Le tennis canadien semble avoir une formidable capacité de former de jeunes championnes. Le début de saison a permis à deux d'entre elles, Rebecca Marino et Eugénie Bouchard, de confirmer leur potentiel et d'effectuer des bonds spectaculaires au classement mondial. Toutes deux étaient de passage au stade Uniprix, jeudi, une belle occasion pour faire le point avec elles.

À 20 ans, Marino n'est plus une débutante, mais elle a mis un peu plus de temps à développer son jeu tout en puissance. Encore sixième joueuse au Canada la saison dernière, elle a profité des blessures des unes et de la stagnation des autres pour se propulser au premier rang national.

Désormais 60e mondiale, Marino a atteint récemment la première finale WTA de sa carrière, à Memphis, s'inclinant sur blessure devant la Slovaque Magdalena Rybarikova.

«J'étais déçue que ça se termine de cette façon, a avoué Marino. J'ai déjà beaucoup joué cette saison et, avec les voyages et les déplacements, je sentais que j'avais besoin d'une pause. La blessure (une déchirure musculaire à l'abdomen) n'est pas trop grave et elle me force à prendre une pause qui m'aidera sûrement plus tard cette saison.»

La progression de Marino lui ouvre les portes de tournois plus relevés (et plus payants), mais elle devra encore passer par les qualifications à Indian Wells et à Miami, deux gros tournois conjoints ATP/WTA disputés aux États-Unis.

«Je prévois jouer à Indian Wells, puis à Nassau aux Bahamas (un challenger 100k) et à Miami. Il y aura ensuite la Fed Cup, où j'espère être sélectionnée pour aller affronter la Slovénie en barrage du Groupe mondial II.»

Marino ne prévoit disputer qu'un tournoi sur terre battue (pas vraiment sa meilleure surface...) avant Roland-Garros, mais elle a davantage d'ambitions sur le gazon anglais. «Mon service est sûrement un atout sur cette surface, mais je devrai m'appliquer à rester basse - la balle ne rebondit pas beaucoup sur le gazon - et ce n'est pas évident pour moi...»

Du haut de son 1,85 m, Marino est en effet l'une des grandes joueuses du circuit féminin. Elle a toutefois beaucoup progressé en mobilité depuis quelques mois à l'instigation de son entraîneur Simon Larose. La jeune femme de Vancouver, qui passe plus de temps au Centre national d'entraînement de Montréal, a aussi amélioré sa maîtrise du français.

«J'ai passé mon examen final à l'université, a-t-elle raconté. Je n'avais pas étudié autant que je l'aurais voulu et certaines questions sur le subjonctif m'ont embêtée. Mais je suis fière d'être allée au bout du processus.»

Eugénie Bouchard, plus forte

Moins médiatisée, la progression d'Eugénie Bouchard a pourtant été aussi spectaculaire que celle de Marino. La joueuse, qui a fêté ses 17 ans hier, est en effet passée au 16e rang du classement mondial junior et au 390e du classement professionnel.

Demi-finaliste des Internationaux d'Australie junior, elle a remporté la semaine suivante un premier tournoi professionnel. «J'étais heureuse de ma performance à Melbourne, même si j'aurais aimé aller plus loin, mais mon premier titre pro était encore plus important», a-t-elle commenté.

«La clé de mes succès actuels est sans doute ma forme physique, a-t-elle poursuivi. J'ai vraiment travaillé très fort l'automne dernier sur ma préparation. J'ai toujours l'impression que je suis capable de passer des heures sur le court et, même en fin de match, je sais que je suis plus forte que mes rivales.»

La jeune femme de Westmount aurait également pu parler de sa détermination. Passionnée par le tennis, elle n'a passé que quelques jours à Montréal à son retour d'Australie. Avec son entraîneur Martin Simmer, elle est déjà de retour à l'entraînement, aux États-Unis, avant de reprendre la compétition sur le circuit junior.

«En tant que junior, je ne peux participer qu'à un nombre limité de tournois professionnels, a expliqué Bouchard. Je vais sûrement jouer dans des tournois au Canada, où Tennis-Canada octroie des laissez-passer, et dans quelques autres.

«Je vais aussi jouer dans plusieurs tournois juniors, dont bien sûr les Grands Chelems juniors, à Roland-Garros ou à Wimbledon par exemple, en tentant de faire aussi bien qu'en Australie.»