Quand le chat est parti, les souris dansent.

En l'absence de Jennifer Heil, gagnante des quatre dernières courses, les bosseuses américaines s'en sont donné à coeur joie, hier, ravissant les quatre premières places de la Coupe du monde de Lake Placid.

Maintenant troisième au classement de la Coupe du monde, Hannah Kearney (25,13) l'a emporté devant ses compatriotes Shannon Bahrke (24,96), Heather McPhie (24,08) et Michelle Roark (24,05). Dommage qu'il n'y ait eu que deux pelés et un tondu pour assister à ce balayage.

La Montréalaise Chloé Dufour-Lapointe, pratiquement assurée d'une place aux Jeux de Vancouver aux côtés de Heil et de Kristi Richards (9e hier), a été la meilleure Canadienne. Elle a fini cinquième, six rangs devant sa soeur aînée, Maxime.

La skieuse de 18 ans affichait un sourire resplendissant au bas de la piste Wilderness. «À Deer Valley, la semaine dernière, j'avais des papillons inimaginables à cause de la pression de la sélection olympique. Mais ici, je me suis dit: Chloé, tu fais ce que tu peux et le meilleur va arriver. Et c'est ce qui s'est produit: j'ai skié avec le sourire. C'est la meilleure recette!»

Sa coéquipière Audrey Robichaud, qui avait causé la surprise en terminant huitième aux JO de Turin, où elle n'avait que 17 ans, était pas mal moins souriante. Les yeux rougis, elle réprimait plutôt des sanglots: sa 15e place a confirmé qu'elle raterait les Jeux de Vancouver.

«La pression m'a pognée cette semaine, a dit Robichaud. Les deux dernières semaines, à Calgary et Deer Valley, ça avait super bien été. Je n'avais jamais bien skié comme ça. Mais cette semaine, il fallait que je fasse un podium pour me qualifier et la pression m'a prise.»

Robichaud a été victime de l'inclusion du ski-cross au programme olympique. L'ajout de cette discipline a réduit le nombre de bosseurs et de sauteurs que le Canada peut déléguer aux Jeux. Il y en aura seulement 11 ou 12 à Vancouver, par rapport à 14 à Turin, en 2006.

«Sans la réduction du quota, elle aurait eu de très bonnes chances d'aller aux Jeux, a indiqué le chef de la direction de la Fédération canadienne de ski acrobatique, Peter Judge. C'est décevant, mais la beauté de l'affaire, c'est qu'elle n'a que 21 ans. Nous entrevoyons un brillant avenir pour elle, car elle est déjà la meilleure dans les sauts et elle a encore de la marge pour s'améliorer.»

Quant à Heil, déjà rentrée à Montréal, elle a justifié en conférence téléphonique son retrait de la compétition par le fait que le parcours de Lake Placid ne lui permettait pas de travailler sur les aspects techniques qu'elle souhaite améliorer d'ici aux Jeux de Vancouver. «L'avance que je détiens au classement de la Coupe du monde après avoir gagné quatre courses de suite m'a permis de prendre cette décision», a-t-elle dit.