D'un côté, des performances rassurantes de Charles Hamelin et Kalyna Roberge. De l'autre, de nombreuses disqualifications, des questionnements tactiques et une forme optimale à reconquérir. Les patineurs de vitesse courte piste canadiens ont été limités à quatre podiums à la deuxième épreuve de Coupe du monde de la saison, à Séoul, en Corée.

Blanchi au 1000 mètres, dernière épreuve individuelle, le Canada a conclu la compétition avec deux médailles au relais, l'argent chez les hommes et le bronze chez les femmes, dimanche. Rien pour pavoiser, donc, mais dirigeants, entraîneurs et athlètes répètent depuis le début que la préparation physique n'était sciemment pas optimale pour ce séjour asiatique de deux semaines.

«Quatre podiums, avec deux médailles individuelles, c'est certainement en-deçà de nos attentes», a néanmoins reconnu Yves Hamelin, directeur national du programme de courte piste, en conférence de presse téléphonique.

En revanche, à l'image des derniers mondiaux de Vienne, Hamelin a le sentiment de son équipe a été pénalisée par des décisions des arbitres contestables à ses yeux. «On n'a pas pu avoir nos joueurs-clés à chaque fois en fin de parcours», a-t-il résumé.

Disqualifié tant au 1500 qu'au 1000m, Charles Hamelin, leader de l'équipe masculine, n'a été en mesure de se faire justice qu'au 500m, samedi. Mais de quelle façon: l'athlète de Sainte-Julie a gagné l'or, réussissant l'exploit de mettre un terme à la domination outrageuse des patineurs coréens depuis le début de la saison.

Si sa disqualification de dimanche en quart de finale du 1000m n'a pas été contestée, celle de samedi relevait de «décisions assez inconséquentes» de Tim Quinn, l'arbitre en chef américain, qui semblait favoriser les siens, a prétendu Yves Hamelin. Idem pour la reprise controversée d'une demi-finale du 500m, avec le résultat que François Hamelin a été relégué à la finale B. «On s'est carrément fait voler», a affirmé Yves Hamelin.

Si l'arbitrage semble inconstant d'une compétition à l'autre, le directeur constate néanmoins que son équipe devra «revérifier» certains éléments de la tactique de course.

François Hamelin a signé le meilleur résultat individuel canadien dimanche en remportant la finale B du 1000m, ce qui lui a valu le cinquième rang. «J'ai réussi à améliorer certains aspects de ma tactique, c'est-à-dire de réussir à mieux gérer mon énergie quand je tire les courses, a évalué le patineur de 22 ans. Il va me rester à jouer un peu avec mon tracé à la fin de la course, parce que j'ouvre un peu trop la porte.»

Hamelin a joint ses efforts à ceux de son frère Charles, Olivier Jean et François-Louis Tremblay pour décrocher l'argent au relais 5000m. Le Canada menait la course quand Tremblay s'est fait dépasser par un rival coréen avec un tour à faire.

«On sort de là avec la tête haute, on sait de quoi on est capables et ça nous fait oublier un peu la troisième place en Chine», a commenté François Hamelin. «Ce sera probablement l'or qu'on ira chercher aux prochaines Coupes du monde.»Roberge rebondit

Les Canadiennes viseront elles aussi le haut du podium au relais lors des épreuves de Montréal et de Marquette, en novembre. «Et encore plus important, aux Jeux olympiques», a insisté Tania Vicent.

Pour l'heure, le temps est aux expérimentations, a souligné le vétéran de 33 ans, qui n'avait encore jamais effectué de relais avec les recrues Marianne St-Gelais et Valérie Maltais. L'Albertaine Jessica Gregg a remplacé Maltais en finale, où les Canadiennes se sont classées troisièmes.

Kalyna Roberge, quatrième membre du relais, n'a pu maintenir la deuxième place qu'occupait son équipe. Elle a chuté avec un tour à faire, permettant aux Japonaises de s'emparer de l'argent. L'or est revenu aux Chinoises.

Absente du relais la semaine dernière en raison de maux de dos, Roberge a rebondi avec une médaille de bronze au 500m, samedi. Aux prises avec trois hernies discales, une condition «irréparable», la patineuse de Saint-Étienne-de-Lauzon doit constamment se soumettre à des exercices de stabilisation. Elle prévient ainsi les épisodes de douleur, mais cela la taxe aussi sur le plan musculaire quand elle multiplie les courses dans une même journée.

Limitée à une 22e place ce week-end, Vicent a trouvé «frustrants» ses résultats en Asie. Certes, la fatigue a joué un rôle, d'autant qu'elle a poursuivi les séances de musculation malgré les compétitions. Mais elle s'attendait quand même à mieux.

«Je ne le cache pas, je suis vraiment déçue, a dit celle qui vise une médaille individuelle pour ses quatrièmes et derniers Jeux. Je sors de ça un peu fâchée. Mais me connaissant, des fois ça me prend ça pour me redonner encore plus le feu.»

Neuf podiums en Asie

L'équipe canadienne conclut donc son séjour asiatique avec un total de neuf médailles, comparativement à 11 pour la Chine. La Corée exerce une domination sans équivoque avec 21 podiums sur une possibilité de 48.

Confiants de pouvoir relever le niveau, les patineurs canadiens disposent de cinq semaines avant les importantes Coupes du monde de Montréal (5 au 8 novembre) et Marquette (12 au 15 novembre), qui serviront à déterminer les places pour chaque pays aux Jeux de Vancouver.

Après, ça déboulera, comme l'a bien dit Charles Hamelin, soulagé d'avoir retrouvé sa vitesse de pointe au 500m: «Je suis content que ce soit revenu là et non plus tard. Parce que quand les Coupes du monde commencent, ça va super vite. Finalement, on se réveille et on se rend compte qu'on est déjà rendu aux Jeux olympiques.»