Que feriez-vous si on vous offrait de rencontrer les deux reporters québécois qui vous ont dénigré?

Je m'assoirais avec eux, on mangerait une poutine. Plus tard, Johnny Weir dira qu'il a des amis à Montréal, ceci expliquant la poutine. Leur demanderiez-vous des excuses?

Non! Ce n'est pas mon style!

Son style? Adorable, son style. Même si ce n'est pas le même que le mien, je l'aurais volontiers embrassé, ce garçon, pour sa fraîcheur, son humour, sa délicatesse. Il était venu pour répondre aux bêtises des deux présentateurs de V-RDS, il l'a fait avec élégance, sans appuyer, il a d'abord précisé qu'il comprenait suffisamment le français pour avoir bien saisi les propos de Goldberg et Mailhot, j'ai bien compris qu'ils ne critiquaient pas ma routine, mon patinage, mais ma personne, ce que je suis. C'est pourquoi je suis ici aujourd'hui.

Il est arrivé dans le petit amphithéâtre du centre de presse des médias non accrédités avec une étole de fourrure autour du cou, astrakan, chinchilla va savoir, quand je vous disais l'autre jour que ce garçon a du guts, c'est exactement ce que je voulais dire. Plus tard, il dira: vous savez, ce n'est pas la première fois que j'entends des choses comme celles qu'ont dites les deux commentateurs du Québec, j'ai l'habitude, quand on s'habille librement comme j'aime le faire, on s'attire souvent ce genre de commentaires...

Pourquoi cette conférence de presse alors?

Il n'a pas aimé se faire traiter de mauvais exemple... Je souhaite à tous les enfants d'être élevés comme je l'ai été, de recevoir autant d'amour que j'en ai reçu. surtout, je souhaite à tous les enfants de pouvoir devenir ce qu'ils sont, de s'épanouir pleinement.

Il est revenu deux fois sur l'importance de devenir ce qu'on est. Laissant entendre que c'était aussi affaire de génération, que la vie était plus facile aujourd'hui pour des garçons comme lui qu'autrefois.

Le reste fut léger et pétillant, il a parlé de sa manie du ménage, toute l'Amérique sait, semble-t-il, qu'il a une relation toute particulière avec son aspirateur. Il a répété qu'il n'attendait pas d'excuses, qu'il était trop pour la liberté de parole pour ce genre d'ultimatum, il a adoré Vancouver, il y est encore parce que son entraîneur y est aussi pour d'autres patineurs, il sera au championnat du monde à Turin à la fin du mois prochain... et puisqu'on revenait au patinage, que pensez-vous, M. Johnny Weir, de la définition de la masculinité sur patins, selon Evgeni Plushenko, le grand Evgeni Plushenko, seulement médaille d'argent ici, qui a dit qu'un patineur qui gagnait la médaille d'or sans quad, c'est rien qu'une moumoune? Trouvez pas que ça va dans le même sens que les propos des deux reporters du Québec?

Le gentil Johnny était soudain moins à l'aise... Je croyais aussi qu'il avait dit ça, mais je me suis entraîné l'autre jour avec lui, je lui ai posé la question, c'est pas ce qu'il a dit, il a dit que l'avenir du patinage passait par des quads...

Je disais donc que ce garçon avait du guts. Ce qui ne l'empêche pas d'être aussi, à l'occasion, une petite pute. Comme vous et moi d'ailleurs.