feront figure d'acteurs de soutien.

La première épreuve féminine sera un super-combiné, dimanche.

La première descente d'entraînement chez les hommes aura lieu mercredi. Une autre suivra jeudi, tout de suite après la première descente d'entraînement en vue du super-combiné féminin.

Un peu de hasard

Malgré les objectifs fermes avancés par Canada Alpin, Gartner rappelle que le ski est un sport où les résultats sont souvent aléatoires à cause des nombreuses variables, à commencer par le temps qu'il fait et les conditions de piste.

«Il peut arriver que tes skis ne glissent pas bien cette journée-là. Ou encore, qu'un nuage ait caché le soleil pendant ta descente, alors que le soleil a brillé pour les autres skieurs. Tu peux skier la course de ta vie et terminer sixième. Les résultats ne concordent pas toujours avec la qualité de la performance.»

Pas moins de 320 skieurs, dont 22 Canadiens, sont inscrits en vue des épreuves alpines. Il y en avait eu 286 à Turin.