C'était sa dernière performance des Jeux olympiques, celle qui ne comptait pas, mais sans doute le moment le plus important pour la Québécoise Joannie Rochette depuis le décès de sa mère peu après son arrivée aux Jeux olympiques de Vancouver.

C'est sur l'air triste et touchant de la chanson Vole, écrite pour la nièce de Céline Dion qui a succombé à la fibrose kystique, que l'athlète de 24 ans a pris part au gala des vainqueurs du patinage artistique, samedi soir, au Pacific Coliseum. Vêtue d'un costume mauve en velours avec des pierres, les grandes boucles dans les cheveux partiellement attachés, Joannie Rochette avait l'air d'un ange.

«J'avais préparé ma prestation d'exhibition au cas où je devais en faire partie, mais j'ai décidé de changer de musique», a raconté Rochette la veille en conférence de presse.

Il s'agissait pour la médaillée de bronze de l'Ile-Dupas, dans Lanaudière, de sa façon à elle de dire adieu à sa mère, Thérèse, qui adorait la musique de Céline Dion. Mme Rochette est décédée subitement dimanche dernier, quelques heures après avoir mis les pieds à Vancouver avec son mari Normand pour encourager leur fille unique à sa deuxième participation olympique.

Joannie Rochette devait à l'origine patiner sur la chanson Die Another Day de Madonna, mais le triste sort du destin a fait en sorte que ce choix n'était tout simplement plus approprié.

«J'ai décidé de changer de musique, avant même que j'apprenne que Céline m'avait envoyé des fleurs. Ma mère adorait Céline Dion Elle l'imitait et elle essayait de chanter comme elle. Même si elle ne chantait pas très bien, c'est un souvenir que j'ai de ma mère. Elle chantait tout le temps.»

Le gala des champions s'est ouvert sur les airs de l'hymne national, d'abord sur une belle version lente de musique d'orchestre, puis sur une autre version, cette fois chantée par Marc Ferland.

Les spectateurs ont eu droit à une soirée émouvante, les lumières tamisées laissant aussi une teinte rosée sur la glace. Quant aux patineurs, ils se faisaient visiblement plaisir sur des chansons qu'ils apprécient, laissant pratiquement de côté les classiques habituels du patinage artistique. Ils avaient aussi le visage moins crispé en l'absence des juges.

Ainsi, les spectateurs ont pu voir les champions en danse, les Canadiens Tessa Virtue et Scott Moir se présenter sur la glace en hockeyeur d'Équipe Canada et en ballerine, un numéro qu'ils ont déjà interprété sur la musique techno Everybody Dance Now. Ce numéro a d'ailleurs permis à Moir, un rigolo de nature, de lâcher son fou.

Le Russe Evgeni Plushenko, médaillé d'argent chez les hommes, a livré une prestation très intense sur la chanson Je suis malade et le champion Evan Lysacek (É-U) sur Rapsody in Blue de Gershwin. La performance du Suisse Stéphane Lambiel (4e), vers la fin, sur la chanson de Jacques Brel Ne me quitte pas a fait de ce gala l'événement où on probablement entendu le plus de français lors des XXI Jeux olympiques d'hiver, une langue officielle de l'olympisme.

La championne olympique chez les dames, la Sud-Coréenne Kim Yu-Na, a aussi été très gracieuse, récoltant une fois de plus les toutous sur la glace, ce qui est plutôt inusité pour un gala d'exhibition. Les champions en couple qui l'ont suivi, les Chinois Shen Xue et Zhao Hongbo ont livré une performance magistrale, la plus impressionnante de la soirée, sur une musique romantique de Boccelli.

En plus des champions olympiques, il y avait aussi quelques favoris de la foule, dont le Torontois Patrick Chan, qui a patiné sur le célèbre Yesterday des Beatles interprété par le chanteur de balades Michael Bolton.

Il y a eu également quelques figures de patinage de quatre jeunes filles absolument adorables, dont une fillette d'environ 5 ans, et d'un garçon peut-être deux fois son âge qui avait un sens incroyable du spectacle. Bref, quelques numéros entre ceux des vedettes olympiques pour montrer le développement d'un champion dès les premiers pas d'un enfant sur la glace. Le tout accompagné de patineurs qui ont formé les anneaux olympiques sur la glace.

Un spectacle de deux heures et demi qui a tout simplement ravi les spectateurs.

Photo: Reuters

Tessa Virtue et Scott Moir