Le skieur Julien Cousineau pouvait difficilement choisir plus belle scène pour sa meilleure course à vie: le slalom nocturne de Schladming et ses 55 000 fans en délire.

Deux jours après sa qualification officielle pour les Jeux olympiques de Vancouver, Cousineau a confirmé sa grande forme en terminant cinquième du slalom de la Coupe du monde de Schladming, en Autriche, mardi soir.

Après plusieurs années marquées par les blessures et les questionnements, le skieur de Lachute a ainsi obtenu le meilleur résultat de sa carrière. La sélection olympique et la confiance emmagasinée au cours des dernières semaines ont fait la différence. «Aujourd'hui, je m'étais dit que j'allais y aller. Là, on peut relaxer et on ouvre la machine», a indiqué Cousineau en entrevue téléphonique.

Avant cette course, l'athlète de 29 ans ne comptait que trois résultats parmi les 10 premiers, tous obtenus à Wengen, dont une neuvième place l'an dernier.

Cousineau a fini à 1 seconde 76 centièmes du vainqueur, l'Autrichien Reinfried Herbst. Ce dernier sauvait ainsi l'honneur de la Wünderteam, blanchie à Kitzbühel la semaine dernière. Le Suisse Silvan Zurbriggen a pris le deuxième rang, suivi de l'Autrichien Manfred Pranger, leader après une manche.

De loin le slalom le plus populaire sur le circuit, Schladming figure parmi les trois grands classiques de la spécialité avec Wengen et Kitzbühel. La piste Planai, pentue et extrêmement glacée, convenait parfaitement au style agressif et dynamique de Cousineau. «Ce sont des conditions que j'adore et je n'en avais pas vraiment eues cette saison», a-t-il souligné.

Parti avec le dossard 25, il a réussi le sixième temps de la manche initiale, une première. En cette saison cruciale pour la suite de sa carrière, Cousineau avait jusque-là choisi d'adopter une attitude plus prudente et de s'installer en milieu de peloton. Il avait donc là d'autres choses à penser lors des trois heures séparant les deux manches: «Je savais que le podium était à portée de main. Après ça, c'était de gérer le stress pour la deuxième manche...»

La pression a culminé 20 minutes avant de s'élancer pour le test ultime, mais Cousineau avait réussi à retrouver son calme quand est venu le temps de s'installer dans le portillon. La moitié de la besogne était accomplie.

Puis, à mi-pente, le slalomeur québécois a entendu le public rugir quand l'annonceur-maison a hurlé qu'il avait pris la tête. C'était là son deuxième et principal défi.

«Il y a tellement une ambiance de fou ici, a souligné Cousineau. C'est dur de bloquer tout le bruit. Il faut vraiment que tu sois concentré pour y faire abstraction.»

L'an dernier, il s'était d'ailleurs fait piéger par ses émotions quand il avait compris en pleine qu'il flirtait avec la tête. Cette fois, il a su garder le cap.

Cousineau attribue une bonne partie de ce succès à sa collaboration avec une psychologue sportive, une première dans sa carrière. «L'an dernier, j'étais vite à l'entraînement et en course, mais je finissais pas. Mes entraîneurs et moi, on s'est dit qu'il était temps pour moi de travailler avec un psychologue sportif.»

Manifestement, ça fonctionne. Cousineau a provisoirement pris la tête de la course, délogeant le Français Julien Lizeroux, alors leader du classement de la Coupe du monde. Un beau moment d'émotion. À la télé, on a vu le Français sourire et applaudir son rival canadien. «On est super copains depuis longtemps», a expliqué Cousineau, qui a pu fêter son résultat avec ses parents, en vacances en Europe. Son père Alain, un ancien skieur, a d'ailleurs fait partie du circuit de la Coupe du monde au début des années 70.

Michael Janyk, médaillé de bronze aux derniers Mondiaux, a été le deuxième Canadien à Schladming avec une 12e place. Après le tir groupé historique de Kitzbühel - quatre Canadiens parmi les 15 premiers dimanche dernier- cela augure bien à un mois jour pour jour du slalom olympique de Whistler. Le dernier slalom préolympique sera disputé dimanche prochain à Kranjska Gora, en Slovénie.

Par ailleurs, Cousineau, Janyk et Erik Guay seront officiellement nommés mercredi au sein de l'équipe olympique canadienne. Au moment de mettre ce texte en ligne, l'équipe canadienne, frappée comme jamais par les blessures, avait l'assurance de pouvoir aligner 15 skieurs à Whistler. Mais les dirigeants espèrent recevoir mercredi matin quelques places supplémentaires de la part de la fédération internationale.