Pendant plusieurs semaines cet automne, alors que Tessa Virtue et Scott Moir auraient dû s'entraîner ensemble en vue du début de leur saison de patinage artistique, Virtue se soumettait à un programme de rééducation à London, en Ontario, tandis que Moir était à Detroit, patinant avec un sac de sable en guise de remplacement pour sa partenaire de longue date.

Virtue et Moir, qui ont remporté la médaille d'argent en danse sur glace lors des championnats du monde, le printemps dernier en Suède, renouent finalement avec la compétition cette semaine, à l'occasion des Championnats canadiens.

Si le duo a retenu quelque chose de ces derniers mois, qui ont été pénibles, c'est qu'ils sont bien mieux ensemble que séparés.

«C'était bizarre pour Tessa et pour moi car nous nous trouvions dans deux villes différentes en train de nous entraîner, alors que cet objectif (les Jeux d'hiver de Vancouver en 2010) nous trottait en tête, a expliqué Moir. Nous n'avions jamais été séparés depuis l'âge de sept et neuf ans. Ce fut difficile pour tous deux. L'entraînement était bien sûr très différent, mais c'est surtout la relation personnelle qui nous a manqué.»

Virtue, qui est de London, et Moir, de Ilderton, non loin de là, n'ont pas semblé rouillés mercredi soir lorsqu'ils ont amorcé les Championnats canadiens, à Saskatoon, en s'emparant du premier rang à l'issue de la danse imposée.

La jeune femme de 19 ans a subi une opération aux tibias au début du mois d'octobre. Elle a dû cesser de patiner pendant deux mois, passant plutôt ses journées à faire de la physiothérapie et du pilates et à recevoir des massages. La jeune femme n'est de retour sur la glace que depuis six semaines.

Entre-temps, Moir a dû s'entraîner avec tout ce que ses entraîneurs Igor Shpilband et Marina Zoueva pouvaient imaginer - un sac de sable, un ballon d'exercice, un bâton de hockey. Ils ont même songé employer un mannequin.

«Ça allait assez bien avec le sac de sable», souligne Moir, qui est âgé de 21 ans. Tenir le sac était vraiment bizarre mais je voulais que ce soit ardu. Une cinquantaine de livres de sable c'est beaucoup plus lourd que ce que Tessa a jamais pesé lorsque je la soulève.»

Virtue est plutôt contente de n'avoir jamais vu Moir patiner avec tous ces objets.

«Je crois que ça aurait été très difficile de le regarder patiner seul en sachant que je ne pouvais être là.»

Pour ces deux patineurs qui ont grandi en patinant ensemble, leur séparation a été difficile à vivre.

«Quand on côtoie quelqu'un neuf heures par jour c'est un peu différent, explique Moir. Certains jours j'étais facilement frustré en l'absence de Tessa. Mais en même temps, à 13 mois des Jeux olympiques, la motivation ne manquait pas. Et de voir tous les gars participer aux Grand Prix m'enrageait un peu, alors ce fut facile de demeurer motivé.»

Virtue et Moir sont partenaires depuis 1997. C'est une tante de Moir, Carol, qui les a réunis. Elle était alors leur entraîneur, à London.

Ils n'ont donc jamais connu, pour ainsi dire, un autre partenaire.

«J'ai déjà eu un autre partenaire, se rappelle Moir, mais elle se mélangeait dans ses pas. Puis, elle a arrêté de vouloir patiner avec moi. Elle avait huit ans à l'époque.

«J'ai ensuite trouvé Tessa. Je me suis moi-même mélangé dans mes pas lors de notre première compétition et elle est quand même restée avec moi. C'est là que j'ai compris que j'avais trouvé ma partenaire.»

Leur plus grande opposition, aux Championnats canadiens, viendra de Vanessa Crone, d'Aurora (Ont.), et de Paul Poirier, d'Unionville (Ont.). Ces derniers occupaient le deuxième rang après la danse imposée.

En simple, la Québécoise Joannie Rochette (Ile-Dupas) sera à la recherche d'un cinquième titre national d'affilée. Chez les hommes, Patrick Chan, de Toronto, défendra son titre.

En couple, les médailles de bronze mondiaux en titre, Jessica Dubé, de Drummondville, et Bryce Davison, de Cambridge (Ont.), feront figure de favoris.