Il n'y avait qu'un seul Québécois au tableau principal cette année, mais il a failli créer l'une des plus grandes surprises de l'histoire du tennis québécois à la Coupe Rogers.

À pareille date l'an dernier, Erik Chvojka se préparait à ranger ses raquettes et à entamer son bac en génie à l'Université McGill. «J'étais fatigué, souvent blessé, et les blessures, ça démotive», a-t-il dit.

Après deux semaines sur les bancs d'école, le Montréalais de 24 ans a mis sa retraite sportive en veilleuse. Si bien qu'hier, sur un court Banque Nationale bondé, Chvojka, 290e au monde, a poussé la 21e raquette mondiale, Alexandr Dolgopolov, dans ses derniers retranchements. Dolgopolov, quart de finaliste et tombeur de Robin Soderling et de Jo-Wilfried Tsonga à l'Open d'Australie en début d'année, l'a finalement emporté en trois manches de 6-3, 5-7 et 6-4. «J'étais très nerveux en début de match, je n'avais jamais joué devant d'aussi grandes foules», a dit Chvojka, qui a en a impressionné plusieurs par sa persévérance et son sang-froid à son premier match sur le circuit de l'ATP.

Il faut dire que le match ne se jouait pas vraiment à armes égales. Enfant, Dolgopolov voyageait déjà sur le circuit professionnel de l'ATP, où son père entraînait son compatriote ukrainien Andrei Medvedev, finaliste à Roland-Garros en 1999. Haut comme trois pommes, il lui arrivait d'échanger des balles avec les meilleurs joueurs du monde. Chvojka, lui, a touché sa première raquette de tennis à 11 ans. «Je suis un late bloomer, dit-il. J'ai seulement gagné mon premier championnat canadien à 15 ans.»

À 17 ans, Chvojka a décliné les offres d'universités américaines pour tenter sa chance chez les pros. Il a dû se contenter de tournois de moindre envergure, des Futures et des Challengers, au mieux les qualifications de la Coupe Rogers grâce à un laissez-passer de Tennis Canada.

En 2009, il en a eu assez du tennis professionnel et a pris des cours au collège Dawson. L'été suivant, en attendant d'entrer à l'université, il a décidé de jouer quelques tournois pour le plaisir. Sa passion du tennis était trop forte. «J'ai retrouvé la forme et je me suis dit que je pourrais faire mes études plus tard, mais pas ma carrière au tennis, raconte Chvojka. Ma famille m'a encouragé à tenter ma chance une autre fois.»

Des encouragements qui l'ont mené, un an plus tard, à quelques points d'une victoire devant les siens à son premier match sur le circuit de l'ATP. «Je suis fier de jouer sur l'un des terrains principaux du parc Jarry, où j'allais voir les matchs plus jeune», dit Chvojka, qui n'a pas d'entraîneur, mais qui bénéficie tout de même des conseils de Frédéric Niemeyer.

Malgré sa défaite, la Coupe Rogers d'Erik Chvojka n'est pas terminée: il jouera en double en compagnie de Pierre-Ludovic Duclos, de Sainte-Foy. Le duo québécois affrontera Andy Murray et son frère Jamie en première ronde.

Erik Chvojka, qui n'a jamais terminé une saison dans le top 400 avant cette année, veut percer le top 200 d'ici la fin de l'année afin de participer aux qualifications de l'Open d'Australie. Ce serait le premier tournoi du Grand Chelem de sa carrière de «late bloomer».

Gulbis gagne à l'arraché, Nadal perd en double

Mêlé malgré lui à la controverse des laissez-passer, le Letton Ernests Gulbis, 22 ans, a démontré pourquoi Tennis Canada l'a préféré à un joueur canadien en remportant son premier match à la Coupe Rogers contre l'ex-numéro un mondial Juan Carlos Ferrero, maintenant 104e mondial, en trois manches de 3-6, 6-1 et 7-5.

Le Suisse Stanislas Wawrinka, 14e tête de série, l'Italien Thomaz Belluci, le Sud-Africain Kevin Anderson, le Russe Nikolay Davydenko et les Croates Ivo Karlovic, Marin Cilic et Ivan Dodig ont aussi avancé en deuxième ronde en simple.

En double, le nouveau monarque du tennis Novak Djokovic et son compatriote serbe Janko Tipsarevic ont vaincu Mark Knowles et Philipp Petzchner par la marque de 5-7, 6-3 et 12-10 (jeu décisif). Les Espagnols Fernando Verdasco et Feliciano Lopez ont quant à eux battu la paire canadienne composée de Vasek Pospisil et Adil Shamasdin en deux manches de 6-4 et 6-3.