Après l'ivresse du sommet le week-end dernier à Kitzbühel avec le doublé super-G/descente, le Suisse Didier Cuche est retombé au bas de la piste Podkoren de Kranjska Gora, vendredi, se fracturant la première phalange du pouce droit à 12 jours du 1er entraînement de la descente des JO.

Si la blessure, qui nécessite une opération samedi matin dans un clinique zurichoise, ne remet pas en cause sa participation aux épreuves olympiques, le champion du monde de super-G se rendra à Whistler avec un handicap certain.

C'est aussi un nouveau coup dur pour la Suisse, qui a perdu ces derniers mois plusieurs chances de médailles olympiques sur blessures, notamment la jeune prodige Lara Gut.

«La fracture va être réduite. Pour les JO, ça reste ouvert. On va déjà voir comment se passe l'opération et comment ça se passe pour les protections. Il ne faut pas baisser les bras», a expliqué le Neuchâtelois, juste avant de gagner Zurich en voiture.

Cuche, 35 ans, a percuté l'antépénultième porte du mur d'arrivée lors de la seconde manche. «J'ai lâché trop vite les appuis et j'étais en retard. C'était assez violent», a expliqué le skieur des Bugnenets, également médaille d'argent de la descente aux Mondiaux-2009 à Val d'Isère.

Vainqueur de 13 épreuves de Coupe du monde, dont quatre cette saison, le Romand s'était déjà fracturé une côte lors d'une séance de ski libre il y a six semaines à Val d'Isère.

Prémonitoire

Cuche, qui a connu sa part de blessures dans un sport épargnant rarement ses serviteurs, en a retiré une philosophie de vie. Ainsi, jeudi, à l'issue de la reconnaissance de la piste du géant slovène, il avait déclaré: «Les deux victoires de Kitzbühel ne me font pas planer. C'était agréable. C'était hier. J'ai réussi deux magnifiques courses, mais la vie ne s'arrête pas et la saison ne s'arrête pas».

Et, prémonitoire, il avait ajouté: «Demain, c'est une autre course, c'est du géant et ce n'est pas parce que j'ai été vite à Kitzbühel que ça va se faire tout seul».

Au long d'une carrière de 12 ans au plus haut niveau, Cuche a régulièrement remonté la pente après chaque coup du sort. Ce fut notamment le cas en 1998, après une fracture tibia-péroné de l'automne 1996, également après la rupture des ligaments d'un genou en janvier 2005 à Adelboden.

«C'est un accident courant pour ceux qui pratiquent la vitesse. S'il n'y a pas de complication, on posera une protection légère pour construire ensuite une coquille quand il skiera», a expliqué l'entraîneur Mauro Pini, chargé du groupe polyvalent au sein de l'équipe suisse.

«Il ne sera pas à l'aise», a poursuivi le coach d'Airolo (Tessin), qui craint autant les répercussions psychologiques que la gêne physique.

«Heureusement, on avait prévu du repos d'ici notre départ à Vancouver, le 5 février, avec deux jours d'acclimation dans la ville olympique pour récupérer du décalage horaire», a conclu Mauro Pini.