David Veilleux envisageait de rattraper le sommeil perdu en cette première journée de repos au Tour de France. Comme quatre de ses coéquipiers, il a plutôt été réveillé à 8 h par les contrôleurs antidopage, hier à Nantes. «Ça fait partie du jeu», a philosophé le cycliste de Cap-Rouge, joint au téléphone.

Sa journée s'est résumée à 45 minutes de rouleau, une sieste, un massage et une séance d'ostéopathie. «Pour le reste, tu essaies vraiment de te reposer, d'en faire le moins possible.»

Au moment d'amorcer la deuxième semaine de course - une première dans sa carrière -, le représentant de l'équipe Europcar, 132e au général, à 1 h 29 min 26 s du leader Chris Froome, fait le point.

La Presse : Tu dis avoir éprouvé des difficultés vendredi durant l'étape de Montpellier. Comment te sens-tu au lendemain des grandes étapes pyrénéennes de la fin de semaine?

David Veilleux : Ça va. Oui, ç'a été dur, mais j'ai quand même bien récupéré. Aujourd'hui, ç'a fait du bien. Vendredi, j'ai juste dit que je n'étais pas dans une grande journée. Je n'étais pas fatigué, ni rien de spécial. C'était juste une journée normale. À date, je ne ressens pas de fatigue accumulée. En tout cas, je ne le ressens pas en ce moment.

Dimanche, le début de l'étape a été extrêmement rapide et agité. Tu as été décroché dès le premier col. Comment ça s'est passé pour toi dans les quatre cols suivants?

Ç'a été quasiment plus une journée de survie. Pour être sûr de rentrer dans les délais quand ça part à la course comme ça, tu n'as pas le choix de toujours rouler. Tu te retrouves dans un groupe et tout le monde sait. On monte le tempo ensemble, on roule ensemble dans les vallées. On essaie vraiment de rester ensemble et de rentrer dans les délais. C'était l'objectif de tout le monde. Oui, il y avait la course en avant pour les grimpeurs. Après, pour tous les autres, il y avait vraiment une autre course derrière pour rentrer dans les délais.

Quel bilan fais-tu de tes neuf premiers jours de course?

Ça s'est bien déroulé. J'ai été chanceux de ne pas être pris dans les chutes jusqu'ici. La forme est bonne. Je réussis à bien récupérer, à bien me concentrer, à ne pas trop en faire non plus et à faire mon travail d'équipe.

«Une course comme une autre» : voilà la façon dont tu souhaitais aborder ce premier Tour de France. Est-ce vraiment possible?

Oui, ça se fait bien. Maintenant, j'ai vraiment découvert ce que sont les cols au Tour de France, avec la quantité de spectateurs. Ils nous encouragent même si on est loin derrière. Le Tour ne passe qu'une fois pour eux. Donc ils nous encouragent comme si on était devant. Ça, c'est vraiment plaisant. Même si je finis tranquille ou plus loin, c'est une belle expérience. Il y a même du monde qui m'encourage par mon nom. En moyenne, je vois de deux à trois drapeaux du Québec sur le parcours... en excluant celui de mes parents. Ça fait chaud au coeur.

As-tu réussi à apercevoir tes parents sur la route?

Ils ont un grand drapeau du Québec, c'est donc facile pour moi de les voir. Dimanche, ils étaient au sommet du premier col.

Ton plus beau moment jusqu'ici?

Mon échappée (à la deuxième étape).

Le moins beau?

Peut-être hier (dimanche) ...

Ton coéquipier Pierre Rolland n'est plus dans la course au classement général (26e à 12 min 34 s), mais il a le maillot à pois de meilleur grimpeur sur les épaules. Comment est le moral dans l'équipe?

Ça ne change pas le moral. Je pense que Pierre est vraiment content du maillot. Ça va devenir un objectif pour lui. Pierre a toujours regardé le général. Mais il me disait qu'entre jouer le maillot à pois et la neuvième place au Tour de France, il préfère le maillot à pois. Mais c'est sûr que s'il avait pu se battre pour les cinq premières places, il aurait laissé tomber le maillot à pois. C'est un objectif qui lui convient très bien. C'est un attaquant, il aime faire la course devant, et c'est un excellent grimpeur. Il a tout pour essayer de ramener le maillot à Paris. Encore là, c'est très loin. Il va y aller une journée à la fois.

En quoi cette nouvelle situation change-t-elle ton rôle?

On va peut-être moins se stresser à être bien placés dans les étapes de plaine. Mais ça va être plus difficile, parce qu'il va falloir essayer d'épauler Pierre dans les ascensions.

Pour les prochaines étapes, envisages-tu d'adopter une approche conservatrice afin de conserver de l'énergie pour les Alpes? Restes-tu plutôt en mode «attaque» et penses-tu simplement une journée à la fois?

Tout le monde se garde un peu une réserve. Dans une course de plaine, soit tu es à l'attaque, soit tu ne fais «rien» et tu es dans les roues. Tu peux donc être en échappée une journée et le lendemain, tu as la chance de t'économiser en restant un peu plus caché dans les roues. J'essaierai de ne pas trop en faire pour rien.

Comme au contre-la-montre de mercredi?

J'aime l'épreuve en tant que telle, mais je sais qu'au Dauphiné, j'ai eu de la misère. Je ne suis vraiment pas à mon niveau optimal au contre-la-montre. D'autant plus à ce niveau-là, je ne peux pas espérer faire de résultat. Le contre-la-montre, ce sera donc seulement de rentrer dans les délais.