Avant le duel final, Pierre-Alexandre Rousseau et Alexandre Bilodeau se sont donné l'accolade en haut du parcours. Ils se sont dit une chose : «Rendons la vie difficile aux juges.»

Moins de 20 secondes et quelques acrobaties plus tard, les deux bosseurs québécois ont franchi la ligne d'arrivée pratiquement en même temps. Mission accomplie. Les juges ont tranché en faveur du vétéran, légèrement supérieur techniquement.

Rousseau a ainsi remporté la première étape de la saison de Coupe du monde de ski acrobatique, une épreuve de bosses en parallèle présentée à Méribel, jeudi. Bilodeau a donc monté sur la deuxième marche du podium, imitant sa coéquipière et partenaire d'entraînement Jennifer Heil, qui effectuait un retour à la compétition après une absence de 20 mois.

«On n'a pas niaisé !» a lancé Rousseau au sujet de cette performance spectaculaire des bosseurs canadiens en ouverture de cette saison préolympique.

Le bosseur de 29 ans a signé sa première victoire en Coupe du monde depuis celle obtenue à Tignes, un an plus tôt, presque jour pour jour.

Le duel opposant Rousseau à Bilodeau était une reprise de la finale des derniers championnats canadiens présentés à Mont-Gabriel, au printemps. Bilodeau s'était alors imposé. À Méribel, Rousseau l'a emporté par le pointage de 19 à 16.

«Alexandre et moi, c'est tellement serré que c'est chacun son tour, a souligné Rousseau, auteur d'une quatrième victoire en Coupe du monde. Ça dépend des juges. Je ne sais pas exactement comment j'ai fait pour gagner, mais c'était le fun de finir avec lui. Ça fait un joyeux Noël en tabarouette !»

À ses côtés lors de l'entrevue téléphonique, Bilodeau avait sa petite idée sur ce qui a fait pencher la balance en faveur de son rival : une petite erreur technique en milieu de parcours. «La décision a tourné là», a jugé l'athlète de 21 ans.

Bilodeau était néanmoins soulagé de sa performance après avoir connu quelques semaines plutôt difficiles. L'athlète de Rosemère a en effet révélé qu'il avait subi une double fracture à un os de la cheville droite en s'entraînant dans des escaliers il y a six semaines. «Normalement, ça prend huit semaines pour guérir, a souligné celui qui signe un 12e podium en Coupe du monde. J'étais donc un peu stressé. Mais ce n'est pas une excuse. Je skiais bien et ce n'est comme si c'était une douleur qui m'obligeait à mordre dans un morceau de bois en descendant.»

Bilodeau a aussi connu un mois de novembre difficile sur le plan personnel. Il était donc bien heureux d'avoir pu livrer cinq bonnes courses dans la journée. «En additionnant tout ça, ça m'a grugé beaucoup d'énergie, a-t-il expliqué. Tout me passait par la tête quand j'allais me coucher. J'avais des maux de tête tellement je pensais ! Mais j'ai vraiment bien skié et ça ne m'a pas ralenti.»

Sixième des qualifications, Vincent Marquis s'est fait sortir dès la ronde huitième de finale par le Japonais Osamu Ueno. Le skieur de Québec a obtenu le 11e rang.

ST Nervosité

Du côté féminin, Heil n'a pas mis de temps à reprendre sa place après une longue pause pour remodeler sa posture de A à Z. Quatrième des qualifications, la championne olympique a gagné ses deux premiers duels avant de s'incliner en finale face à l'Américaine Hannah Kearney, une ex-championne du monde.

Heil était très heureuse d'avoir enfin pu briser la glace. Une mauvaise journée à l'entraînement la veille avait mis ses nerfs en boule. «J'étais tellement nerveuse aujourd'hui, a raconté la skieuse de 25 ans. Je suis très contente de finir deuxième, mais techniquement, je suis loin d'avoir reproduit le niveau que j'ai pu atteindre récemment. Je me sens plus forte, plus vite et meilleure, mais il n'y a rien comme participer à une vraie compétition.»

Audrey Robichaud, de Québec, a raté la ronde finale de justesse en prenant le neuvième rang des qualifications.

Après la pause des Fêtes, les bosseurs canadiens se retrouveront à Vancouver au début du mois prochain pour participer à un camp à Cypress, où seront disputées les épreuves de bosses des Jeux olympiques de 2010. Rousseau pourra ensuite porter le maillot jaune de leader pour l'épreuve de simple de la Coupe du monde de Mont-Gabriel, le 24 janvier.