Les joueuses des équipes de hockey féminin du Canada et des Etats-Unis ont amorcé le compte à rebours vers un duel olympique attendu depuis huit ans, soit depuis que les Canadiennes ont remporté leur première médaille d'or aux Jeux de Salt Lake City en 2002, une médaille qu'elles ont défendue avec succès quatre ans plus tard à Turin.

Les amateurs peuvent donc s'attendre à un match très intense, jeudi soir à la Place Hockey du Canada, voire le seul de ce calibre depuis le début du tournoi de hockey féminin des Jeux de Vancouver.

Sur le chemin menant vers la conquête de la médaille d'or, les deux équipes ne se sont pas gênées pour prouver leur domination et écraser toutes leurs adversaires.

«Les Américaines attendent ce moment depuis huit ans parce qu'elles n'ont pas atteint la finale aux Jeux d'hiver de 2006, à Turin», a rappelé l'ancienne entraîneure-en-chef d'Equipe Canada, Danièle Sauvageau, qui aujourd'hui conseille les entraîneurs aux Jeux de Vancouver.

Une contre-performance que Sauvageau attribue d'ailleurs à une réduction du financement dans cette discipline par le gouvernement américain, une erreur qui n'a pas été répétée.

Pour Sauvageau, le gouvernement canadien devrait en tirer des leçons avant de songer d'annoncer des compressions dans le programme A nous le podium lors du dépôt du budget fédéral le 4 mars prochain, comme le laissent entendre certaines rumeurs. Selon elle, une réduction du financement dans la préparation olympique des athlètes aurait des incidences directes sur les résultats aux Jeux de Londres et de Sotchi.

«Au Canada, je pense qu'on doit continuer à investir dans le processus, sinon ce serait comme si l'on arrêtait de bâtir une maison une fois que les fondations ont été coulées, sans compléter le reste de la structure. Arrêter à ce point-ci serait l'équivalent d'investir sans finir le travail.»

Des propos qu'a repris par la chef de mission Nathalie Lambert, qui se trouvait à ses côtés mercredi lors de la conférence de presse quotidienne du Comité olympique canadien (COC).

«On espère qu'il n'y aura pas de compressions et que le financement va rester intact. Il y a des choses qui fonctionnent dans ce programme. On a déjà six médailles d'or. Ce serait plus logique de transformer cet enthousiasme en programmes qui vont inspirer les jeunes à bouger et faire du sport pour la santé, pour le plaisir, pour la valorisation personnelle et tout ce qui vient de positif avec la pratique du sport.»

Danièle Sauvageau conseille même aux politiciens de se montrer visionnaires dans le développement du sport d'élite, en particulier dans le développement du hockey féminin, voire de devenir un point de référence.

«Il est évident que le hockey féminin se développe plus rapidement au Canada et aux Etats-Unis qu'ailleurs dans le monde. Alors, je crois que nous en sommes au point où les deux pays doivent prendre le leadership pour développer ce sport. Il faudrait attirer les meilleures joueuses de quatre ou cinq autres pays, comme la Russie et la Suède, afin qu'elles perfectionnent leur jeu et transmettent ces connaissances à leurs compatriotes dans leur pays. Vous ferez donc exactement ce que les hommes ont fait il y a 30 ans, c'est-à-dire développer le hockey ailleurs.»

Sauvageau, qui était derrière le banc de l'équipe canadienne à Salt Lake City, se dit d'ailleurs très heureuse de voir tous les progrès accomplis depuis huit ans.

«Non seulement les joueuses ont des gymnases à leur disposition, mais aussi des spécialistes tels des entraîneurs-mentors, des nutritionnistes et des psychologues sportifs, en plus des entraîneurs qui entourent les athlètes. Il y a huit ans, on n'avait pas ces privilèges.»

Rappelons que l'actuelle entraîneure-en-chef d'Equipe Canada, Melody Davidson, a décidé de soumettre son équipe à près d'une soixantaine de matchs sur la route cette saison afin de préparer ses joueuses à cette finale.

«On a amené l'équipe jusqu'ici, maintenant le plan pour les 24 prochaines heures est probablement établi à la minute près», souligne Sauvageau.

«Chaque joueuse connaît son rôle, et chacune est prête physiquement, mentalement et comme équipe. Alors maintenant c'est de vivre pleinement chaque minute, d'avoir le sourire au visage et de dire mission accomplie.»