Clé potentielle de la finale, la rencontre entre Gaël Monfils et Novak Djokovic, les N.1 français et serbe, promet des étincelles dimanche à Belgrade où on attend un grand moment de Coupe Davis.

«Ce match peut être une bombe», a estimé Guy Forget après la démonstration de force des deux leaders face aux lieutenants vendredi. Il sera en tous cas déterminant, peut-être décisif et, tout le monde l'espère, inoubliable.

Tous les ingrédients sont réunis pour en faire un classique: le cadre, l'ambiance, la forme des deux joueurs et leur tempérament. Reste à savoir si Monfils, N.12 mondial, a les armes pour rivaliser avec le N.3 mondial dans son fief.

«Je suis persuadé que oui», souligne Forget qui pense que Monfils a «le jeu pour lui poser des problèmes». «Gaël joue très bien. Même si ce sera un niveau au-dessus avec "Djoko", il a sa chance», souligne aussi son grand pote Gilles Simon qui, lui, n'en a pas eu beaucoup vendredi face au manitou serbe.

Un coup d'oeil sur leurs affrontements suffit cependant à mesurer l'ampleur du défi. Ils se sont rencontrés à cinq reprises, à chaque fois dans de grandes occasions, à Roland-Garros, aux Jeux de Pékin, en finale de Bercy et deux fois à l'US Open, et Djokovic a toujours gagné.

Leur dernier duel, en quarts de finale à Flushing Meadows début septembre, a largement tourné en faveur du Serbe (7-6, 6-1, 6-2) par jour de grand vent où Djokovic a fait parler son expérience des grands rendez-vous.

Leur première rencontre aussi eut lieu à l'US Open, en 2005, où Monfils n'avait que moyennement apprécié le «Djokovic show» fait de simulacres plus ou moins sincères. En fait les deux joueurs se connaissent depuis les juniors.

Palmarès incomparables

«Gaël est quelqu'un de bien, de très intéressant et de très charismatique, comme Tsonga, on voit qu'ils aiment ce qu'ils font», rapporte Djokovic.

Mais le Serbe, même plus jeune (23 ans contre 24 à Monfils), a éclos plus vite et poussé plus loin. Leurs palmarès sont aujourd'hui incomparables.

Djokovic a remporté 18 tournois dont l'Open d'Australie, est arrivé neuf fois dans le dernier carré d'un Grand Chelem et est invaincu en Coupe Davis depuis l'âge de 18 ans. Monfils compte, lui, trois titres à son actif, a seulement joué et perdu une seule demi-finale en Grand Chelem, à Roland-Garros, et ne joue en Coupe Davis que depuis un an.

Le N.1 serbe a déjà livré plusieurs batailles de légende comme lorsqu'il a battu Roger Federer en demi-finale du dernier US Open. Chez Monfils, les victoires de référence au meilleur des cinq sets se comptent sur les doigts d'une main: Ferrer à Roland-Garros en 2008, Ferrer encore et Nalbandian en Coupe Davis 2010, plutôt maigre.

S'il renverse Djokovic chez lui au meilleur des cinq sets dans un match d'une telle importance, ce sera bien le plus grand exploit de sa carrière, très loin devant sa victoire miraculeuse sur Federer à Bercy il y a trois semaines.