Une chance que Jean-Philippe Le Guellec est un bon gars. Victime d'une malheureuse erreur d'un préposé au départ, le biathlète québécois a disputé la poursuite olympique dans la confusion, mardi, à Whistler.

Le Guellec a franchi la ligne d'arrivée au cinquième rang, mais un ajustement de temps l'a relégué à la 11e place. Sans qu'on ne sache pourquoi, l'officiel au départ l'a fait partir 30 secondes trop tôt.

Bon joueur, Le Guellec a préféré se faire philosophe peu après la fin de l'épreuve de 12,5 kilomètres. «Je ne peux pas être fâché. C'est fait, c'est fait, c'est hors de mon contrôle», a-t-il déclaré, prenant même sa part du blâme: «C'est en partie ma faute, en partie sa faute aussi. C'est juste malheureux. C'est tout.»

En vertu de sa belle sixième place de dimanche dernier au sprint, Le Guellec devait être le sixième à s'élancer à la poursuite, 50 secondes après le leader, le Français Vincent Jay. Bien réchauffés par l'animateur, les milliers de spectateurs attendaient impatiemment le seul Canadien inscrit.

Pour éviter de se laisser emporter par l'euphorie du moment, Le Guellec a pris une grande inspiration et a fermé les yeux. En les ouvrant, le préposé lui a dit: «Go!» Un peu surpris, l'athlète de Québec ne s'est pas posé de question et a obtempéré... avant de s'apercevoir que l'Ukrainien classé cinquième n'avait pas bougé. La foule ne s'est jamais rendu compte qu'il venait de passer.

Advienne que pourra, il n'a pas eu le choix de plonger. «Au pire, j'étais disqualifié, sinon il y aurait ajustement de temps, a-t-il dit. Je me suis dit peu importe, fais ta course et amuse-toi. C'est ce que j'ai fait.»

Le Guellec a rapidement collé au petit groupe de tête, sortant même deuxième après un premier pas de tir couché parfait. Mais quelque chose clochait. À mi-course, un astérisque est apparu à côté de son nom sur le tableau indicateur. Idem pour l'Américain Jeremy Teela, lui aussi victime d'une erreur au départ. Leurs chronos et leurs rangs réels ont alors commencé à être affichés.

Le Guellec a tiré le meilleur parti de cette situation incongrue, en skiant avec les cracks de la discipline, comme le Norvégien Emil Hegle Svendsen, deuxième au classement de la Coupe du monde. Pour les deux tirs en position debout, il s'est retrouvé à côté du légendaire Norvégien Ole Einar Bjoerndalen, neuf fois médaillé aux Jeux olympiques, qui effectuait une remontée.

«C'est plaisant de pouvoir s'accrocher à des bêtes comme ça», a-t-il souligné.

Avec 18 cibles réussies sur 20, Le Guellec a connu une excellente journée au pas de tir. L'athlète de 24 ans était cependant un moins véloce sur ses skis qu'il y a deux jours, enregistrant le 32e temps sur 60 partants. L'erreur n'a donc pas tellement influencé son classement.

N'empêche, l'entraîneur Jean Paquet n'était pas très heureux à l'issue de la course remportée par le Suédois Bjorn Ferry, parti huitième.

«C'est une course faussée du début à la fin, a dit l'entraîneur. Je n'en reviens pas que ça puisse arriver aux Jeux olympiques. C'est une erreur d'amateur.»

Devant les journalistes, Le Guellec a pris la défense des «bénévoles» canadiens, peu expérimentés et peut-être emportés par l'excitation des Jeux olympiques. Or après vérification, il appert que le préposé en cause n'était pas canadien et qu'il était un représentant officiel de la Fédération internationale de biathlon (IBU).

Paquet était d'autant plus fâché qu'une erreur semblable s'était produite en matinée lors de la poursuite féminine. Trois partantes ont été retenues trop longtemps, dont la Suédoise Anna Carin Olofsson-Zidek, partie 14 secondes trop tard. L'ajustement du chrono l'a fait passer de la cinquième à la quatrième place. L'équipe suédoise a logé un protêt pour ensuite le retirer, jugeant qu'Olofsson-Zidek n'aurait pas été en mesure de batailler pour une médaille.

Un représentant de l'IBU a subtilement rejeté une partie du blâme sur les Canadiens, insinuant que la fédération avait dû prendre la direction de la compétition un peu tardivement. «S'ils prennent les commandes, ils devraient savoir ce qu'ils font», a répliqué Geret Coyne, entraîneur-chef de l'équipe canadienne.

L'Allemand Norbert Baier, délégué technique de l'IBU, ne s'est pas défilé. «Le jour le plus noir de ma carrière», a résumé celui qui est emploi de l'IBU depuis 1998. Heureusement pour lui, ce n'est pas Le Guellec qui va l'accabler davantage.

* * *

Le classement final:

1. Bjorn Ferry (SWE) 33:38.4 (1)

2. Christoph Sumann (AUT) à 16.5 (2)

3. Vincent Jay (FRA) 28.2 (2)

4. Simon Eder (AUT) 31.0 (3)

5. Michael Greis (GER) 51.2 (1)

6. Ivan Tcherezov (RUS) 51.2 (2)

7. Ole Einar Bjoerndalen (NOR) 51.4 (2)

8. Emil Hegle Svendsen (NOR) 52.0 (4)

9. Klemen Bauer (SLO) 55.4 (5)

10. Serguei Sednev (UKR) 1:11.6 (0)

11. Jean Philippe Leguellec (CAN) 1:13.5 (2)

12. Thomas Frei (SUI) 1:18.0 (1)

13. Andreas Birnbacher (GER) 1:25.0 (2)

14. Dominik Landertinger (AUT) 1:28.3 (3)

15. Evgeny Ustyugov (RUS) 1:29.0 (4)

16. Pavol Hurajt (SVK) 1:34.4 (3)

17. Halvard Hanevold (NOR) 1:34.7 (2)

18. Tomasz Sikora (POL) 1:35.9 (3)

19. Carl Johan Bergman (SWE) 1:36.2 (1)

20. Anton Shipulin (RUS) 1:56.0 (3)

21. Sergey Novikov (BLR) 1:56.8 (2)

22. Vincent Defrasne (FRA) 1:57.2 (0)

23. Lars Berger (NOR) 1:58.8 (2)

24. Jeremy Teela (USA) 2:07.0 (4)

25. Jakov Fak (CRO) 2:07.2 (4)

26. Andriy Deryzemlya (UKR) 2:10.3 (6)

27. Yan Savitskiy (KAZ) 2:11.2 (1)

28. Matthias Simmen (SUI) 2:16.6 (3)

29. Michal Slesingr (CZE) 2:20.4 (3)

30. Christoph Stephan (GER) 2:23.9 (4)

31. Alexandr Syman (BLR) 2:35.5 (2)

32. Ilmars Bricis (LAT) 2:36.5 (4)

33. Fredrik Lindstrom (SWE) 2:47.1 (4)

34. Martin Fourcade (FRA) 2:50.0 (5)

35. Chengye Zhang (CHN) 2:50.3 (5)

36. Lowell Bailey (USA) 2:55.6 (3)

37. Arnd Peiffer (GER) 3:06.5 (4)

38. Zdenek Vitek (CZE) 3:06.7 (5)

39. Serhiy Semenov (UKR) 3:17.3 (4)

40. Evgeny Abramenko (BLR) 3:17.6 (1)

41. Daniel Mesotitsch (AUT) 3:17.6 (4)

42. Rustam Valiullin (BLR) 3:27.1 (5)

43. Simon Hallenbarter (SUI) 3:29.5 (6)

44. Michail Kletcherov (BUL) 3:29.7 (0)

45. Krasimir Anev (BUL) 3:45.8 (3)

46. Tim Burke (USA) 3:48.4 (5)

47. Janez Maric (SLO) 3:50.0 (5)

48. Indrek Tobreluts (EST) 3:50.6 (5)

49. Alexsandr Chervyhkov (KAZ) 3:52.1 (3)

50. Kauri Koiv (EST) 4:07.1 (4)

51. Jaroslav Soukup (CZE) 4:26.5 (4)

52. Timo Antila (FIN) 4:43.7 (6)

53. Markus Windisch (ITA) 6:12.4 (6)

54. Lukas Hofer (ITA) 6:12.5 (5)

55. Mattia Cola (ITA) 6:12.5 (4)

56. Steve Jackson (GBR) 6:16.3 (4)

57. Jay Hakkinen (USA) 6:54.8 (6)

58. Andrejs Rastorgujevs (LAT) 7:57.5 (9)

59. Vasja Rupnik (SLO) 8:20.8 (11)