Au Canada, les yeux sont déjà tournés vers les Jeux olympiques de Vancouver. Erik Guay y pense aussi, mais autre chose le préoccupe: la redoutable Streif de Kitzbühel, ses murs vertigineux, ses virages piégeurs et son terrain inégal. À sa dernière Coupe du monde avant les JO, le skieur de Mont-Tremblant espère s'y relancer.

À pareille date l'an dernier, Erik Guay ne voulait pas trop entendre parler des Jeux olympiques de Vancouver. Se sachant très attendu, il préférait dévier les questions ou y répondait machinalement, dans le meilleur des cas. Tout au plus souhaitait-il se présenter à Whistler sur son erre d'aller, après avoir fait le plein de confiance en Europe.

Ça ne s'est pas passé comme ça. Les résultats n'y sont pas et le rôle-titre de cette équipe canadienne de ski alpin décimée par les blessures est occupé par un autre. Pendant qu'Erik Guay peine, Manuel Osborne-Paradis s'annonce comme l'un des hommes à battre sur la piste Dave-Murray, le 13 février, à Whistler.

À bien y penser, Guay y voit presque un avantage. «Manny sera le gars à surveiller aux Jeux. C'est le favori, il faut le dire. En même temps, moi, ça m'enlève un peu de pression», soutenait-il, mardi, depuis sa chambre d'hôtel de Kitzbühel.

Mercredi, si la météo le permet, Guay s'élancera pour la première descente d'entraînement du Hahnenkamm, le mythique week-end de course autrichien qui fête ses 70 ans. Comme d'habitude, la descente officielle est prévue samedi après le super-G présenté la veille.

Pour les descendeurs, il s'agit de la dernière occasion de mélanger les cartes avant le grand rendez-vous olympique du mois prochain. Le Québécois espère tirer quelques as après avoir été privé de jeu depuis le début de la tranche européenne de la Coupe du monde, en décembre.

«Je veux avoir de bons résultats ici pour que ça débloque et que j'arrive aux Olympiques avec un peu de confiance, a dit Guay, quatrième du super-G aux derniers JO de Turin. Mais même si ça n'arrive pas, on a un bon plan et je sais que j'ai assez de temps pour me préparer comme du monde.»

Satisfait de ses sensations sur les planches, ce travailleur presque obsessif s'explique mal ses résultats depuis un mois. Il y a eu une sortie de parcours hâtive à Val d'Isère, un soudain vent de face à Val Gardena (septième et 11e, quand même), un virage raté à Bormio et, samedi dernier, cette Lauberhorn de Wengen dont il n'arrive pas à percer le mystère (18e), contrairement à Osborne-Paradis, deuxième.

Vue de cet angle, la quatrième place du Québécois à Lake Louise, au début de l'hiver, apparaît presque comme un accident de parcours.

«Je peux trouver des excuses, mais c'est ça, les résultats ne sont pas là», n'a pu que constater l'auteur de cinq podiums en Coupe du monde, dont le dernier remonte à décembre 2008.

«Je ne veux pas paniquer non plus et dire que tout va mal, que je suis tellement perdu. Ce n'est pas le cas de toute façon. Honnêtement, mon ski va bien. Je réussis de bonnes sections. Il faudrait juste que j'aligne ça de haut en bas.»

Il y a aussi les blessures qui affligent les skieurs de la Coupe du monde en général, et de l'équipe canadienne en particulier. La liste est impressionnante : le champion du monde Kucera (fracture tibia-péroné), Jean-Philippe Roy (genou), François Bourque (genou), Kelly VanderBeek (genou), Larisa Yurkiw (genou). Pour bien faire, Robbie Dixon a subi une légère commotion en glissant sur une plaque de glace en marchant en Autriche, il y a une dizaine de jours. Rapatrié au pays, celui qui pourrait être le joker de l'équipe canadienne à Whistler devrait être parfaitement remis.

Rompu à ce sujet, Guay ne voit «rien de nouveau là-dedans». De simples accidents, inhérents au ski alpin. Simplement, leur nombre est plus élevé qu'à l'habitude et la véritable malchance est qu'ils surviennent lors d'une année olympique.

Hors de question, donc, de s'économiser ou de lever le pied sur la Streif de Kitzbühel, réputée comme la piste la plus dangereuse sur le circuit: «Ce serait la pire chose à faire, de skier un peu hésitant, un peu à cul. C'est là que ça devient dangereux. Si je tombe et que je me fais mal, ce sont des choses qui arrivent et je suis prêt à vivre avec ça.»

En revanche, Guay n'est pas une tête brulée et admet être «un peu nerveux». «Il faut que je sois intelligent, mais en même temps, il faut que j'attaque.» En souhaitant être récompensé au bas de la pente.