A l'heure d'affronter l'Espagne en finale, l'Argentine compte sur l'effet maison et l'absence de Rafael Nadal pour remporter sa première Coupe Davis, ce week-end à Mar Del Plata.

Deux grands joueurs de simples, David Nalbandian et Juan Martin Del Potro. Un adversaire décapité par le forfait du N.1 mondial. Et l'appui d'un public bouillant, devant lequel elle est invaincue depuis dix ans et treize rencontres.

Sur le papier, tous les ingrédients sont réunis pour que l'Argentine, seule grande nation du tennis à n'avoir jamais soulevé le Saladier d'argent, arrive enfin à ses fins, après deux finales perdues à l'extérieur, en 1981 aux Etats-Unis et il y a deux ans en Russie.

«On a une opportunité unique et historique. Pour le tennis argentin, ce week-end peut marquer un tournant. Mais il faut rester vigilant et ne pas se relâcher», souligne Nalbandian, qui se méfie d'un scénario écrit sur mesure.

«Je ne vais pas mentir et dire que l'absence de Nadal n'a aucune importance. Mais l'Espagne reste une grande équipe», complète son compère Del Potro, multipliant lui aussi les déclarations de prudence pour tenter de décoller cette encombrante étiquette de favori récoltée depuis le forfait de Nadal.

Il n'empêche. Sans Nadal, qui a écrasé Andy Roddick lors de la demi-finale victorieuse face aux tenants du titre américains, l'Espagne n'est plus la même.

Son leader de substitution, David Ferrer, est décevant depuis des mois. Et son N.2, un gaucher à choisir entre Fernando Verdasco et Feliciano Lopez, offre du solide mais aucune garantie de victoire.

Le poids du public

En face, l'Argentine possède, avec Del Potro (9e mondial) et Nalbandian (11e), deux joueurs labellisés Top 10 et plutôt en forme. La seule réserve concerne l'état de fraîcheur de Del Potro, après une saison à rallonge achevée il y a une semaine au Masters de Shanghai, à l'autre bout de la planète. En double aussi, la paire probable Nalbandian/Acasuso semble plus forte que le duo espagnol, qui pourrait voir les débuts de Marcel Granollers.

Déjà intrinsèquement supérieure, l'Argentine jouera en plus devant son public. Un avantage en toutes circonstances - sur 95 finales, l'équipe hôte l'a emporté à 62 reprises - mais encore exacerbé dans le contexte argentin, où l'ambiance peut participer au sort des rencontres.

Elle devrait être incandescente pour cette finale 100% latine qui passionne le pays. Les 9800 places sont partis en un temps record. Au marché noir, il faut rassembler jusqu'à 10.000 dollars (environ 8000 euros) pour avoir le droit d'y assister.

Alors que l'Argentine reçoit le plus souvent à Buenos Aires et toujours sur terre battue, elle a cette fois opté, sur fond de polémique et de soupçons de favoritisme, pour la ville côtière de Mar del Plata et une surface plus rapide, de la moquette en salle.

Un choix motivé d'abord par la monstrueuse efficacité de Nadal sur terre battue. Mais qui se justifie aussi par les qualités de Nalbandian et Del Potro, deux joueurs multi-surfaces très à l'aise en «indoor».

Alors que tout parle en faveur de l'Argentine, les Espagnols se raccrochent à ce qu'ils peuvent. «L'absence de Nadal met la pression sur l'Argentine, qui est pratiquement dans l'obligation de gagner», souligne notamment le capitaine Emilio Sanchez.

Quant aux superstitieux, ils rappellent que les deux fois où l'Espagne a gagné la Coupe Davis, en 2000 et 2004, c'était déjà lors d'une année olympique.