Le champion en titre Alberto Contador et son principal rival Andy Schleck n'ont pas encore eu l'occasion de se défier l'un l'autre cette année au Tour de France. Ils ont été trop occupés jusqu'ici à éviter les blessures graves au fil des neuf premiers jours d'une course fébrile, qui a fait relâche lundi le temps d'une journée de repos.

Si Contador a déjà chuté deux fois, l'Espagnol peut s'estimer quelque peu chanceux de s'en être tiré seulement avec une contusion au genou droit, puisque plusieurs autres coureurs ont dû déclarer forfait en raison de blessures graves. C'est notamment le cas du Kazakh Alexandre Vinokourov (fracture du fémur) et du Britannique Bradley Wiggins (fracture de la clavicule).

«C'est peut-être le plus difficile début du Tour de France que j'ai vécu, a déclaré Schleck, de l'équipe Leopard-Trek. La nervosité était palpable lors de plusieurs étapes.»

Contador s'interroge quant à savoir s'il pourra miser sur son accélération habituelle dans les montées au moment d'aborder les étapes de montagne plus tard cette semaine. Il s'est entraîné avec ses coéquipiers, lundi matin, mais il est conscient qu'il ne pourra vraiment évaluer sa condition que lorsque la course reprendra mardi.

«Je suis un peu inquiet car, avec une blessure au genou, vous ne pouvez pas rouler au même rythme que d'habitude, a déclaré Contador, qui montre une enflure à l'intérieur de son genou droit. Je veux rester optimiste que ça ira mieux avant la première étape pyrénéenne, mais je n'ai aucune idée de la façon dont mon genou va réagir.»

Schleck, vice-champion du Tour ces deux dernières années, est reconnaissant d'avoir eu plus de chance que ses rivaux.

Contador a chuté au début de la neuvième étape dimanche - qui a plus tard été fatale à Vinokourov - et il s'est cogné le même genou qu'il s'était blessé en tombant pendant la cinquième étape.

«C'est triste de voir comment la chance a influencé le cours de la course, a précisé Schleck. Vous pouvez éviter les collisions dans une certaine mesure, en restant à l'avant du peloton et être très conscient des dangers possibles.»

Mais aucune stratégie de course ne peut expliquer un incident comme celui où l'Espagnol Juan Antonio Flecha et le Néerlandais Johnny Hoogerland ont été happés par une voiture accompagnatrice, dimanche.

«C'est vraiment hors de notre contrôle, a poursuivi Schleck. Nous nous estimons très chanceux qu'aucun des membres de notre équipe n'ait été impliqué dans une grosse chute.»

Flecha a rappelé l'incident.

«Je saignais partout. J'ai vu Johnny allongé là, et j'ai dit «Wow»', s'est-il souvenu.

Avec un Contador qui est tracassé par un genou endolori, Schleck voudra mettre à l'épreuve la forme réelle du triple champion à partir de jeudi dans les Pyrénées. Schleck est dans le siège du conducteur, car Contador doit combler un retard, un rôle inversé par rapport à l'an dernier quand Contador avait devancé Schleck par 39 secondes pour gagner son troisième titre.

«Je ne suis pas aussi frais que les années précédentes, a conveu Contador. Mais je ne veux pas utiliser cela comme une excuse.»

Contador a perdu un temps précieux lors de la première journée du Tour, quand il est resté coincé derrière à la suite d'une chute collective qui a divisé le peloton tandis Schleck est resté devant.

Comme dans un tirage au sort, Schleck a joué de chance ce jour-là. Il détient une priorité de 1:30 devant Contador au classement général, et il est 11 secondes derrière le double vice-champion du Tour, l'Australien Evans Cadel, l'autre principal rival.

«Jusqu'ici tout va bien, l'équipe a été formidable, me gardant à l'écart des ennuis, et si elle pouvait continuer comme ça, je serais très, très heureux», a déclaré Evans.

Après la journée de repos de lundi, il y a deux étapes de plaine pour les sprinters avant l'entrée en scène des Pyrénées pour la 12e étape, avec la redoutable ascension du Col du Tourmalet - l'une des plus célèbres du Tour.

Cette étape est si exigeante qu'elle pourrait décimer le peloton.

Voeckler s'est porté en tête du classement après avoir ravi le maillot jaune à Thor Hushovd, tandis que l'Espagnol Louis Leon Sanchez, vainqueur de la neuvième étape, est deuxième. Mais les deux ne sont pas des aspirants sérieux à la victoire finale.

Le Canadien Ryder Hejesdal occupe le 48e rang au classement général, à 9:33 du meneur, le Français Thomas Voeckler.