Pour réussir un Tour de France, il faut d'abord pédaler, mais pour avaler de 150 à 200 kilomètres par jour pendant trois semaines, le secret est la récupération, une phase capitale à laquelle coureurs et encadrement attachent une attention toute particulière.

La répétition quotidienne des étapes est ce qui fait la difficulté - et le mythe - des Grands tours, élevant les coureurs au rang de surhommes dotés d'organismes capables de multiplier des efforts intenses. C'est aussi ce qui pousse certains à recourir parfois à des moyens illicites.

Mais avec un bon entraînement et une bonne récupération, un corps habitué supporte de tels efforts.

«J'ai mené une étude sur un Paris-Nice en faisant des prises de sang immédiatement à l'arrivée en haut du Mont Faron», explique Gérard Guillaume, le médecin de l'équipe FDJ. «Les résultats avaient montré des perturbations équivalant à des sujets en réanimation. Mais en quelques minutes, l'organisme avait récupéré».

«Tout l'art de la récupération consiste à approcher d'une récupération totale», souligne-t-il.

Le processus passe d'abord par la compensation des pertes en eau et en sucres, notamment. Sur une étape de plaine, un coureur dépense en moyenne 5000 calories. Sur une étape de montagne, cela peut atteindre 7000 à 9000 calories.

D'un point de vue musculaire, on cherche à rendre aux muscles, très sollicités, leur souplesse d'origine et à améliorer la circulation du sang pour les irriguer par des traditionnels massages, des bas de contention, une position couchée jambes en l'air...

Grand froid

Dernier point majeur: le sommeil réputé «réparateur» selon la formule consacrée. Certains coureurs le facilitent en se détendant avant le coucher sur un matelas à ondes électromagnétiques.

Les formations rivalisent d'innovations scientifiques.

Plusieurs d'entre elles avaient opté pour l'injection de substances régénérantes pour un effet plus rapide sur l'organisme que par le processus habituel d'ingestion buccale et de digestion.

Ce procédé, qui rappelait certaines heures sombres du cyclisme, a été interdit par l'Union cycliste internationale dans le cadre d'une «no needle policy» («politique du zéro aiguille»).

D'autres, comme les équipes françaises FDJ et AG2R La Mondiale, ont adopté la «cryothérapie» qui consiste à placer un coureur pendant deux à trois minutes dans un caisson d'azote, appelé cryo-sauna, atteignant les -140°C.

«Le choc thermique crée une vasoconstriction périphérique puis, quand le coureur sort du cryo-sauna, une vasodilatation très profonde qui augmente le flux sanguin dans tout l'organisme, élimine les toxines», détaille le Dr Guillaume.

«Le froid va également générer la production de certains médiateurs aux propriétés antalgiques, anti-inflammatoires ou anti-hémorragiques quand il y a un hématome... Cela permet aussi d'agir sur des neurotransmetteurs et de retrouver un meilleur sommeil», ajoute-t-il.

«C'est un outil global, souligne le médecin. Et qui ne stimule en rien la performance».