L'entraîneur de Denny Morrison et Christine Nesbitt, Marcel Lacroix, insiste beaucoup sur le concept de «performance sur demande». «Vont-ils s'exécuter sous les projecteurs ou vont-ils faire dans leur couche?» demandait-il avec sa verve habituelle quand je l'ai rencontré à Calgary, en novembre.

On verra comment se débrouillera Nesbitt, une des favorites dans le 1000 m féminin, à l'horaire des Jeux jeudi après-midi. Mais Lacroix n'a pas dû aimer la réponse que lui a donnée Morrison, mercredi, à l'Anneau olympique de Richmond, dans la course remportée par l'Américain Shani Davis.

Vice-champion du monde du 1000 m sur cette même piste, l'an dernier, Morrison était l'un des prétendants au podium olympique. Il a finalement terminé au 13e rang, à plusieurs encablures des meneurs, concluant une journée sans éclat pour les patineurs canadiens. À sa dernière course olympique en carrière, Jeremy Wotherspoon a fini 14e, tandis que François-Olivier Roberge et Kyle Parrott ont pris les 20e et 24e places.

«Je suis habituellement un gars qui produit sous pression, mais pas aujourd'hui», a dit Morrison, de Fort St. John, en Colombie-Britannique, Il a avoué n'avoir jamais été aussi déçu et en colère. «C'est frustrant et très décevant. Ça fait quatre ans que je bâtis ma confiance, que je perfectionne ma technique et puis... je ne sais pas.»

Samedi, Morrison avait couru le 5000 m, une épreuve dans laquelle il n'excelle pas, dans l'objectif avoué de chasser la nervosité des Jeux. Son résultat de mercredi laisse penser que ce n'était pas suffisant. Il entend maintenant utiliser sa contre-performance dans le 1000 comme source de motivation pour sa dernière épreuve individuelle, le 1500, samedi. «Je dois revoir ma course et voir où j'en ai perdu. Je l'ai en moi. Je sais que je peux produire. Je ne l'ai juste pas fait ce soir.»

Roberge: adieu, le rêve

Pour sa part, François-Olivier Roberge espérait améliorer sa 16e place des Jeux de Turin et rêvait d'un top 10. Il a dû revoir ses ambitions à la baisse et a fini à près d'une seconde et demie du podium. «Je regarde le classement final et pour faire le top 10, ça aurait vraiment pris quelque chose d'exceptionnel de ma part. Mais j'ai fait une erreur dans le troisième virage et je n'ai pas pris suffisamment de vitesse. J'ai vu tout de suite que ça venait de me coûter cher. J'ai perdu deux ou trois dixièmes là.»

Le patineur de Québec est toujours resté basé au Centre national Gaétan-Boucher, même si ça l'a forcé à vivre dans ses valises toute sa carrière. Il a passé six semaines à Calgary avant les Jeux pour peaufiner son entraînement. «J'ai vu ma progression pendant ces six semaines et je sais ce que ça ferait si je pouvais m'entraîner à l'année dans un anneau couvert. Je sais que mon patin serait meilleur», a-t-il admis.

Réserviste pour la poursuite par équipe, il se gardera en forme d'ici la fin des Jeux, qui seront ses derniers. «2014, c'est trop loin. J'aime m'entraîner, mais je suis un peu tanné des dixièmes et des centièmes. J'aime la gang, j'aime apprendre, mais ce sont des choses que je peux aller chercher ailleurs. Faire encore quatre ans, le sacrifice serait trop gros.»