Le Slovaque Peter Sagan (Liquigas) a remporté vendredi à Metz la 6e étape du Tour de France, son troisième succès depuis le départ, en conclusion d'une journée bouleversée par les chutes.

Sur le parcours de plaine menant de la Champagne à la Lorraine (est), plusieurs prétendants au classement général ont perdu leurs espoirs. En totalité, comme le vainqueur du dernier Giro, le Canadien Ryder Hesjedal, ou en partie, comme le Luxembourgeois Frank Schleck et le Français Pierre Rolland, tous retardés par une maxi-chute à 25 kilomètres de l'arriéve.

À Metz, Sagan s'est imposé à un premier peloton réduit à une soixantaine de coureurs. Parmi eux, Fabian Cancellara (RadioShack) qui a revêtu le 28e maillot jaune de sa carrière, sans doute le dernier dans le Tour 2012 puisque le Suisse s'attend à laisser son bien samedi dans la première arrivée en altitude, à La Planche des Belles Filles.

Dans un sprint privé du champion du monde, le Britannique Mark Cavendish, lui aussi retardé, Sagan a devancé nettement l'Allemand Andre Greipel, le vainqueur des deux étapes précédentes qui est tombé à deux reprises pendant l'étape.

L'Australien Matt Goss a pris la troisième place sur la ligne, devant le Néerlandais Kenny Van Hummel et l'Argentin Juan Jose Haedo.

Les trois chutes qui se sont produites durant cette étape de 207,5 kilomètres ont causé beaucoup de dégâts. La principale, survenue en fin de parcours, sur une longue ligne droite en pleine campagne, a provoqué le chaos dans le peloton.

Gesink et Hesjedal victimes d'une chute

Si quatre coureurs (Danielson, Vigano, Astarloza, Poels) ont été contraints à l'abandon, deux formations ont perdu gros dans l'accident.

Rabobank a vu son leader, le Néerlandais Robert Gesink, qui s'est retrouvé trois fois à terre durant cette journée, rallier l'arrivée avec plus de trois minutes de retard. Les deux autres coureurs de l'équipe néerlandaise concernés par le classement général (Mollema, Kruisjwijk) ont terminé attardés.

La note a été encore plus lourde pour Garmin, qui a perdu à coup sûr l'Américain Tom Danielson (8e du Tour 2011) et peut-être le Canadien Ryder Hesjedal. Le vainqueur du Giro, touché notamment à une hanche, a perdu plus de 13 minutes.

La formation américaine n'a même pas pu se consoler avec David Zabriskie, à l'origine de l'échappée du jour. Le champion des États-Unis du contre-la-montre a été rejoint par le peloton à 1300 mètres de la ligne.

Avec l'Italien Davide Malacarne, le Belge Romain Zingle et le Néerlandais Karsten Kroon, Zabriskie est parti à l'avant 5 kilomètres après le départ d'Épernay. L'avantage du quatuor a plafonné à moins de 7 minutes avant la mi-course.

Le final, mouvementé, a donné lieu à une intense course-poursuite pour reprendre l'échappée. L'allure dictée par les équipes des sprinteurs (de Goss principalement) a interdit aux victimes de la chute de rentrer dans le peloton malgré les efforts de Frank Schleck et des équipiers de l'Espagnol Alejandro Valverde.

«Un génie du vélo»

Ce groupe d'une trentaine de coureurs (avec Brajkovic, Scarponi et Péraud notamment) a lâché 2 min 09 sec sur la tête du peloton réglé par Sagan, «un génie du vélo» selon Cancellara.

«Je ne m'attendais pas à gagner trois étapes», a commenté le champion de Slovaquie vainqueur pour la troisième fois de la semaine, soit une moyenne d'un succès tous les deux jours depuis dimanche dernier.

Néophyte du Tour, Sagan (22 ans) a gagné les deux premiers sprints en côte (Seraing dans la 1re étape, Boulogne-sur-Mer dans la 3e) avant de se montrer le plus rapide sur le plat à Metz.

Samedi, la 7e étape (199 km) arrive au site inédit de La Planche des Belles Filles pour la première arrivée en altitude de cette édition.

La montée finale, longue de 5,9 kilomètres (à 8,5 %) et classée en première catégorie, mène à l'altitude de 1035 mètres avec une rampe finale très raide (à 14 %).

Cette petite station de ski doit son nom à la fuite collective et désespérée de la population féminine de la vallée qui voulait échapper à un massacre pendant la Guerre de Trente Ans, entre 1618 et 1648, et s'était précipitée dans les eaux d'un étang. La légende rapporte que depuis ce temps, l'étang et la planche qui le surplombe portent le nom de «Belles Filles».

Départ de Tomblaine à 12h10 (lancé à 12h15), arrivée à La Planche des Belles Filles vers 17h13 (prévision à 40 km/h de moyenne).