Justine Henin a l'occasion de signer son incroyable retour par une victoire sur Serena Williams samedi en finale de l'Open d'Australie, mais la Belge assure qu'elle a déjà réussi son tournoi.

Il y a un an, jour pour jour, Justine était au Congo et le tennis belge dans la déprime. «J'étais très loin du tennis», souligne la Wallonne, alors en mission pour l'Unicef en Afrique. La Belgique, décapitée par le départ de Henin et Jim Clijsters, était elle «très loin» des finales du Grand Chelem.

Et puis tout a changé. Yanina Wickmayer s'est révélée, au point de devenir lundi la nouvelle N.1 nationale. Et les championnes, Clijsters la Flamande et Henin la Liégeoise, sont sorties de leur retraite pour extirper la Belgique de son trou et le tennis féminin de sa torpeur.

«C'est quand même une histoire incroyable», reconnaît Serena Williams qui a pour tâche, samedi, de rendre la saga un peu moins belle. Pas pour Justine, qui clame haut et fort qu'elle a «déjà gagné». Non pas la finale, une des plus belles affiches depuis longtemps, mais son pari de redevenir compétitive après dix-huit mois d'arrêt.

Clijsters, qui a remporté l'US Open en septembre dès son troisième tournoi après une pause de deux ans, lui a montré que c'était possible. Mais elle lui a aussi mis une sacrée pression, car échouer là où sa compatriote et rivale a réussi serait incompatible avec sa fierté de championne.

Avoir atteint la finale dès le premier tournoi, à Brisbane face à... Clijsters, l'a rapidement rassurée. A Melbourne, les six victimes de Henin ont souligné qu'elle jouait «au moins aussi bien qu'avant et probablement mieux».

«Plus adulte»

Justine confirme qu'elle «frappe la balle «comme rarement dans le passé». A 27 ans, elle insiste pour dire qu'elle est aussi «plus épanouie, plus adulte». Forte d'une «richesse» qu'elle n'avait pas il y a deux ans lorsqu'elle «étouffait».

«Je suis revenue à mon premier amour mais il y a autre chose dans ma vie aujourd'hui», dit-elle. C'est pour tout ça qu'elle se sent «déjà gagnante à tous les niveaux». «Remporter le tournoi serait la cerise sur le gâteau. Mais ce que je ressens est magnifique.»

Son adversaire en finale ne voit pas forcément les choses du même oeil. «Je ne suis pas venue ici pour défendre mon titre mais pour le gagner», prévient la N.1 mondiale en lice pour une douzième victoire en Grand Chelem.

Henin, non-classée comme Clijsters à l'US Open, vise elle un huitième trophée majeur qui lui permettrait de faire une rentrée fracassante dans le Top 25 lorsqu'elle aura joué un troisième tournoi

En attendant, l'ancienne N.1 mondiale réussit la gymnastique de «savourer l'instant présent» tout en se projetant déjà plus loin. «Si je gagne, j'aurai réussi un merveilleux retour. Mais je vous assure que je recommencerai très vite à travailler. Car ma reprise ne s'arrête pas à Melbourne», souligne celle qui oscille sans cesse entre +zenitude+ affichée et ambition déclarée.

«Je suis beaucoup plus relax qu'avant. J'espère que ce n'est pas parce que c'est le début et que je ne vais pas de nouveau devenir folle dans six mois.»