Juste comme on craignait que la Coupe Rogers perde toutes ses têtes d'affiche, Serena Williams a offert un spectacle digne de sa réputation. Multipliant les services gagnants, les «passing» imparables et même quelques acrobaties - comme un grand écart après un coup décisif -, elle s'est qualifiée facilement pour le troisième tour en battant la Kazakhe Yaroslava Shvedova, 6-3, 6-2.

Sur un circuit féminin où les joueuses se ressemblent souvent, autant sur le court qu'à l'extérieur, Serena Williams se démarque aussi nettement qu'une grande diva sur une scène. L'Américaine est devenue cette année l'athlète féminine la plus riche de l'histoire du sport professionnel avec des gains de près de 26 millions en carrière.

Pourtant, à 27 ans, elle est restée la petite fille un peu gâtée qui, après avoir fait la vie dure à ses parents et à ses soeurs, se paie maintenant la tête du monde du tennis. Lundi, pendant la conférence de presse du top 8 de la WTA, elle s'est présentée vêtue de jaune, vernis à ongles inclus. Bien difficile de la manquer...

«Je pense m'être calmée», a-t-elle toutefois commencé, sans doute pour amadouer les journalistes. Et pour être certaine de son effet, la voilà qui échappe son portable rose au sol. En deux secondes, tous les journalistes étaient sous la table, sauf moi, de l'autre côté. «C'est déjà fini?» m'a-t-elle lancé, amusée, avant de récupérer son téléphone.

Mais la championne de 11 titres du Grand Chelem est aussi consciente de sa position. «Le circuit féminin progresse bien depuis quelques années. Il y a encore des problèmes - comme ces obligations de jouer souvent sans beaucoup de repos -, mais c'est mieux qu'avant.»

Serena Williams regrette que la WTA en soit venue à imposer des amendes pour forcer les joueuses à participer à des tournois comme la Coupe Rogers ou les Internationaux d'Italie, à Rome. «Mais j'aime bien jouer au Canada, a-t-elle assuré. J'ai été malchanceuse ces dernières années, avec beaucoup de blessures, mais c'est toujours un plaisir de venir à Montréal ou Toronto.

«Et même si j'ai souvent gagné et que je suis probablement plus motivée par les tournois du Grand Chelem, je m'efforce toujours de bien faire, d'offrir le meilleur de moi-même. Par respect pour le public et parce que j'aime le tennis.»

Et cette chicane avec Dinara Safina pour le premier rang du classement? «Dinara mérite son numéro 1, a répondu Serena sans hésiter. La constance est importante au tennis et je n'ai guère été constante cette année, malgré mes deux titres majeurs. En fait, je n'ai été régulière que deux ou trois semaines... Ce n'est pas suffisant.»

Plus calme donc, Serena ne perd toutefois jamais ce sens de l'humour. Ainsi, la présence à Toronto de Monica Seles, une de ses idoles de jeunesse, l'a amenée à parler de ses fameux cris.

«J'admirais beaucoup Monica à cause de son jeu offensif et... parce qu'elle criait fort, comme moi déjà quand j'étais jeune. Les gens ont fait plein d'histoires avec ça, mais je crois qu'il faut plutôt en rire.

«Pour moi - et pour toutes les autres qui font cela, je crois -, il s'agit d'une manière de respirer. Je n'y pense jamais avant de le faire et c'est ridicule de penser que je puisse me servir de cela pour déranger mes adversaires.»

Depuis des années, Serena Williams n'a d'ailleurs besoin que de ses coups puissants et de sa rage de vaincre incomparable pour accumuler les titres. Dans deux semaines, à New York, elle sera la grande favorite du US Open, qu'elle pourrait remporter pour la quatrième fois.