La note parfaite de 6,0 n'existe plus et sera remplacée par une grille d'évaluation complexe qui pourrait être incompréhensible pour certains amateurs de patinage artistique.

Le scandale impliquant le couple canadien Jamie Sale et David Pelletier aux Jeux olympiques de Salt Lake City en 2002 a cristallisé le mouvement qui militait pour une réforme en profondeur du système d'évaluation des performances en patinage artistique.

Mais le nouveau système, informatisé et beaucoup plus détaillé, mis en place en 2004 dans l'espoir d'éliminer la partisannerie qui a longtemps gangréné la discipline, nécessite quasiment un statisticien pour le déchiffrer.

La principale chose à se rappeler en vertu des nouvelles règles, c'est qu'absolument tout - des sauts aux vrilles en passant par les séquences artistiques - n'a de valeur prédéterminée.

Les notes seront ajoutées ou déduites en fonction de l'exécution d'une manoeuvre.

Un triple Axel par exemple. Les trois rotations et demie ont une valeur plancher de 8,2 points. Les juges décideront ensuite de la qualité de la manoeuvre, décernant un niveau d'exécution compris entre +3 et -3, qui prend tout en compte, de l'amplitude à la vitesse, en passant par la difficulté des pas menant au saut.

Il existe aussi un autre volet - «les composantes du programme» - qui remplace les anciennes notes de «présentation». Les cinq composantes évaluées sont les habiletés de patinage, la transition, la performance/exécution, la chorégraphie/composition et l'interprétation, et seront comprises entre un et 10 points.

«Les éléments techniques eux-mêmes ne seront peut-être pas les plus difficiles, mais c'est ce qui sera exigé entre eux qui le sera, a expliqué Norm Proft, directeur des programmes d'évaluation pour Patinage Canada. Ce sont des athlètes, ils sont en forme.»

Tessa Virtue et Scott Moir ont mérité la première note parfaite de 10 en danse à la compétition internationale Skate Canada HomeSense, en décembre dernier.

Jusqu'aux Jeux de Salt Lake en 2002, les résultats étaient comptabilisés à l'aide d'une plume et d'une feuille de papier. Les résultats seront désormais informatisés et les juges pourront exploiter la reprise vidéo afin de revoir des éléments controversés d'une performance avant de remettre leur score final.

Un panel technique de trois personnes veillera à l'identification de chaque élément, et neuf juges évalueront ensuite la qualité de ceux-ci. Seuls cinq résultats seront toutefois pris en compte - deux juges seront exclus de manière aléatoire selon un tirage informatisé, et les meilleur et pire résultats de chaque élément d'évaluation seront éliminés.

Chaque programme aura un nombre spécifique de sauts, de vrilles, de séquences de pas et de levées (en danse en couple). Si un patineur réalise un saut supplémentaire, il obtiendra la note 0, empêchant ainsi les patineurs de mettre l'emphase sur certains aspects techniques.

Le nouveau système d'évaluation a reçu de bons commentaires des amateurs et des athlètes parce qu'il encourage le développement de patineurs complets. Les jours des combinaisons patin-patin-patin-saut, patin-patin-patin-vrille sont bel et bien révolus, puisque chaque aspect d'un programme technique sera désormais évalué de manière informatisée.