Jean-Philippe Roy connaît la chanson. Il est en parfaite maîtrise, passe en mode attaque, reluque le podium et puis clac! le genou cède. Ça lui est arrivé aux mondiaux de 2005 à Bormio. Ça s'est reproduit dimanche dernier en chutant à Val d'Isère. Il a su en se relevant que sa saison était finie. Adieu les Jeux olympiques de Vancouver.

Mardi, à London, Roy a simplement reçu la confirmation du docteur Bob Litchfield que son ligament croisé antérieur droit était bel et bien déchiré. Heureusement, et c'est presque un miracle, rien d'autre n'a été touché.

«Le docteur m'a dit que c'était l'une des déchirures les plus propres qu'il ait vues depuis longtemps, a confié Roy. D'habitude, il y a de l'inflammation, une hémorragie. Là, je peux marcher comme si rien n'était. Je suis chanceux dans ma malchance. Ça devrait être plus facile de revenir.»

Le spécialiste du slalom géant parle en connaissance de cause. En 2005, en plus du ligament croisé antérieur gauche, il avait subi des dommages à un os, au ménisque et au ligament médial croisé.

N'empêche, la convalescence s'annonce aussi longue. Après l'opération prévue jeudi, Roy devra s'abstenir de skier pendant six mois. Ça le mène donc aux camps estivaux du mois d'août, après quoi il tentera de graduellement retrouver la forme jusqu'aux championnats du monde de 2011, à Garmisch-Partenkirchen.

«Mon ski va super bien, a rappelé le membre du club du mont Comi, dans le Bas-du-Fleuve. Ma carrière n'est pas finie à cause d'un genou. Comme en 2005, je skiais vraiment vite, vraiment bien. C'est pour ça que j'ai le goût de revenir l'an prochain. Ce n'est pas comme si j'étais deux secondes derrière et que j'avais de la misère à me qualifier. À Val d'Isère, j'étais troisième (au dernier chrono intermédiaire), à quatre centièmes de la tête. Ça donne le goût de revenir.»

Roy, septième des mondiaux 2007, s'est fait offrir la possibilité de skier à Vancouver avec un harnais protecteur, une option qu'il a rapidement rejetée. «Je ne serais pas compétitif», a tranché celui qui s'était qualifié pour les JO dès la première course de la saison, à Sölden, où il avait fini neuvième. «Je ne veux pas participer pour participer. Ça ne vaut pas la peine. J'aurais plus de chances d'avoir des problèmes dans le reste du genou à long terme. Je ne participerai pas, je vais regarder!»

Pour un athlète qui vient de recevoir une si mauvaise nouvelle, le ton est étonnamment enjoué. «Ma femme a pleuré plus que moi», a-t-il glissé.

Roy rappelle aussi qu'il n'a qu'à ouvrir son logiciel de conversation vidéo pour voir apparaître le sourire de son fils Jake, deux ans. C'est d'ailleurs par l'entremise d'une webcam qu'il avait assisté à sa naissance, en décembre 2007, alors qu'il était en compétition dans le Colorado. Cette fois, il est certain de pouvoir être là pour la naissance du deuxième, prévu en mars.