La Québécoise Eugénie Bouchard disputait la nuit dernière les demi-finales des Internationaux juniors d'Australie.

La joueuse de 16 ans, actuellement 21e junior au monde et 14e favorite à Melbourne, affrontait la cinquième favorite, Monica Puig, de Porto Rico, une fille avec laquelle elle joue régulièrement en double.

La Montréalaise n'a perdu que 12 jeux en quatre matchs depuis le début du tournoi, disposant notamment de l'Américaine Lauren Davis, troisième mondiale, en deux manches de 6-0, 6-3 au troisième tour.

«Je suis contente d'avoir pu me rendre jusqu'ici, a-t-elle confié en conférence de presse. J'ai toujours réussi à prendre l'avantage rapidement et à jouer de façon agressive. Contre Puig, je vais oublier le double et ne penser qu'à la battre.»

Aleksandra Wozniak a été la dernière Québécoise à aller si loin dans un tournoi majeur junior, s'inclinant en demi-finale à Melbourne en 2005 face à Victoria Azarenka.

La Canadienne Sonya Jeyaseelan a été la seule à atteindre la finale d'un Grand Chelem junior, à Roland-Garros en 1994, tandis que Peter Polansky (US Open 2006) et Daniel Bester (Roland-Garros 2006) l'ont réussi chez les hommes.

Beaucoup de maturité

Bouchard s'entraîne depuis le mois d'août avec Martin Simmer et elle semble avoir acquis beaucoup de maturité. Les bons résultats se sont succédé depuis l'automne et elle a remporté, avec Puig justement, le double du tournoi préparatoire de Traralgon, en Australie, la semaine dernière.

Louis Borfiga, le responsable du développement des joueurs à Tennis Canada, est évidemment heureux des performances de sa jeune protégée. «Tout le monde ici sait qu'elle a du talent et qu'elle travaille sans relâche pour progresser, a-t-il souligné.

«Ce qu'elle fait cette semaine en Australie est très bien, a poursuivi Borfiga. Elle joue avec confiance et impose son style de jeu, quelle que soit l'adversaire.

«Cela dit, ce n'est qu'une étape dans son développement. Elle devra utiliser ce bon résultat comme source de motivation, mais rester humble et ne pas oublier tout le chemin qu'elle aura encore à parcourir.»

Un passage critique

Bien entraînée et soutenue par des parents bien au fait des exigences de la vie d'athlète, Bouchard devra éviter de «brûler les étapes», selon Borfiga.

«Elle approche lentement d'une période importante de sa carrière, quand elle devra bientôt faire la transition entre les rangs juniors et le circuit professionnel. Ce passage est toujours critique, car le joueur doit s'adapter à plusieurs choses en même temps.

«Nous avons la chance au Canada de pouvoir offrir à nos meilleurs espoirs la possibilité de jouer à l'étranger, de voyager et de découvrir lentement la carrière qui attend certains d'entre eux. Nous pouvons aussi leur offrir la possibilité de disputer des tournois professionnels, alors qu'ils sont encore juniors, grâce aux laissez-passer dont nous disposons.

«Eugénie en a profité, comme d'autres, et c'est satisfaisant de voir qu'elle en a tiré profit. Mais n'allez pas imaginer qu'elle sera bientôt avec les grandes à Roland-Garros ou à Wimbledon; je le répète: elle a encore un bon bout de chemin à parcourir.»

Bouchard a justement l'occasion de surveiller les meilleures joueuses du moment, cette semaine, à Melbourne. Et coup de chance, ce sont deux de ses favorites, Kim Clijsters et Li Na, qui seront de la finale.