Le directeur technique national de l'athlétisme français, Franck Chevalier, doute du caractère naturel des performances des sprinters jamaïcains, auteurs d'une moisson historique sur les 100 mètres des Jeux olympiques de Pékin.

Sans jamais les accuser ouvertement de dopage, Chevalier a manié l'ironie lundi au cours d'un point presse pour donner son sentiment sur la victoire d'Usain Bolt sur 100 mètres et sur le triplé de ses compatriotes dans la course féminine.

«Ce qui est bien, c'est qu'en natation, ils ont des nouvelles combinaisons pour aller plus vite. Et bien visiblement, en Jamaïque ils sont aussi des combinaisons qui les font courir plus vite!», a-t-il déclaré.

En Chine, Bolt a conclu son ascension express vers les sommets en devenant champion olympique du 100 mètres samedi, en 9,69 secondes. Il a écrasé ses adversaires et s'est payé le luxe de relâcher son effort à une vingtaine de mètres de l'arrivée pour célébrer son titre.

«C'est un jeune qui a énormément de talent, on le sait depuis longtemps. Il a été champion du monde cadet, a ajouté Chevallier. Ce qu'il a fait est historique. C'est clair qu'il a posé la barre très, très haut. D'une façon quelque peu étonnante...»

Dimanche soir, les Jamaïcaines Shelly-Ann Fraser -médaillée d'or en 10,78- Sherone Simpson et Kerron Stewart ont signé un triplé historique sur 100 m. Et dans la bataille qui oppose les puissances du sprint, la Jamaïque mène 2-0 face aux Etats-Unis après les deux courses reines, 4-1 si l'on compte en médailles. La petite île des Caraïbes, qui compte 2,8 millions d'habitants, n'avait jamais gagné de titre olympique sur 100 mètres avant ce week-end.

«Les générations spontanées, ça existe, on a connu ça en athlétisme en France, a jouté Chevallier à propos de la densité de l'équipe jamaïcaine, avant de poursuivre un tantinet moqueur.

«Mais là, ils en ont pêché 10 d'un coup en sprint, c'est énorme. Je pense qu'ils vont faire la même chose aux Jeux d'hiver en bobsleigh, ça va être étonnant.»