Il se lève à 4h30 pour une séance d'entraînement. À 6h, il se met au travail. À minuit, il envoie encore des courriels à ses collaborateurs. À l'évidence, l'agenda de John Furlong, l'homme aux semaines de travail de 100 heures, déborde. Hier, le directeur général du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver à Vancouver (COVAN) était de passage à Montréal, où il a rencontré les journalistes de La Presse.

Q: Lors de notre dernière rencontre, en décembre, l'économie était mise à mal. Ça a empiré depuis. Récemment, vous avez écarté la possibilité de réaliser un profit. Quel est l'état des finances du COVAN à l'heure actuelle?

R: On s'est organisé pour remettre un budget équilibré. On ne dépensera pas ce qu'on n'a pas. À ce stade-ci, on essaie toujours très fort de rendre à terme le projet qui a été planifié. Mais on reste sur nos gardes. La dernière fois que je vous ai parlé, j'anticipais qu'on arrêterait de parler de budget au cours des mois suivants. Mais on n'arrêtera pas d'en parler. Maintenant, les 10 prochains mois seront probablement les plus difficiles auxquels aura à faire face n'importe quel comité organisateur de Jeux olympiques d'hiver.

Q: GM et Air Canada sont deux de vos principaux partenaires. Qu'arriverait-il si l'une ou l'autre de ces compagnies déclarait faillite?

R: Si on doit faire face à une surprise, on a les gens et le tempérament pour improviser et la surmonter. À ce stade-ci, ce n'est pas un scénario auquel on pense. GM a répondu à chacun de ses engagements, du plus petit au plus grand. Même chose pour Air Canada. S'il y a un problème, on trouvera une solution. On est optimiste, mais en même temps, on est prêt si un problème survient.

Q: N'y a-t-il pas un risque que vos nombreux partenaires quittent le bateau après les Jeux et que le sport canadien en pâtisse?

R: Peut-être, mais nous espérons faire en sorte que personne ne quitte le bateau. Notre performance dans le passé n'a pas été très bonne. Après Calgary (en 1988), on n'a pas réussi à garder beaucoup d'entreprises. Mais on met du temps là-dessus en ce moment. On travaille avec le Comité olympique canadien pour trouver des façons de poursuivre cela. Si le Canada gagne les Jeux, les choses seront différentes à l'avenir.

Q: En collaboration avec le Comité olympique canadien, le COVAN a fait une priorité des résultats de l'équipe canadienne. L'objectif est de terminer au premier rang au tableau des médailles. À quel point est-ce important pour le succès des Jeux?

R: Notre rôle est d'organiser les Jeux. On a donc eu plusieurs débats à savoir si on avait le temps et les ressources (à mettre sur la performance). Mais ne pas le faire est d'accepter un résultat moindre. À nos yeux, ça fait vraiment partie de la définition du succès: de grands Jeux, de grands résultats. Et on n'est pas en Angleterre, où si tu es à Manchester, tu es littéralement de l'autre côté de la rue. Ici, à certains égards, on est plus proche de l'Angleterre que de Vancouver. On doit donc trouver une façon différente de résonner auprès des gens. Ils veulent ouvrir leur télé et voir ces bons résultats.

Q: Je suis Québécois et j'ai des billets pour les Jeux. Considérant la quasi-inexistence de chambres d'hôtel disponibles à Vancouver et Whistler, dois-je apporter ma tente?

R: Vous pourriez rester chez moi (rires). C'est une bonne question. Vancouver et Whistler revoient leurs règlements pour permettre aux citoyens de louer de l'espace, leurs maisons ou exploiter un gîte durant les Jeux. Ce n'est pas inhabituel, c'est arrivé à Sydney. Quand tu as plus de gens que tu as de lits, tu dois faire quelque chose. (...). C'est un beau problème. Dans la plupart des villes, on se couperait le bras droit pour avoir ce problème, mais ce n'est quand même pas facile à gérer. À Whistler - où le problème est plus important - la stratégie est de mettre une tête sur chaque oreiller, sur chaque divan.

Q: Il y a eu 17 épreuves-tests à Vancouver et Whistler cet hiver. Les commentaires ont généralement été excellents, mais des critiques ont néanmoins surgi, en partie au sujet de l'accès à certaines épreuves. Comment évaluez-vous votre travail?

R: Je ne nous donnerais pas un A", car on a rencontré quelques problèmes. (...) Un site en particulier a présenté des difficultés, largement en raison de la façon dont les choses étaient organisées (NDLR: Cypress, site du ski acrobatique et du surf des neiges). Ils essayaient de mener à bien leurs opérations quotidiennes tout en présentant une Coupe du monde en même temps. (...) Ce fut notre plus grande leçon. Pour le reste, ce fut plutôt simple, avec plusieurs événements à guichets fermés. Il y a de petites choses à régler. L'idée est de se demander ce qu'on ferait de différent si c'était à refaire.

Q: Où en est la construction du Village des athlètes de Vancouver, qui avait pris du retard et dont le financement était problématique?

R: Il y a deux jours, on a reçu un rapport voulant qu'ils avaient commencé à compléter des appartements et à nous les remettre. À partir de maintenant et jusqu'aux Jeux, on devrait prendre possession de 40 à 50 unités chaque semaine. Les progrès sont bons et la Ville de Vancouver a refinancé le projet.

Q: Vous avez supporté la candidature de Tricia Smith, seule rivale de Marcel Aubut à la présidence du Comité olympique canadien. Quelle est votre relation avec M. Aubut, le nouveau président?

R: J'ai beaucoup de respect pour Marcel et je crois qu'il fera de nouvelles choses pour le comité. Ma relation avec Tricia Smith remonte presque à mon arrivée au Canada. Elle vient de la côte Ouest. Elle est une bonne amie. À plusieurs égards, le résultat est positif parce que les deux travailleront ensemble (NDLR: Mme Smith a été élue vice-présidente). Mon travail et celui de mon équipe sera de faire profiter notre travail à Marcel et Tricia pour qu'ils puissent renouveler les partenariats. Marcel a beaucoup d'énergie et il travaillera très fort pour donner d'autres actifs au sport. J'espère qu'on pourra le placer dans une situation où il pourra oeuvrer dans une culture gagnante, ce qui n'a pas été le cas dans le passé. Qu'on soit le pays numéro un au monde et qu'il puisse s'en servir.