Un an après la guerre larvée les ayant opposés dans la même équipe, Alberto Contador et Lance Armstrong se retrouvent aujourd'hui sur les routes du Tour de France. Cette fois, ce sera clair. D'un côté, l'Espagnol dans son maillot turquoise Astana. De l'autre, l'Américain dans son maillot rouge de RadioShack pour son 13e et dernier Tour. Place à l'affrontement, visières levées.

Tout le monde s'entend: Alberto Contador est l'hyper favori de ce 97e Tour de France, qui s'ébranle ce matin avec le prologue à Rotterdam. L'Espagnol de 27 ans cherchera à décrocher un troisième maillot jaune en trois participations - il n'était pas là en 2008 - ce qui lui permettrait de rejoindre Philippe Thys, Louison Bobet et Greg Lemond au palmarès. Impérial en haute montagne, il a accru son travail au contre-la-montre, une spécialité où il excellait déjà.

 

Les frères Schleck, Cadel Evans, Bradley Wiggins, Ivan Basso, voire Menchov, Kreuziger, Gesink... Les prétendants au trône seront nombreux parmi les 198 partants, soit 18 de plus que l'an dernier. Et si Lance Armstrong, le septuple gagnant, était le mieux placé pour faire dérailler les projets de Contador.

À 38 ans, bientôt 39, Armstrong reconnaît lui-même la supériorité physique de Contador. Mais trois semaines et 3646,9 kilomètres sur un vélo, c'est long, et bien des choses se décideront sous le casque protecteur et dans la voiture du directeur.

À ce jeu, le Texan est le mieux outillé. En quittant Astana pour fonder la nouvelle équipe RadioShack, Armstrong a emmené dans son sillage la presque totalité de son équipe du Tour 2009. En fait, soustrayez Contador et Haimar Zubeldia, additionnez Chris Horner et Janes Brajkovic, et vous obtenez la même équipe en 2010. Bien sûr, Johan Bruyneel aura encore le volant du directeur, comme ce fut le cas lors des sept victoires d'Armstrong.

«Je ne crois pas que Lance puisse rivaliser avec la jeunesse de Contador et sa capacité à atteindre son plus haut niveau. Mais le noyau dur de son groupe est intelligent et tout peut arriver au Tour de France, rappelle Steve Bauer, quatrième du Tour 1988. Si on profite des circonstances, on ne sait jamais.»

Justement, les premières étapes se prêtent bien aux coups fourrés. Il y aura les grands vents de la mer du Nord (première étape), le terrain accidenté des Ardennes belges (deuxième étape) et, surtout, les pavés de Paris-Roubaix (troisième étape), où Armstrong prévoit ni plus ni moins qu'un «carnage».

Contador s'est préparé en conséquence en participant à des reconnaissances avec le spécialiste Peter Van Petegem. Le Tour ne s'y gagnera pas, entend-on souvent, mais pourrait s'y «perdre», reconnaît l'Espagnol.

Sur ce terrain, Contador pourra compter sur la présence rassurante d'Alexandre Vinokourov, capitaine de route d'Astana, et de Maxim Iglinsky. Andy Schleck sera pour sa part protégé par Fabian Cancellara et le reste de la Saxo Bank, l'équipe la plus équilibrée selon plusieurs experts.

La montagne

Si Contador évite les pièges de la première semaine, il s'en trouvera peu pour parier contre lui dans les Alpes et, encore plus, les Pyrénées, plat de résistance de la Grande Boucle.

Pour le 100e anniversaire du premier passage dans les Pyrénées, les coureurs s'attaqueront aux deux versants du Tourmalet lors de deux étapes consécutives, avant et après la dernière journée de repos. La deuxième fois, le 22 juillet, l'arrivée sera jugée au sommet après une ascension de 18,6 km à 7,5%.

En théorie, cela devrait favoriser Contador et ses démarrages secs, qui «n'ont pas d'égaux et sont inégalables», avouait Armstrong dans une entrevue récente au Men's Journal. «Mais elles ne durent pas nécessairement non plus. On doit donc être un petit peu plus patient.»

Avant l'arrivée à Paris, le 25 juillet, Contador et Armstrong auront rendez-vous pour le seul long contre-la-montre du Tour, 52 km entre Bordeaux et Pauillac. Il fut une époque où l'Américain aurait été établi favori, mais l'ascendant dans l'exercice solitaire appartient dorénavant à l'Espagnol.

Alors, quelqu'un pour miser un peu d'argent sur le vieux Armstrong? «La plupart des gens croient qu'il ne peut pas gagner, mais je lui donne une chance, répond Steve Bauer. Je ne dirai jamais que Lance ne l'a plus. Ce serait courir après le trouble!»

LE TOUR SUR ÉVASION

Pour la huitième année, le canal Évasion se met en mode Tour de France en juillet. À l'exception du prologue, présenté à 11h30 aujourd'hui, les 20 étapes seront télédiffusées en direct à partir de 8h30, avec rediffusion à 19 h. Richard Garneau et Louis Bertrand accompagneront encore les auditeurs, tout comme le consultant Bernard Vallet, qui sera en studio dès le début du Tour. Pour les abonnés d'Illico qui sont pris au bureau, le Tour pourra être suivi sur l'internet sur le site illicoweb.tv.