Lysanne Daoust n'a pas dit à ses jeunes patients où elle partait en vacances pour les deux prochaines semaines.

La Montréalaise de 46 ans est infirmière aux soins palliatifs à l'hôpital Sainte-Justine. «Ça aurait été déplacé de leur dire que j'allais aux Jeux olympiques. Certains ne seront plus là quand je vais revenir», m'explique ma voisine de siège dans l'avion nous menant à Vancouver, jeudi matin.

 

L'infirmière a vu mon visage changer. Je réussis à balbutier que je suis désolée. Que son travail doit être difficile. Elle est habituée à cette réaction. Elle me corrige aussitôt. Ses patients ne la rendent pas triste. Ils l'inspirent.

Comme cet ado de 17 ans qui a appris il y a trois semaines qu'il n'allait pas se rendre à l'été. «Il a décidé de profiter de chaque instant qui lui reste, me raconte-t-elle. Il est allé voir le show de Guns N' Roses. Il a fait du go-kart. Il a trippé avec sa famille dans un chalet des Laurentides.»

Mme Daoust et son amie, Michelle Sebastian, aussi infirmière, ont décidé il y a sept ans, lors de l'annonce officielle de l'obtention des 21e Jeux d'hiver, qu'elles seraient à Vancouver en 2010. Sept ans à économiser pour réaliser leur rêve olympique.

Leur recherche de billets leur a causé quelques maux de tête. Après des heures passées sur la Toile, les deux infirmières ont obtenu des billets - souvent les moins chers - pour une dizaine de séances de compétition: le hockey masculin, bien sûr, mais aussi le patinage de vitesse et le spectaculaire skicross. À elle seule, la finale du hockey féminin - qu'elles ne voulaient absolument pas manquer - leur coûte 1000$.

La quête du logement a été plus compliquée. «Le commun des mortels comme nous ne peut pas se payer un 600 ou 700 pieds carrés à 15 000$ pour deux semaines», dit Mme Sebastian. Elles ont même pensé se louer une chambre à Seattle, aux États-Unis, à 230 km de Vancouver.

Les deux infirmières ont failli renoncer à leur rêve. Jusqu'à il y a deux mois, elles n'avaient encore rien trouvé d'abordable. Une collègue de Mme Sebastian à l'Hôpital de Montréal pour enfants est venue à leur rescousse. Comme bien des gens de la région de Vancouver, les beaux-parents de cette collègue, résidants de Richmond, n'ont rien à foutre des Jeux olympiques. Ils cherchaient à louer leur maison à des touristes... et partir loin de la Colombie-Britannique en février.

Les beaux-parents ne feront finalement rien payer aux deux infirmières. Ils ont même décidé de rester pour leur servir de guide en ville. La fièvre olympique des deux infirmières de Montréal est contagieuse, il faut croire. Leur passion pour la vie l'est.

Assurément.