Manny, c'est Manny. On l'entend souvent à propos de Manny Ramirez, le coloré voltigeur des Dodgers de Los Angeles. Il ne fait pas autant de millions, mais l'expression pourrait aussi bien coller à Manuel Osborne-Paradis, descendeur de l'équipe canadienne de ski alpin.

À tort ou à raison, celui que tout le monde appelle «Manny» traîne une réputation de casse-cou un peu insouciant qui ne connaît qu'une seule direction: la ligne droite. Vendredi, Osborne-Paradis a démontré qu'il savait aussi tourner, remportant la tortueuse descente de Kvitfjell, en Norvège.Auteur de quatre podiums jusque-là - tous en descente - le skieur de 25 ans a signé sa toute première victoire sur le circuit de la Coupe du monde.

Il imite ainsi ses coéquipiers Erik Guay, John Kucera et Jan Hudec, qui ont tous monté sur la plus haute marche du podium en descente au cours des dernières années. Il ajoute aussi son nom à un palmarès canadien marqué par les exploits des légendaires Crazy Canucks.

«Tous ces podiums, c'est fantastique. Mais quand tu réussis ton premier podium, tu réalises que tout le monde s'en fout jusqu'à ce que tu gagnes! a pouffé Osborne-Paradis en conférence téléphonique. De voir mon nom associé à ce groupe, c'est une grosse affaire. Je peux maintenant en faire partie.»

Osborne-Paradis a devancé l'Autrichien Michael Walchhofer, leader du classement de la spécialité, par 31 centièmes, et Aksel Lund Svindal, le favori local, par 37 centièmes.

Le skieur originaire d'Invermere, dans les montagnes à l'Est de la Colombie-Britannique, a construit sa victoire dans la section centrale, truffée de sauts et de rouleaux.

«J'ai été en mesure de rester souple sur mes skis, de les laisser rouler, et de générer de la vitesse», a expliqué celui dont les grands-parents paternels sont originaires de Lanaudière.

À sa première visite à Kvitjfell, en 2005, Osborne-Paradis avait pourtant chuté à ses deux premières sorties d'entraînement. Il avait rebondi l'an dernier avec une quatrième et une cinquième place sur le parcours ayant accueilli les Jeux olympiques de Lillehammer, en 1994.

Reconnu pour ses qualités de glisseur et son talent inné pour la vitesse, Osborne-Paradis dit s'être considérablement amélioré sur le plan technique cette année.

«Il y a une limite au nombre de fois où tu peux pousser ta chance avant de finir dans les filets ou de chuter, a relevé celui qui avait fini troisième de la descente de Val Gardena, en décembre. Ce n'était qu'une question de temps avant que j'apprenne aussi à skier techniquement.»

Trois semaines après la médaille d'or surprise de l'Albertain Kucera aux Mondiaux de Val d'Isère, la victoire d'Osborne-Paradis a couronné une journée faste pour l'équipe de vitesse canadienne, qui a vu quatre des siens se classer parmi les 10 premiers.

Selon le magazine Ski Racing, le dernier exploit du genre remonte à une descente à Beaver Creek en 1988. Rob Boyd, Robbie Bosinger, Daniel Moar et Donald Stevens avaient fini respectivement cinquième, sixième, septième et 10e d'une course qui ne comptait cependant que 15 coureurs classés.

À Kvitfjell, Robbie Dixon, grand ami d'Osborne-Paradis, a pris le cinquième rang, le meilleur résultat de sa jeune carrière en descente. Le champion du monde Kucera a réalisé le septième temps, tandis que Guay fut le seul malheureux du groupe avec une 10e place.

«On travaille tous ensemble et ça a un effet d'entraînement», a souligné Osborne-Paradis, qui pointe maintenant au cinquième rang du classement de la descente.

Mine de rien, les skieurs canadiens totalisent maintenant quatre podiums depuis le début de la saison de Coupe du monde, soit un de plus que l'hiver dernier. Il faut aussi ajouter l'or de Kucera et le bronze de Michael Janyk aux derniers Mondiaux de Val d'Isère.

Comme la descente de vendredi remplaçait celle, annulée, de Garmisch-Partenkirchen, les skieurs canadiens auront l'occasion de bonifier leur récolte dès samedi avec la présentation de la descente officielle de Kvitfjell.