L'image de l'inukshuk me vient immédiatement en tête quand je repense à ces Jeux. Vous savez, cet empilement de pierres à forme humaine que les Inuits érigent comme points de repère dans la toundra du Nord canadien -et que les Jeux de Vancouver ont adopté comme logo officiel.

Le chef de mission adjoint du Canada, Joé Juneau, travaille avec les Inuits du Nunavik. Lorsqu'il s'est adressé aux athlètes du pays à leur pep rallye juste avant la cérémonie d'ouverture, il y a 18 jours, il a puisé dans son expérience du Grand Nord. «Pour les Canadiens, vous êtes des inukshuks», leur a-t-il dit.

Clara Hughes a raconté l'anecdote l'autre jour, après avoir gagné la médaille de bronze dans le 5000 m. Pour moi, c'est la métaphore parfaite des Jeux qui se sont achevés hier à Vancouver.

Pendant 16 jours, les athlètes canadiens n'ont pas seulement fait vibrer Vancouver et Whistler comme jamais ces deux villes n'avaient vibré. Ils ont montré la voie à suivre aux millions de téléspectateurs qui ont admiré leurs exploits jour après jour, soir après soir. S'il y a une raison de préserver les Jeux olympiques, même s'ils s'enfoncent dans le commercialisme et le marketing les plus débridés, c'est bien celle-là.

L'adolescente à problèmes qu'était Hughes a été inspirée par Gaétan Boucher aux Jeux de Calgary et elle est devenue une des plus grandes, sinon la plus grande olympienne de ce pays. Vingt-deux ans plus tard, les Jeux de Vancouver, couronnés de succès sportifs sans précédent, ne pourront faire autrement que de susciter d'innombrables vocations.

«Après le courte piste hier et la poursuite aujourd'hui, j'entends déjà les jeunes: maman, je veux être un champion de patin de vitesse!» a écrit sur Twitter le patineur longue piste François-Olivier Roberge, samedi. C'est exactement ça.

Les Jeux de Vancouver sont comme les livres de la vieille collection «Un bon exemple de...» que les gens de ma génération ont tous lus dans leur enfance, ces bouquins illustrés qui nous racontaient la vie édifiante de Terry Fox, Jackie Robinson ou Maurice Richard. La force morale de Joannie Rochette, la ténacité de Jasey-Jay Anderson, l'audace de Charles Hamelin, l'imperturbabilité d'Alexandre Bilodeau, l'enthousiasme de Jon Montgomery et de Marianne St-Gelais, la grâce de Tessa Virtue et Scott Moir, la solidarité de l'équipe de hockey féminine -un véritable catalogue de vertus, et je le dis sans ironie.

Le Comité olympique canadien, les fédérations sportives nationales et le programme À nous le podium ont bâti quelque chose d'extraordinaire au cours des quatre ou cinq dernières années. Par l'excellence qui leur a permis de remporter plus de médailles et de médailles d'or que jamais dans l'histoire du pays aux Jeux d'hiver, les 206 athlètes ont été des modèles extraordinaires pour l'ensemble des Canadiens.

La pire chose à faire serait de tarir cette source d'inspiration. Il est important que le Canada continue à connaître du succès aux Jeux olympiques, à Londres dans deux ans, mais aussi à Sotchi, à Rio et au-delà. Pas parce que les médailles sont importantes en elles-mêmes, mais à cause de l'effet d'entraînement incroyable qu'elles peuvent générer.

Pour ça, il est crucial que le gouvernement fédéral et ceux des provinces

maintiennent l'appui extraordinaire qu'ils ont offert aux athlètes au cours des dernières années. Stephen Harper a passé beaucoup de temps à Vancouver pendant les Jeux. S'il est la moitié de l'amateur de sport qu'il prétend être, et s'il comprend le moindrement les retombées positives que peuvent avoir ces Jeux, il s'arrangera pour ne pas laisser tomber les athlètes canadiens.

Le budget fédéral arrive dans trois jours. L'occasion est là. Ce serait bête -non,

criminel- de la manquer.