L'équipe canadienne de ski alpin sera amputée d'une demi-douzaine de skieurs aux prochains Jeux olympiques de Vancouver.

Canada Alpin a appris il y a trois semaines qu'elle n'obtiendrait que 14 des 22 places attendues en raison d'une nouvelle méthode d'attribution de la Fédération internationale de ski (FIS). Certains skieurs ayant une chance raisonnable de monter sur le podium devront donc passer leur tour, déplore la fédération canadienne.

«On est frappé durement», a résumé Max Gartner, directeur exécutif aux affaires sportives de Canada Alpin (ACA), lors d'une entrevue téléphonique, mercredi après-midi.

Aux derniers Jeux de Turin, l'équipe canadienne comptait sur 22 places, au même titre que des pays comme l'Autriche et la Suisse.

Or répondant à une volonté du Comité international olympique (CIO), la FIS a revu sa façon d'attribuer les places pour les Jeux de Vancouver.

La nouvelle formule, très complexe, permettra à des pays plus marginaux dans l'univers du ski alpin d'inscrire un minimum de deux coureurs. Elle accorde également une grande importance au nombre de coureurs par nation classés parmi les 500 premiers dans le monde, toutes disciplines et tous genres confondus.

Sur ce point, le Canada ne peut rivaliser avec des pays comptant sur une armée de skieurs à tous les niveaux, comme l'Autriche ou la Suisse, fait valoir Max Gartner. La nouvelle formule va également à l'encontre de la stratégie olympique déployée par ACA.

«On a développé des spécialistes pour les Jeux olympiques pour gagner dans chaque épreuve. Quand tu es un spécialiste, tu n'accumules des points que dans une ou deux épreuves, ce qui est un désavantage par rapport aux athlètes qui participent à toutes les épreuves», a expliqué le directeur exécutif.

À titre d'exemple, Manuel Osborne-Paradis, sixième en descente et gagnant d'une épreuve de Coupe du monde l'hiver dernier, ne figure qu'au 300e rang dans cette liste des 500. De jeunes skieurs n'évoluant pas encore sur le circuit de la Coupe du monde se trouvent donc à le devancer.

En novembre, ACA a eu vent du nouveau système, mais ce n'est qu'il y a trois semaines que les dirigeants ont pu en mesurer l'impact pour le Canada, d'après des informations transmises par le Comité olympique canadien. «On a été pris complètement par surprise», a affirmé Gartner, déplorant le manque de transparence du processus.

«C'est vraiment ridicule», a renchéri Julien Cousineau, membre de l'équipe canadienne. «Les 10 meilleurs pays au monde ne devraient pas être touchés. C'est complètement absurde de faire ça à moins d'un an des Jeux olympiques.»

Selon la fédération canadienne, des puissances comme l'Autriche, la Suisse et la France devraient pouvoir compter sur le quota maximal de 22 places à Vancouver. Le Canada est pour le moment limité à 14 places. Les résultats de la prochaine saison seront considérés jusqu'en janvier, mais ils n'auront pas d'impact significatif sur la position actuelle du Canada, a estimé Max Gartner. Au maximum, le nombre de 14 places pourrait varier d'un ou deux, en hausse ou en baisse.

Gartner n'a pas l'intention de modifier son plan olympique pour partir à la course de points FIS. «C'est trop tard. On ne veut pas commencer à jouer le jeu des quotas et s'éloigner de notre visée de gagner des médailles», a-t-il souligné.

Son seul espoir est de convaincre la FIS d'attribuer des places supplémentaires au Canada à titre de pays hôte.

À Turin, en 2006, l'équipe canadienne avait choisi d'inscrire 17 skieurs même si elle bénéficiait du quota maximal de 22 places. Le scénario s'annonçait différent pour Vancouver, où on prévoyait faire appel à une vingtaine d'athlètes.

Si, tel qu'anticipé, le Canada est limité à 14 skieurs, les dirigeants n'auront d'autre choix que d'écarter des skieurs qui ont une chance légitime de monter sur le podium.

«Dans les grands championnats, il y a toujours des outsiders, en particulier dans les épreuves techniques», a dit Gartner. Ce dernier a rappelé la médaille de bronze remportée par Michael Janyk aux derniers Mondiaux de Val d'Isère alors qu'il n'était classé que 19e.

Les membres de l'équipe de vitesse, où le Canada s'est particulièrement illustré depuis trois ans, ne risquent pas d'être affectés, selon Gartner. L'équipe technique pourrait cependant être réduite, a-t-il reconnu.

Cousineau, un slalomeur et l'un des 15 skieurs canadiens à avoir déjà satisfait à l'un des deux critères de qualification olympique, préfère ne pas y penser.

«Si je skie bien, les choses vont bien aller», a philosophé l'athlète de 28 ans, enfin épargné par les blessures l'hiver dernier. «J'aborde ça comme un joueur de hockey qui commencerait un camp d'entraînement de 26 joueurs alors que seulement 22 seraient gardés. Parfois, ça ne tient pas à grand-chose. Il faut être prêt.»

Pour Marie-Michèle Gagnon, 20 ans et grand espoir du ski canadien, cette nouvelle n'est simplement «pas la fin du monde».

«C'est sûr que ce serait décevant (de manquer les Jeux), surtout que ça se passe au Canada, mais ça ne change pas mon objectif, qui est de skier vite», a réagi l'athlète de Lac-Etchemin, qui revendique déjà deux top 10 en seulement sept départs de Coupe du monde.

Gagnon espère également que de bonnes performances de l'équipe technique féminine, en plein renaissance l'hiver dernier, forceront la main des dirigeants en janvier prochain.