Le cerveau

À quoi penses-tu avant le départ? «Avant une descente, j'essaie de garder ça simple. Je pense à deux-trois choses-clés: "reste en avant", "attaque" et "ski extérieur".»

De la visualisation? «Pas dans les minutes avant le départ, mais quelques heures avant, oui. Je refais le parcours pas mal souvent dans ma tête, au moins une dizaine de fois. Comme ça, je sais exactement à quoi m'attendre pendant que je descends.»

Yeux

«Je regarde toujours en avant! En même temps, tu essaies de voir le relief de la piste, comment ça descend ou ça monte ainsi que les petites bosses. Tu essaies de gérer la vitesse à laquelle tu arrives. Il y a beaucoup d'anticipation en descente. Quand tu arrives à 120 ou 130 km/h, il faut anticiper tout ce qui s'en vient. Tu regardes loin en avant et tu sais exactement ce qui s'en vient.»

Le coeur

Les pulsations cardiaques atteignent quel niveau durant une descente? «Ça dépend vraiment des courses, mais ça peut atteindre les pulsations maximales, 190 battements par minute.»

À Whistler? «Ça va dépendre de la neige, mais ça peut être vraiment exigeant. C'est quand même assez long et il y a beaucoup de plat en haut, où tu dois être longtemps en position de recherche de vitesse. Ça fatigue encore plus.»

Le dos

Erik Guay s'est blessé au dos en faisant des poids et haltères en octobre 2007. Il avait cherché à revenir un peu trop vite sur ses planches et cette blessure, anodine en apparence, lui était restée dans la tête presque tout l'hiver. La douleur est réapparue lors d'un entraînement sur neige au Chili l'été dernier. Rien de majeur, mais assez pour l'obliger à réduire le nombre de descentes d'entraînement par la suite.

«C'est revenu pendant deux ou trois jours à Val d'Isère (en décembre dernier), mais ça va super bien depuis», disait Guay avant le début de la Coupe du monde de Kitzbühel, il y a deux semaines. Les skieurs portent tous une protection dorsale rigide pour prévenir les blessures à la moelle épinière.

«On s'entraîne avec elle tous les jours. À un moment donné, ça finit par faire partie de l'ensemble. On ne le sent pas du tout», dit-il.

Les cuisses

On ressent quoi à la fin d'une descente? «Ça dépend vraiment de la descente. Bormio et Wengen, c'est limite. On est fatigué mort rendu en bas. Il ne faudrait pas que ça dure 15 secondes de plus parce que je ne pense pas qu'on se rendrait jusqu'au bout. Mais il y a d'autres parcours, comme par exemple Kitzbühel, où ce n'est pas super exigeant sur les jambes parce que tu n'es pas souvent en position de recherche de vitesse. Dans ce cas-là, c'est moins sur les jambes et plus dans la tête. Whistler? Ce sera entre les deux. On ne sera pas complètement mort rendu en bas, mais on va le sentir quand même dans les jambes. Il y a quand même de bonnes sections techniques.»

Le genou

Erik Guay ne fait pas exception: il s'est infligé LA blessure du skieur alpin, celle qui a fait tomber plusieurs Canadiens cet hiver, dont Jean-Philippe Roy et François Bourque. Guay avait 22 ans quand il s'est déchiré le ligament croisé antérieur gauche lors d'une descente d'entraînement à Val Gardena, en décembre 2002. Cela avait mis fin à une saison qui s'annonçait fort prometteuse. La réadaptation avait duré neuf mois. Aujourd'hui, tout ça n'est qu'un lointain souvenir. «Ça fait quelques années que je ne le sens plus du tout», indique-t-il.

Les pieds

Un ajustement particulier pour les bottes? «Moi, c'est serré au maximum pour les deux attaches du haut. Pour celles du bas, je les gardes quand même assez lousses. Comme ça, je peux flotter un peu sur les pieds et ça me donne un peu plus de vitesse sur les plats. Quand c'est plus serré, chaque petit mouvement dans la botte se ressent dans le ski.»

Les skis

Combien de paires de ski à Whistler? «Une vingtaine, facile, dit-il. De 12 à 15 paires de descente et au moins six paires de super-G. J'aurai aussi quatre ou cinq paires de géant.»

Lesquelles choisir pour la course? «Normalement, c'est mon technicien qui décide. Lui sait vraiment ce qui roule dans quel genre de neige. Il prendra sûrement la décision la veille de la course. Mais je suis sûr qu'il va préparer environ trois paires de skis. Il regardera la température en matinée et il montera au départ avec deux paires. Je lui ferai part de mes préférences de modèle.» Sur la piste Dave Murray de Whistler, Erik Guay devrait atteindre une pointe de vitesse d'au moins 130 km/h.