Il y a des quatrièmes places qui valent parfois autant, sinon plus, qu'un podium.

Prenez Alexandre Bilodeau. Après deux chutes à l'entraînement, hier matin, lors de la Coupe du monde de Lake Placid, le bosseur québécois, légèrement blessé à la hanche, au genou et à la cheville, aurait pu ranger ses skis et aller se reposer chez lui en vue des Jeux olympiques de Vancouver.

Mais ce n'est pas vraiment le genre de la maison. Après avoir reçu le feu vert de son équipe médicale, le champion de la Coupe du monde 2009 s'est présenté au sommet de la piste Wilderness et a finalement signé le meilleur résultat canadien de la journée en terminant au pied du podium. «Finir quatrième après une journée comme ça, il ne faut pas se décourager», a dit Bilodeau après la course, disputée devant une foule clairsemée malgré la météo magnifique sur la montagne de Whiteface.

Son pointage de 24,90 l'a laissé derrière trois skieurs qui seront vraisemblablement ses principaux rivaux lors des Jeux de Vancouver: le Français Guilbaut Colas (26,51), l'Australien d'origine canadienne Dale Begg-Smith (25,95) et le Suédois Jesper Bjoernlund (25,44).

«J'ai commis des erreurs avant mon deuxième saut, mais je suis content de ma journée quand même, après une matinée assez difficile. Quinze minutes avant les qualifications, je ne savais pas si je coursais ou non. Ce n'était pas évident. J'ai roulé sur les antidouleurs aujourd'hui.»

Sa qualification olympique étant déjà acquise, personne n'aurait blâmé Bilodeau s'il avait imité son coéquipier Pierre-Alexandre Rousseau. L'ancien champion du monde a déclaré forfait après deux descentes d'entraînement, en matinée, afin de ménager son genou droit, qui l'embête depuis la Coupe du monde de Calgary.

«C'est personnel. Certains, comme P.-A., aiment mieux prévenir. Moi, il faut que j'essaye, a expliqué Bilodeau. Il faut que je sois tout le temps là et que j'essaie à 100%. C'est comme ça que je bâtis ma confiance; on l'a vu aujourd'hui. Il faut que je me batte. Je suis un fighter. Il aurait fallu que le médecin et le physio arrivent avec une vraiment bonne excuse pour que je ne fasse pas la course.

«On ne sait jamais ce qui peut arriver aux Jeux. Je peux tomber sur le dos avant les qualifications ou la finale et avoir très mal. C'est important de vivre des situations comme ça. Je sais maintenant que je suis capable de revenir de l'arrière. Je l'ai dans ma tête et je suis capable de le reproduire.»

Son entraîneur Dominick Gauthier n'a aucun doute qu'à Vancouver, Bilodeau luttera à armes égales avec ses trois grands rivaux. «La piste de Cypress Mountain, beaucoup plus abrupte, n'a rien à voir avec celle de Lake Placid, a-t-il dit. Alex pourra se laisser aller dans le milieu du parcours et vraiment attaquer le saut du bas. Ici, il ne pouvait pas. Il était sur le frein dès l'atterrissage du premier saut.»

Rousseau «out», mais «in»

De son côté, Pierre-Alexandre Rousseau a joué la carte de la prudence en se retirant de la compétition. «J'avais plus à perdre qu'à gagner», a dit l'athlète de 30 ans, qui s'est assuré d'une place aux Jeux, une première pour lui, quand Maxime Gingras est sorti de piste à l'atterrissage de son premier saut, lors des qualifications.

Gingras devrait néanmoins être à Vancouver, complétant avec Vincent Marquis (18e hier) une équipe olympique de bosses masculine entièrement québécoise. «Ça ne m'a pas aidé, mais ça ne me nuit pas non plus (pour la qualification olympique), car j'ai déjà quatre bonnes performances en banque», a dit Gingras, qui a avoué avoir ressenti un peu de fatigue avant cette cinquième Coupe du monde en 13 jours.

Le frère cadet de Marquis, Philippe, a très bien fait, terminant sixième et retranchant une seconde à son temps entre les qualifications et la finale. Les deux autres finalistes canadiens, Cédric Rochon et Warren Tanner, ont fini respectivement 10e et 15e.