Ça allait tellement bien. Puis, oups, Cynthia Phaneuf est tombée sur les fesses. La patineuse a retenu son souffle. La foule du Pacific Coliseum aussi.

Malgré une bête erreur sur sa séquence de pas, Phaneuf a savouré au maximum sa toute première expérience olympique, hier soir, lors du programme court des Jeux de Vancouver.

«C'est encore mieux que je pensais. C'était plus beau, c'était plus grandiose, c'était vraiment magique», a raconté Phaneuf après sa performance.

Sa faute, elle ne pouvait l'expliquer: «C'est comme se coincer le doigt dans une porte. Ça arrive une fois par année. C'est arrivé là.»

En faisant une chute, Phaneuf s'est tout de suite demandé combien elle perdrait de points.

La pénalité a finalement été de quatre points. Au total, elle a obtenu 57,16 points, son meilleur pointage à vie sur la scène internationale. Ce fut sa seule déception de la soirée. Aux Championnats canadiens de London, le mois dernier, elle avait réussi une routine presque parfaite qui lui avait valu 66 points. Elle croyait se rapprocher davantage de ce pointage.

«Je suis un peu surprise, a-t-elle admis. Les deux programmes se ressemblaient. J'ai quand même réussi un programme assez solide du début à la fin. Je suis super contente d'avoir réussi deux programmes "propres" de suite.»

Phaneuf a en effet réussi tous ses sauts. Le double axel a été solide, le triple boucle piqué aussi. Seule sa combinaison triple lutz-double boucle piqué a été entachée par un léger déséquilibre à la réception du deuxième saut.

Phaneuf occupe le 14e rang après le programme court. Son objectif de s'insérer parmi les 10 premières est encore tout à fait réalisable.

Aux Championnats du monde de 2009, à Los Angeles, Phaneuf s'était classée 15e. Elle revenait de loin. Après un titre national précoce à l'âge de 15 ans, en 2004, elle a subi une fracture à un pied l'année suivante. Elle a raté les Jeux olympiques de Turin. Elle est revenue après une année complète d'absence. Elle avait grandi, son corps avait changé. L'athlète de Contrecoeur a dû réapprendre la mécanique de tous ses sauts.

La remontée a été longue, très longue. Les échecs ont été fréquents et cuisants. À un certain moment, Phaneuf disait à son entraîneuse Annie Barabé: «C'est donc bien poche, le patin, quand ça va mal.» Elle en faisait presque pitié.

Hier soir, elle avait visiblement surmonté ses vieux démons. Son grand sourire à la fin de son épreuve en était un vibrant témoignage.

Phaneuf a connu une véritable renaissance aux Championnats canadiens de London. L'athlète de 22 ans s'est qualifiée pour ses premiers Jeux en prenant le deuxième rang derrière Joannie Rochette.

Interrogée à ce sujet hier soir, Phaneuf a admis avoir été ébranlée par le drame qui frappe sa coéquipière, dont la mère est morte subitement dimanche peu après son arrivée à Vancouver.

Compatissante, Phaneuf n'a quand même pas eu le choix de faire le vide: «Il faut juste ne pas y penser, je crois. C'est plate, mais il faut essayer de se sortir ça de la tête, vraiment se concentrer sur le travail qu'on a à faire. Parce qu'on a déjà beaucoup de pression. Même si c'est de la bonne pression, on doit faire avec. Il faut vraiment essayer de mettre les distractions de côté.»