À l'université, il y a quelques années, Ashleigh McIvor a écrit un essai dans son cours d'anglais sur les raisons pour lesquelles le ski cross devrait être un sport olympique.

La skieuse de Whistler avait reçu un A pour son travail. Mardi, l'athlète de 26 ans a été récompensée de nouveau en remportant la première médaille d'or de cette nouvelle épreuve aux Jeux olympiques.

Ashleigh McIvor était considérée comme l'une des favorites pour remporter l'épreuve. La championne mondiale en titre a mené la dernière course sur le difficile parcours de Cypress Mountain du début à la fin, mardi. «C'est le plus beau jour de ma vie. J'ai gagné dans ma ville natale, ma province, mon pays», a-t-elle dit à la suite de sa victoire.

L'athlète s'est inspirée de son amie Maëlle Ricker, médaillée d'or en snowboard cross, avec qui elle s'est entraînée cette année. «Maëlle m'avait prévenue que je devais avoir un départ explosif, c'est ce que j'ai fait», a résumé celle qui est présentement deuxième sur le circuit de la Coupe du monde.

La skieuse de 26 ans a connu un meilleur sort que son coéquipier - et conjoint - Chris Del Bosco, qui a chuté dans la finale de ski cross, dimanche, pour terminer au quatrième rang. Elle a eu une pensée pour son amoureux en finale. «Ne fais pas comme Chris», s'est-elle répété en dévalant la piste.

Son copain, qui était vu comme un espoir de médaille, portait encore des traces visibles de son accident, mardi. Il avait des hématomes et des éraflures au visage. Il ne voulait pas que sa copine commette la même erreur que lui. «Je lui ai dit de s'amuser, et surtout de rester calme. Elle skie tellement bien lorsqu'elle est calme. Elle est extraordinaire», a-t-il lancé aux journalistes, émotif.

McIvor a remercié à plusieurs reprises À nous le podium, ce programme de quelque 100 millions de dollars critiqué ces derniers jours en raison de la pression qu'il exerce sur les athlètes. «C'est vrai que ça crée de la pression, mais on peut le voir autrement. C'est signe que des gens croient en nous, en nos chances de réussir», a-t-elle expliqué.

La skieuse de Whistler a terminé devant la Norvégienne Hedda Bertsen et la Française Marion Josserand. C'est toutefois une autre Française qu'on attendait sur le podium. Celle qui a tout raflé cette année, Ophélie David, a fait une mauvaise chute en quarts de finale, augmentant ainsi les chances de McIvor d'atteindre le podium.

Cela confirme ce que McIvor avait dit aux journalistes peu de temps avant les Jeux olympiques: «Le ski cross est le seul sport pour lequel il est logique de souhaiter bonne chance à ses participants». Ses coéquipières, Kelsey Serwa et Julia Murray, respectivement troisième et quatrième au classement de la Coupe du monde cette saison, ont eu moins de chance. Ni Serwa ni Murray - qui skiait avec une orthèse au genou ayant passé sous le bistouri il y a un mois à peine - n'ont atteint la finale.

Il faut être casse-cou pour pratiquer ce sport. Quatre skieuses concourent les unes contre les autres en dévalant une piste de ski accidentée avec des bosses, des sauts et des virages relevés.

Casse-cou, la jeune femme de Whistler l'a toujours été. Elle a commencé à skier à l'âge de 2 ans... en se lançant en bas de l'escalier du salon de la maison familiale. À l'adolescence, elle rêvait d'une carrière en ski alpin. Une fracture à une jambe subie lorsqu'elle avait 16 ans a toutefois mis fin à ses espoirs. Après une période de rééducation de deux ans, elle a essayé le ski cross. Sa mère, Marilyn, a déjà déclaré à ce propos: «Une mauvaise journée de compétition vaut mieux qu'une bonne journée au centre commercial».

Ce sport spectaculaire est né à la fin des années 90 aux États-Unis dans le cadre de la compétition de sports extrêmes X-Games. Il fait partie du circuit de la Coupe du monde depuis 2004. Dans son essai, la skieuse a insisté sur le fait que son sport allait permettre aux Jeux olympiques de rester «cool». À voir les jeunes venus par dizaines encourager les Canadiennes, mardi après-midi, il faut croire qu'Ashleigh McIvor méritait sa note de A dans son cours d'anglais de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC).