Une grande majorité de fans auraient probablement souhaité une demi-finale opposant l'Américain Andy Roddick à l'Espagnol Rafael Nadal, samedi soir à la Coupe Rogers.

Mais le géant de 6 pieds 6 pouces Juan Martin Del Potro, l'un des joueurs les plus en forme du circuit masculin ces temps-ci, avait d'autres plans pour Rafael Nadal, qu'il a su vaincre 7-6 (5) et 6-1 en fin de soirée vendredi.

À l'instar de l'autre grand champion défait vendredi, Roger Federer, Nadal ne s'est pas présenté à Montréal au sommet de sa forme, ayant lui aussi été éloigné des courts depuis plusieurs semaines.

Nadal menait 5-2 dans les bris d'égalité en première manche quand son adversaire a commencé à multiplier les coups géniaux pour remporter cinq points consécutifs et ravir le set.

Après cette remontée spectaculaire de Del Potro, on a senti le niveau d'énergie de Nadal chuter dramatiquement, et le sixième joueur mondial n'a fait qu'une bouchée de son adversaire dans la seconde manche pour mériter sa deuxième victoire consécutive contre Nadal cette année - chaque fois sur ciment - la dernière remontant au Masters à Miami en mars.

Rafael Nadal ne semblait pas abattu par sa défaite. «J'ai bien joué, je suis très content. J'ai joué mon meilleur niveau de tennis depuis ma blessure. Ce soir, c'était très difficile, autant physiquement que psychologiquement. Tout a été très positif ici cette semaine. Mes genoux vont très bien.»

Roddick, lui, a poursuivi sur sa belle lancée en début de soirée en remportant son match de quart de finale par 6-4 et 7-6(4) contre le Serbe Novak Djokovic, quatrième au monde.

L'Américain de 26 ans, cinquième mondial, connaît ses meilleurs moments en carrière depuis qu'il a remporté l'US Open en 2003.

Son duel épique contre Roger Federer lors de cette finale historique à Wimbledon, en juin, lui a permis de grandir encore davantage aux yeux de la plupart des observateurs de la scène du tennis.

Puis il y a deux semaines, à son premier tournoi depuis Wimbledon, en juin, il a atteint la finale à Washington, qu'il a chaudement disputée à Juan Del Potro, justement, contre qui il s'est incliné 7-6 dans la troisième et dernière manche.

«Je me sentais bien sur le court, a mentionné Roddick après sa victoire. C'est drôle parce que je joue vraiment bien même si, depuis deux semaines, mon service n'est pas aussi efficace que d'habitude. C'est bon signe. Et pour le service, je suis plutôt confiant que ça va revenir.»

Roddick a eu un taux de réussite de 66% lors de ses premiers services, une moyenne correcte, et seulement quatre as. Ses retours de service lui ont en revanche permis de faire la différence. Il a su exploiter le second service de Djokovic en lui prenant 19 points dans ces situations, contre un adversaire pourtant reconnu pour la qualité de ses secondes balles de service, ce qui lui a permis d'obtenir deux bris.

«J'ai été bon lors des retours, et c'est très bien compte tenu du fait que je tentais de lui mettre beaucoup de pression lorsqu'il servait, a dit Roddick. Les retours, c'est une chose, mais j'ai surtout un bien meilleur deuxième coup après mes retours, mon positionnement est meilleur après mon retour.»

Le Serbe n'a pas si mal joué, mais il a gaffé dans des moments cruciaux. Commettre deux double-fautes dans le bris d'égalité, par exemple, pardonne rarement.

«J'ai été proche tout le long du match, mais j'ai fait de mauvais coups au mauvais moment, a admis Djokovic. J'ai commis beaucoup d'erreurs au coup droit.»

Au moment de sa conférence de presse, Andy Roddick ne savait pas s'il allait affronter Rafael Nadal ou Juan Martin Del Porto en demi-finale. «Rafa, c'est Rafa, et Del Porto joue du très bon tennis par les temps qui courent. Je peux certainement vous le confirmer dans le cas de celui-ci (après notre finale à Washington).»

Quand un confrère a demandé à Roddick s'il était curieux de voir dans quelle forme physique serait Nadal advenant un affrontement contre lui, l'Américain a déridé la salle de presse avec sa réponse: «S'il bat Del Potro ce soir, il n'y aura pas à s'inquiéter de sa forme...»

On connaît désormais le résultat. Il confirme tout le bien que pense Roddick de Del Potro.

Photo: PC

Andy Roddick