Quatre ans jour pour jour après le revers consternant de 2-0 encaissé aux mains de la Suisse aux JO de Turin, le Canada a évité la catastrophe jeudi.

De peu.

Car après avoir laissé filer une avance de 2-0, le Canada, avec son équipe dont la masse salariale s'élève à 120 millions $, a eu besoin d'un but de Sidney Crosby et de quatre arrêts de Martin Brodeur en quatre tirs de barrage pour venir à bout de la Suisse 3-2.

«Comme tous les Canadiens j'ai suivi cette partie il y a quatre ans et je suis très heureux que nous soyons sortis gagnants ce soir», a indiqué Sidney Crosby qui a eu besoin de deux tentatives en fusillade pour venir à bout de la vedette de la soirée, le gardien Jonas Hiller.

Sensationnel du début à la fin de la rencontre, Hiller, des Ducks d'Anaheim, a stoppé 45 des 47 tirs du Canada en temps réglementaire et en prolongation.

Il a ajouté des arrêts contre Crosby, Jonathan Toews et Ryan Getzlaf en fusillade avant de céder sur un tir précis de Crosby qui l'a déjoué sur le côté du bouclier.

«Je suis très heureux d'avoir eu la chance de me reprendre, mais n'eut été des trois arrêts de Martin (Brodeur) je n'aurais pu profiter de cette deuxième occasion. Tout le crédit lui revient», a indiqué Crosby.

Souvenirs malheureux

Victime de la défaite historique d'il y a quatre ans, Martin Brodeur a reconnu que des souvenirs malheureux se sont mis à le hanter au cours de la rencontre.

«J'ai reçu 27 tirs, dont trois seulement en troisième période, alors j'ai eu le temps d'y penser un peu. Je n'en revenais pas. Je voyais Hiller effectuer des arrêts et je ne pouvais que dire : wow! Hiller répétait l'exploit (52 arrêts) de Martin Gerber. Je suis donc très soulagé d'avoir gagné», a reconnu le gardien originaire de Montréal.

Solide en dépit des deux buts accordés, Martin Brodeur a convenu que la fusillade n'était pas évidente.

«Dans la LNH, j'ai des notes, des souvenirs sur les gars que j'affronte. Ce soir, je crois qu'il n'y avait qu'un gars de l'autre côté dont j'étais capable de prononcer le nom. Mais on s'en est bien sorti. C'est ce qui compte. Je sais que les gens s'attendaient à une partie plus facile. Mais à quelque part, c'est peut-être bien d'avoir disputé un match plus serré. Ça nous servira plus tard dans le tournoi», a conclu le gardien des Devils.

Attaque à cinq timide

L'entraîneur-chef du Canada, Mike Babcock, s'attendait à un match difficile. Les Suisses, avec leur échec-avant soutenu et leur rapidité sur la patinoire, lui ont donné raison.

Cela dit, Hiller et ses coéquipiers ont dû écouler trois pénalités au cours de la seule première période, ce qu'il leur a permis de demeurer dans le match.

Déjà puni au premier tiers, Yannick Weber a récidivé dès le début du deuxième tiers.

Vilaine idée!

Car cette fois le Canada a su en profiter.

Dany Heatley, qui avait marqué le premier du Canada, a reçu un tir de Shea Weber en plein ventre. Une fois amortie, la rondelle s'est retrouvée sur la lame du bâton de Patrick Marleau qui ne pouvait rater pareille occasion.

C'était alors 2-0 et Weber a ensuite été cloué au banc.

Mais à force de travail, les Suisses ont fini par marquer.

Ivo Rutherman a déjoué le gardien québécois avec un tir frappé aussi puissant que précis. La rondelle que Brodeur n'a pu capter a frappé le poteau avant de ricocher dans le filet.

Puis, avec 10 secondes à écouler au deuxième tiers, on s'est retrouvé avec un nouveau match sur les bras.

Chris Pronger, frustré d'avoir été renversé par le petit Andres Ambuhl, l'a suivi dans le coin de la patinoire pour lui asséner un double échec. Son geste a entraîné une pénalité à retardement.

Pendant la séquence qui a suivi, Patrick Marleau a fait dévier avec son patin, une rondelle que Patrick von Gunten n'avait que tiré vers le filet.

En troisième, le Canada a multiplié les bonnes occasions de marquer. Mais Hiller et ses compatriotes se sont dressés pour forcer la prolongation et la fusillade dont le dénouement a soulevé la frénésie dans les gradins de la Place du hockey.