Dix participations aux Jeux olympiques. Seize participations aux Championnats du monde, cinq couronnées par des médailles, dont deux d'or. Quatre globes de cristal sur le circuit de la Coupe du monde en plus de trois deuxièmes places et d'une troisième. Les quatre skieurs acrobatiques qui défendront les couleurs du Canada à l'épreuve des sauts aux Jeux de Vancouver montrent un impressionnant palmarès. Tout ce qu'il leur manque, c'est une médaille olympique.

Steve Omischl, Kyle Nissen, Warren Shouldice et Veronika Bauer en sont bien conscients: cela fait longtemps que le Canada n'est pas monté sur le podium olympique en sauts. Veronica Brenner et Deidra Dionne avaient récolté l'argent et le bronze à Salt Lake City, mais on doit remonter aux Jeux de Lillehammer, en 1994, pour trouver un athlète masculin canadien sur le podium dans cette discipline. Cette année-là, Philippe Laroche, deuxième, et Lloyd Langlois, troisième, avaient procuré des médailles à l'équipe canadienne.

Malgré leur impressionnant c.v. sur la scène internationale, ces athlètes souhaiteraient bien mettre fin à la disette canadienne.

Omischl, pour un, a consacré sa saison entière à se préparer pour les Jeux, un processus parfois frustrant. Après trois globes de cristal en quatre ans et un quatrième en carrière, l'équipe d'entraîneurs a mis en place un programme spécifique pour lui. Ceci a été rendu possible par ses résultats obtenus la saison dernière, suffisants pour lui garantir une place à Vancouver avant tout le monde. Il vise l'or et rien d'autre, mais ne sait toujours pas comment il attaquera la compétition.

«Je ne sais pas trop ce que je ferai, mais je dois m'assurer de passer au travers de la demi-finale, a raconté Omischl à la conférence de presse officielle de l'équipe canadienne, vendredi. Nous pratiquons un sport qui est en grande partie tributaire de la météo. Si les conditions sont bonnes, vous pouvez pousser un peu plus. Si elles le sont moins, vous devez adapter votre plan de match. Nous verrons quelles conditions nous devrons affronter.»

D'ailleurs, Omischl, seul athlète de l'histoire du ski acrobatique à être monté sur chacune des marches du podium aux Championnats du monde, ne prendra aucun risque lors de cette demi-finale.

«Si ça veut dire de faire des sauts avec un degré de difficulté moindre pour s'assurer de passer, c'est ce que je ferai.»

Est-ce que les Canadiens joueront en équipe pour tenter de qualifier leurs trois sauteurs?

«Sur le plan tactique, c'est une arme à deux tranchants, a indiqué Peter Judge, chef de la direction de l'Association canadienne de ski acrobatique. Il y a trop de variables à considérer.»

«On s'aidera mutuellement, c'est certain, mais ça demeure une épreuve individuelle, a pour sa part noté Nissen. Le but premier, c'est de se qualifier soi-même pour la finale. Mais c'est certain que nous pourrons partager de l'information: la vitesse du vent, la condition de la piste, etc..»

Une fois la finale atteinte - 12 places sont disponibles -, ce ne sera pas chose faite pour les Canadiens, qui feront face à une forte opposition. Il faudra notamment retenir le nom du Bélarusse Anton Kushnir, vainqueur de la Coupe du monde en sauts, mais aussi au classement général. Kushnir semble en état de grâce cette saison, ayant remporté quatre épreuves sur six, dont les trois dernières.

Chez les dames, la compétition risque d'être l'affaire des Chinoises: les quatre représentantes de la Chine ont raflé quatre des cinq premiers rangs au classement de la Coupe du monde. Nina Li, gagnante du globe de cristal, est la constance incarnée: bien qu'elle n'effectue que rarement des figures triples, elle réussit tellement bien ses sauts doubles qu'elle a survolé la saison, obtenant cinq podiums dont deux victoires en six épreuves.

Il faudra aussi compter sur l'Australienne Lydia Lassila, quatrième du classement de la Coupe du monde, et sur la Suissesse Evelyne Leu, médaillée d'or à Turin, qui sont toutes deux en grande forme.

Pour Bauer, ce pourrait être difficile de se qualifier: la Torontoise a raté la majeure partie de la saison en raison d'une commotion cérébrale. Elle est de retour sur ses skis et sa participation aux Jeux n'est pas remise en question, mais son absence prolongée pourrait jouer contre elle.