Malgré la mort tragique du jeune Géorgien Nodar Kumaritashvili, les lugeurs acceptent mal la décision de la Fédération internationale de luge (FIL) d'abaisser le départ des hommes.

Dans le but de «rassurer» les athlètes, la Fédération a décidé de faire partir les hommes de la position de départ des femmes, située trois virages plus bas.

Après avoir disputé les deux dernières manches d'entraînement, samedi matin, au Centre de glisse de Whistler, des lugeurs ont exprimé leur déception.

«Je préfère le départ des hommes, c'est plus amusant, a indiqué le Canadien Ian Crockerline à l'issue de cette séance d'entraînement fort courue par les représentants des médias. Les deux premières manches de l'épreuve officielle seront présentées à partir de 17h, heure locale (20h HNE).

«J'aurais aimé donné une belle vitrine à cette piste et montrer à quel point on peut aller vite, a ajouté Crockerline. Je suis fier de cette piste. Je ne l'ai pas bâtie, mais c'est devenu ma piste. Je veux qu'on la voie.»

Auteur d'une pointe de vitesse record de 154 kilomètres/heure plus tôt cette semaine, l'Autrichien Manuel Pfister a estimé que la piste était maintenant «beaucoup, beaucoup plus facile». «Ce n'est pas la même vitesse, a-t-il dit, un peu dépité. Du départ au virage 11, il n'y a pas de vitesse.»

Wolfgang Staudinger, entraîneur-chef de l'équipe canadienne, a indiqué que ses trois lugeurs auraient souhaité partir du sommet. «J'ai parlé à l'équipe allemande et ils ont dit qu'ils étaient prêts à partir du sommet à tout moment, a-t-il dit. Tous les athlètes sont prêts à s'élancer du sommet. On doit accepter la décision du jury, mais je ne peux pas totalement comprendre pourquoi ils ont agi ainsi.»

Staudinger a déploré que les dirigeants de la FIL n'aient pas consulté les entraîneurs avant de rendre leur décision: «Je ne crois pas que les officiels connaissent les émotions des athlètes parce qu'ils ne les voient pas sur une base quotidienne. En tant que coachs, c'est nous qui traitons avec les athlètes.»

Tous les lugeurs arboraient un collant noir sur leur casque à la mémoire de Kumaritashvili, décédé après une spectaculaire chute à la sortie de l'ultime virage numéro 16, qui a été légèrement modifié et mieux protégé.

«Ce fut une descente difficile, a reconnu le Canadien Samuel Edney. Personnellement, j'ai vraiment senti que je descendais avec Nodar aujourd'hui. Il était dans mes pensées et mon coeur. C'est un choc immense.»

«Il y avait de la tristesse dans la cabane de départ, a ajouté l'Albertain Crockerline. Tout le monde est dévasté par la perte. On essaie simplement de faire le mieux qu'on peut avec ce qui reste des Jeux olympiques.»

Seul autre Géorgien inscrit à la compétition de luge en simple, Levan Gureshidze n'a pas pris le départ de cet entraînement.

La décision de la Fédération de modifier la position de départ vient considérablement modifier la donne de la compétition. Les lugeurs canadiens prétendent qu'ils seront particulièrement pénalisés.

«Le départ est beaucoup plus plat, a souligné le Canadien Jeff Gibson. Si tu es plus pesant et que tu n'as pas un bon départ, ça te pénalise vraiment sur cette piste. Mais ils ont pris cette décision et notre travail est de descendre sur cette piste.»

Staudinger estime que les Allemands seront particulièrement favorisés par ce départ moins incliné.

«On n'est pas les plus rapides au départ et l'avantage est clairement de leur côté», a-t-il indiqué. L'entraîneur prévoit une course avec des écarts beaucoup plus serrés que prévu. «Tout est possible : tu pourrais finir 15e en ne sachant que ce tu as fait de mal ou finir dans les trois premiers et être le gars chanceux qui finit avec une avance d'un centième parce qu'un gars a levé le dessus de son pied pendant la descente.

Quand aux accusations à l'effet que le Canada a trop restreint l'accès à la piste avant les Jeux, Staudinger les a balayées du revers de la main. «C'est facile à dire après coup, a-t-il dit. On a suivi les règles internationales et on a offert suffisamment d'entraînements. On est même allés au-delà de la limite en offrant plus d'entraînement systématique et de descentes que ce à quoi on était tenus.»