Après une première semaine haletante, carrément inespérée côté spectacle, pas le temps de souffler. Place à la montagne dès aujourd'hui. Avant de passer sur le petit plateau, bilan et perspectives avant les Alpes.

Ryder Hesjedal peut-il saisir le maillot jaune?

Farfelu? Pas tant que ça. Sur ce type de terrain, en particulier aujourd'hui aux Rousses, le Canadien en a les capacités physiques. Le leader, Fabian Cancellara (-46 secondes), et son dauphin, Geraint Thomas (-26 secondes), ne sont pas si loin. Mais Hesjedal sera surveillé de près. Et tout dépendra de la stratégie de Garmin et des circonstances de course. Peut-être pense-t-on déjà long terme et voudra-t-on consolider sa quatrième place au général plutôt que de jouer un coup à l'issue imprévue. Il y a aussi Cadel Evans, lui aussi formé au vélo de montagne, qui détient une priorité de sept secondes sur Hesjedal. Mais l'Australien sera davantage intéressé à surveiller les autres prétendants à la victoire finale. En tout cas, l'occasion est belle: il y a 20 ans, jour pour jour, Steve Bauer a été le dernier Canadien vêtu de jaune sur les routes du Tour.

Alberto Contador passera-t-il à l'offensive?

L'Espagnol a évité le pire sur les pavés, ne lâchant que 73 secondes à Evans. Il arrive maintenant sur son terrain. L'an dernier, à Arcalis, il avait grappillé du temps dès la première arrivée au sommet, semant la pagaille chez Astana en ne respectant pas les consignes de Johan Bruyneel. Cette fois, il n'a que lui à qui penser. Demain, l'ascension finale vers la station Avoriaz - 13,1 km à 6,1% - représente une première occasion de reprendre le terrain perdu. Même si on dit la montée plutôt roulante, donc favorable au grimpeur en puissance, Contador ne se gênera pas. Surtout que le difficile col de la Ramaz, parcouru 35 km avant l'arrivée, plombera davantage les jambes de ses adversaires que les siennes. Et le lendemain, c'est le premier jour de repos. Il peut donc tout jeter.

Andy Schleck pâtira-t-il de l'absence de son frère?

Inquiétant lors du prologue de Rotterdam, Andy Schleck a rebondi sur les pavés au moment où, paradoxalement, son frère Frank s'est écrasé. «J'ai regardé Andy dans les yeux à l'arrivée et j'ai vu qu'il était prêt», a déclaré Cancellara à l'issue de cette folle cavalcade. Il reste qu'Andy et Frank étaient inséparables en haute montagne l'an dernier. Certains croient que l'absence de l'aîné pourrait libérer le cadet. À voir. Andy devra maintenant se tourner vers le Danois Jakob Fuglsang, très prometteur mais néophyte sur le Tour, et Chris Anker Sorensen. Dans les Alpes, ça devrait aller, mais ça pourrait se compliquer dans les Pyrénées.

Lance Armstrong a-t-il déjà perdu le Tour?

À 38 ans, est-il définitivement passé de l'autre côté de la pente? Oui, il a crevé, mais il paraît qu'on fait sa chance sur les pavés. Plusieurs commentateurs ont perçu des signes, comme ce rictus inhabituel et ce manque d'aise sur ce terrain particulier. Relégué au 18e rang, à presque deux minutes d'Evans, Armstrong est maintenant condamné à attaquer. Une posture dans laquelle il ne s'est jamais retrouvé lors de ses sept victoires, comme l'a souligné Philippe Brunel, tête pensante de L'Équipe. En revanche, l'Américain est entouré par le groupe le plus aguerri en haute montagne. Les montées alpestres devraient davantage lui convenir que les pyrénéennes. Et il est un survivant, ne l'oublions pas.

AUJOURD'HUI: septième étape, Tournus-Station des Rousses, 165,5 km. Une première étape de moyenne montagne, «plus dure que Liège-Bastogne-Liège», précise Jean-François Pescheux, directeur de l'épreuve. Il y aura une bagarre pour le maillot à pois, avec Jérôme Pineau, actuel porteur, comme acteur principal. Arrivée à la station des Rousses, après l'ascension de la côte de Lamoura (14 km), mais attention aux 4 km de plat avant la ligne. Un choix? Kolobnev, champion russe de Katusha.

DEMAIN: huitième étape, station des Rousses, Morzine-Avoriaz, 189 km. Première explication entre les grands dans les Alpes. Ce sera Contador.

Le tweet du jour: David Zabriskie, pince-sans-rire, commentant une bataille à coups de roue à la ligne d'arrivée entre deux coureurs: «Jamais compris comment on peut penser que la roue avant fait une bonne arme...»