Le plan qui a permis à Christine Nesbitt de rafler l'or aux Championnats du monde par distance de patinage de vitesse longue piste, au mois de mars l'année dernière, a été inscrit sur quelques feuilles de papier éparpillés ici et là.

Il couvre chacune des foulées de l'épreuve de 1000 mètres qu'elle a remportée sur l'ovale Richmond des Jeux de Vancouver en mars dernier, à l'aide de rappels d'usage.

«Soit à l'aise en position de départ... Assure-toi de réagir au plus tôt au départ... Reste en position accroupie... Pousse fort latéralement... Emprunte la bonne ligne dans les virages...»

«Le plan était beaucoup plus détaillé qu'à l'accoutumée et cela m'a aidé à bien gérer la course, rappelait Nesbitt dernièrement. Le mettre par écrit a réellement accentué les choses que je devais faire.»

Recréer la même bulle de succès aux Jeux de Vancouver est le défi auquel la patineuse âgée de 24 ans sera confronté en février. Même si elle évolue dans les sillons de ses coéquipières vedettes Cindy Klassen et Kristina Groves, Nesbitt, qui est originaire de London, en Ontario, représente un bel espoir de médaille pour le Canada.

«Je sais que répéter l'exercice n'est pas un gage de succès assuré. Je dois redéfinir le plan, dit-elle. Je dois voir à ce que tous les aspects soient couverts parce que je ne veux absolument rien laisser au hasard. Mais d'un autre côté, je ne veux pas trop m'attarder à des détails qui me feraient perdre ma concentration. Je dois trouver l'équilibre.»

Hockeyeuse d'abord

Nesbitt a joué au hockey jusqu'à l'âge de 12 ans avant de bifurquer au patinage de vitesse courte piste, une discipline qu'elle a pratiquée pendant six ans avant de voir sa demande d'inscription à l'Université McGill être refusée. Ses parents lui ont suggéré de tenter sa chance à l'Université de Calgary, où elle a été acceptée et a réorienté sa carrière à la longue piste.

Son étoile ne cesse de briller depuis ce temps.

«Elle a développé une attitude plus compétitive et plus entêtée qu'à l'adolescence, avance son frère aîné Doug Nesbitt. Elle avait cela en elle, à l'enfance.»

Son côté très compétitif et son désir de dépassement ont toujours été des traits prononcés de sa personnalité.

«Cela me joue parfois des tours, admet-elle. Ma concentration en est affectée et je n'obtiens pas le résultat que je devrais parce que je ne centre pas les efforts sur les bonnes choses. C'est bon d'être compétitif, mais vous devez bien doser vos énergies.»

C'est ce que lui a fait comprendre l'entraîneur de l'équipe nationale, Ingrid Paul, qui a commencé à travailler avec Nesbitt la saison dernière. Paul a tôt fait de remarquer la grande force de caractère de Nesbitt. Mais trop souvent, Paul a remarqué que sa protégée subissait l'influence de sa rivale dans l'autre corridor, ce qui la faisait déroger du plan initial tout en affectant inévitablement sa technique.

Rédiger elle-même les éléments techniques sur lesquels elle doit mettre l'accent lui a permis de corriger la lacune, à la grande satisfaction de l'entraîneur Paul, qui peut centrer les efforts sur d'autres aspects, comme les fins de course.

«Les athlètes qui vont gagner sur l'ovale Richmond sont ceux qui seront les plus rapides dans les derniers mètres», soutient Paul.

Depuis sa réussite aux Mondiaux, Nesbitt doit composer avec des attentes plus élevées de la part de son entourage qui la voit monter sur le podium aux JO. Elle s'efforce de faire fi de cette pression additionnelle, à l'approche des cérémonies d'ouverture.

«Je n'estime pas être une favorite uniquement parce que j'ai gagné aux Championnats du monde, argue-t-elle. Cela ne veut rien dire, je dois travailler très fort et faire mes preuves de nouveau. Quant à l'attention médiatique, des coéquipières dans l'équipe en ont davantage que moi et c'est très bien comme cela.

«Je suis flattée qu'on me connaisse, mais je ne tiens pas à me retrouver sous les feux de la rampe. Je veux simplement qu'on m'apprécie pour ce que j'accomplis.»