Lance Armstrong est revenu dimanche matin, dans le TGV qui amenait le peloton au départ de la dernière étape du Tour de France à Longjumeau, sur sa dernière Grande Boucle qu'il «ne pouvait pas abandonner» malgré un résultat pas à la hauteur de ses attentes.

L'Américain, septuple vainqueur du Tour, a confirmé que cette Grande Boucle était sa dernière course professionnelle de l'année.

Q: Ce Tour était un Tour de trop ?

R: «Sportivement ? Je n'ai pas couru aussi bien que ce que j'aurais voulu. Je pensais que j'étais prêt. J'ai bien commencé, il y a eu cette crevaison sur les pavés, les chutes... La première chute, je n'ai pas perdu du temps mais je n'ai jamais récupéré totalement, la deuxième a été le clou dans le cercueil. Mais je pensais, après l'an dernier et le début de course, que je ferais mieux que l'an dernier» (3e).

Q: Que tirerez-vous personnellement de ce Tour ?

R: «Je ne pouvais pas abandonner. J'aurais pu dire «j'ai chuté deux fois»,  trouver une douzaine de choses qui ne se sont pas bien passées. Le résultat n'est pas idéal mais ç'aurait été une grosse erreur d'abandonner l'équipe, le sponsor, mes fans...»

Q: Vous reverra-t-on toujours autant ou allez-vous disparaître ?

R: «Je ne courrai pas cette année, sauf quelques événements en loisir. Je n'ai pas décidé si je ferai des choses l'an prochain. A Austin (sa ville), vous me verrez rouler avec mes enfants, il y aura d'autres événements de charité... Au moins pour la fin de l'année, il n'y aura pas de courses professionnelles.»

Q: Renoncer à la compétition est-il plus facile après votre résultat de cette année ?

R: «Je pense. Je suis fixé sur ma compétitivité pour les quarante prochaines années ! Ca m'amènera à 80 ans et après je pense que je n'aurai pas envie de faire un come-back ! Il y a d'autres formes de compétition. Je peux me lancer des défis au marathon, me mettre des objectifs personnels pour me dépasser...»

Q: Et l'enquête judiciaire qui vous vise sera aussi une compétition...

R: «Ce sera très compétitif. On mettra la meilleure équipe. Mais au final ce sera une compétition juste. Aujourd'hui, ça ne l'est pas mais au final, ça le sera. J'aurai l'occasion d'exprimer mon point de vue. Je suis 100% confiant. Tout sera dit.»

Q: Les accusations de dopage de votre ancien équipier Floyd Landis vous ont-elles perturbé ?

R: «Quelqu'un qui dit qu'il veut soulager sa conscience et en même temps incrimine une douzaine de personnes et ajoute +Je n'ai pas de regrets de ce que j'ai fait+, ça ne va pas ensemble. C'est juste quelqu'un qui veut ruiner la vie d'autres. Est-ce que ça m'embête ? Oui. Ce n'est pas sincère.»

Q: Certains disent que ça a «ruiné» votre Tour...

R: «Je ne dirai pas ça. Dans dix ans, quand je me rappelerai de ce Tour, ce ne sera pas le souvenir que j'en aurai.»

Q: Quel sera-t-il ?

R: «Plusieurs choses. Bien sûr, je n'aurai pas de maillot jaune à me rappeler, mais il y a le fait que l'équipe se soit battue pour avoir le classement par équipes, avoir eu mon fils pendant une semaine sur le Tour, la malchance, les chutes...»

Q: Quelle est la suite pour vous ? On parle de politique, il y a aussi des questions judiciaires...

R: «On m'interroge beaucoup sur la politique. Il ne faut jamais dire jamais. Mais les chances sont faibles. Les deux choses sont des questions politiques. En tant qu'Américain, il faut demander à nos dirigeants +Faites-vous ce qui est dans notre intérêt ?+ sur l'environnemennt, le système de santé... Beaucoup de gens répondent +oui+. Est-ce que laisser des agents traquer des athlètes sans preuves et détruire la crédibilité est une bonne utilisation des impôts des Américains ? Je pense que beaucoup de gens diraient +non+.»

Q: Comprenez-vous les doutes qu'il y peut y avoir sur vous dans le public ?

R: «Bien sûr. Mais ça a commencé en 1999, je suis vacciné contre ça. Il y a des gens qui disent +il n'a rien fait+, d'autres qui disent +il l'a fait+, d'autres qui disent +il l'a fait mais tout le monde le faisait donc ça me va+... Chacun donne des arguments pour alimenter sa thèse. J'ai renoncé depuis longtemps à combattre ça. Ca ne m'empêchera pas d'avoir ma fondation, de faire ce que je veux de ma vie. Ces doutes s'appliquent à tous les champions: Thévenet, Hinault, Fignon, LeMond, tout le monde. Dans quelques années, je serai un de ces anciens et il y aura un autre coureur dans l'oeil du cyclone. En ce moment, depuis dix ans, c'est moi.»