Chandra Crawford est la preuve vivante de l'héritage laissé par les Jeux olympiques.

Elle a grandi à Canmore, en Alberta, où elle a fait du ski de fond dans les installations bâties en vue des Jeux olympiques de 1988 disputés à Calgary. Ces installations ont permis de forger l'athlète qu'est devenue Crawford, elle qui a décroché la médaille d'or au sprint lors des JO d'hiver de Turin en 2006.

«Je ne peux dire à quel point ç'a influencé ma vie, ces opportunités de courir chez moi et d'être exposée à un sport aussi 'cool', raconte Crawford, qui sera l'une des aspirantes canadiennes à une médaille lors des Jeux de Vancouver en 2010.

Le Canada aura des chances légitimes d'accéder au podium dans des sports comme le ski de fond, le patinage de vitesse longue piste, le bobsleigh et le skeleton. Les succès du pays dans ces disciplines sont attribuables aux installations érigées à l'occasion des Jeux de Calgary.

Des athlètes et des dirigeants de fédérations sportives sont d'accord pour dire que l'héritage de 580 millions $ consacrés à la construction ou à la rénovation des installations des Jeux de Vancouver sera tout aussi important - tout en se manifestant d'une autre manière.

Il est peu probable que Vancouver devienne une grande ville de sports d'hiver ou le lieu d'incubation de futurs athlètes de haut niveau comme l'a été Calgary à la suite des JO de 1988. Au cours des deux dernières décennies, la ville albertaine est devenue le quartier général de plusieurs fédérations nationales de sport et le site d'entraînement d'un bon nombre des meilleurs athlètes canadiens en sports d'hiver.

«Je ne crois pas que l'héritage tangible sera le même, souligne Chris Rudge, chef de la direction du Comité olympique canadien. Nous sommes un petit pays avec une modeste population. À un certain moment, on n'a pas besoin de tant d'installations que cela.»

Les installations de 2010 permettront surtout de faire connaître les sports olympiques aux athlètes en herbe, ou de fournir aux athlètes de pointe un endroit pour peaufiner leurs habiletés via l'entraînement et la compétition.

«Pour la première fois, les enfants pourront faire de la luge ou du bobsleigh ici en Colombie-Britannique», note Cathy Priestner Allinger, vice-présidente de direction, sports et exploitation pour le comité organisateur des Jeux de Vancouver (COVAN).

Les épreuves des JO de 2010, qui s'amorceront dans un peu plus d'un an, seront disputés à Vancouver et en montagne à Whistler, à deux heures au nord de la ville.

Le Parc olympique de Whistler, bâti au coût de 119,7 millions $ et situé à environ 20 km au sud-ouest de Whistler, accueillera les compétitions de ski de fond, de saut à skis et de biathlon. Le Centre des sports de glisse de Whistler (104 millions $) sera l'endroit où seront disputées les épreuves de bobsleigh, de luge et de skeleton. Le COVAN a également dépensé 27,6 millions $ pour améliorer Whistler Creekside, hôte des épreuves alpines.

Après les Jeux, le Parc olympique et le Centre de glisse seront gérés par l'organisme Héritage sportif Whistler 2010.

«Notre objectif, c'est que ces installations donnent une nouvelle génération d'athlètes canadiens et, en particulier, des athlètes locaux tout comme Calgary l'a fait après 1988», affirme Paul Shore, le gérant du marketing et des affaires de cet organisme. «Est-ce que ça signifie que nous deviendrons le centre national d'entraînement de ces sports? Pas nécessairement.»

L'organisme de Shore est en voie de mettre au point un plan d'affaires qui permettra de financer ces installations une fois les JO terminés.

Sara Renner, une médaillée d'argent à Turin, aimerait voir le centre de ski de fond accueillir une étape régulière du circuit de la Coupe du monde.

«C'est là que les athlètes en bénéficieront le plus, s'il y a une étape régulière de la Coupe du monde ici à chaque année, dit-elle. Si ce n'était pas le cas, s'il n'y avait plus d'épreuves de haut niveau ici après les Jeux, ce serait un véritable manque à gagner.»

Les installations olympiques bâties dans la région de Vancouver comprennent l'Anneau olympique de Richmond (pour le patinage de vitesse longue piste), le Centre olympique de Vancouver (curling) et un aréna pour le hockey à l'Université de la Colombie-Britannique. Cypress Mountain, site des épreuves de surf des neiges et de ski acrobatique, a été retapée.

Jean Dupré, le directeur général de Patinage de vitesse Canada, affirme que l'anneau olympique de Calgary demeurera le centre d'entraînement de l'équipe nationale pour ce sport.

La glace sera enlevée de l'anneau de Richmond après les Jeux. L'infrastructure restera toutefois en place en vue de la tenue éventuelle de compétitions de la Coupe du monde à Richmond «si le schéma financier le permet», dit Dupré.

Le COVAN a avancé 63,3 millions pour construire l'anneau, qui fait partie d'installations d'une superficie de 33 750 mètres carrés bâties au coût de 178 millions $ et qui serviront à titre de centre récréatif communautaire après les JO. Dans ce centre, il y aura deux patinoires de dimensions internationales qui pourront servir au patinage de vitesse sur courte piste.

Selon Rudge, l'héritage le plus important des JO de Vancouver pourrait être la mise sur pied de programmes permettant le financement stable des athlètes canadiens de haut niveau. Cette façon de faire, instaurée en vue des Jeux de 2010, a déjà changé la mentalité des athlètes canadiens, qui croient maintenant qu'ils peuvent remporter des médailles aux Jeux.

«C'est venu du désir de bien faire à ces Jeux, affirme-t-il. Ca fait maintenant partie de la culture et de la pensée du sport de haute performance au Canada, ce qui n'était pas autant le cas auparavant.

«Ça pourrait être un héritage aussi important que les installations en soi.»