Peu de joueuses sur le circuit font autant l'unanimité que Kim Clijsters. Toujours souriante, toujours disponible, la Belge avait hérité du surnom «Miss Personnalité» avant de prendre tout le monde par surprise en annonçant sa retraite de la compétition, en mai 2007, à seulement 23 ans.

C'est que derrière son image de «golden girl», Clijsters ne s'amusait plus. Ses amours déçues avec le joueur australien Lleyton Hewitt avaient certes fait la manchette, mais elle ne trouvait plus sur les courts la motivation pour rester au sommet.

«Je m'ennuyais, c'est vrai, a-t-elle rappelé, en rencontre de presse. J'avais été numéro 1, j'avais remporté un tournoi du Grand Chelem (les Internationaux des États-Unis en 2005). Je ne trouvais rien pour me convaincre de continuer, alors que j'avais envie d'une vie de famille.»

Sa rencontre avec l'Américain Brian Lynch, un joueur de basketball évoluant en Europe, leur mariage en 2007, puis la naissance de leur fille Jada Ellie, en février 2008, ont comblé le vide qui minait la carrière de la Belge.

«Je n'ai jamais regretté ma décision, a souligné Clijsters. C'était ce que je devais faire. Je n'avais d'ailleurs jamais pensé revenir au jeu, même si je me suis toujours entraînée et que j'ai gardé une bonne forme physique.»

En fait, Clijsters a aussi profité de sa «retraite» pour se rapprocher de sa famille, entre autres de son père Léo, qui est décédé en janvier à la suite d'une longue lutte contre le cancer.

«J'ai eu le privilège d'explorer deux rapports à la vie, a-t-elle noté, avec beaucoup de philosophie. Voir ma fille découvrir le monde, alors que mon père lui faisait ses adieux a été une expérience très riche, souvent émotive et difficile, mais néanmoins pleine d'enseignements. Je suis convaincue que je suis une bien meilleure personne aujourd'hui que quand j'ai quitté le circuit.»

Des objectifs modestes, des rivales inquiètes

C'est évidemment avec l'appui de son mari et de son entourage que Clijsters a pris la décision de revenir au jeu. Toute la famille, mais aussi un entraîneur, un préparateur physique, un relationniste et une nounou sont avec elle à Toronto.

Battue seulement en quart de finale et par la favorite Dinara Safina à son retour à Cincinnati, la semaine dernière, Clijsters refuse de dévoiler ses objectifs. «Tout ce que je veux dire, c'est que mon but est d'arriver à un équilibre entre ma vie de mère et de femme, d'une part, et ma carrière d'autre part.»

Qu'importe, ses rivales sont «ambitieuses» pour elle. «Elle est déjà au niveau du top 10», a estimé Serena Williams à Cincinnati, ajoutant: «J'ai plus l'air d'une femme qui a donné naissance à un enfant qu'elle!»

Safina, qui l'a affrontée, juge qu'elle peut gagner des tournois, et Venus Williams rappelle qu'elle a trois ans de moins qu'elle.

«Elle est encore très jeune et joue comme si elle n'avait jamais arrêté la compétition, a dit de son côté la Russe Elena Dementieva. Nous avons besoin de joueuses comme elle sur le circuit. Sa popularité est un atout.»

L'Américaine Lindsay Davenport, revenue au jeu avec succès en 2007 après avoir donné naissance à un garçon, a échangé des conseils avec Clijsters. «Je crois qu'elle pourrait bien devenir la première mère à gagner un tournoi du Grand Chelem depuis que (Evonne) Goolagong l'a fait en 1980.»

En attendant d'éventuels titres, Clijsters a poursuivi, hier, son inspirant retour en disposant de la qualifiée britannique Elena Baltacha, 104e mondiale, 6-3, 6-4.