Rafael Nadal (N.1) et Roger Federer (N.3) s'affrontent vendredi en demi-finale du tournoi de Miami pour écrire le 23e chapitre du roman déjà légendaire de leur histoire commune.

Pour sceller ces premières retrouvailles depuis le Masters de Londres en novembre, l'Espagnol a dominé jeudi le Tchèque Tomas Berdych (N.7) 6-3, 3-6, 6-3 alors que le Suisse n'a quasiment pas eu à verser une goutte de sueur.

Après trois jeux et quinze malheureux points disputés en dix minutes de jeu, Federer a profité de l'abandon du Français Gilles Simon (cou bloqué), sorti sous les sifflets d'un public déçu.

Face à Berdych, qu'il a battu pour la neuvième fois consécutive, Nadal a connu une alerte dans le deuxième set, quand il a fait appeler deux fois le soigneur pour se faire manipuler l'épaule droite en grimaçant.

«J'ai fait un faux mouvement avec le bras droit et j'ai eu comme une inflammation d'un nerf, ça m'a donné mal à la tête. Je n'ai pas compris ce qu'il s'est passé et j'ai perdu ma concentration», a expliqué Nadal.

«Je pense que ce n'est rien de grave», a-t-il ajouté.

Après la perte du deuxième set, l'Espagnol était au bord de la rupture à 0-40 mais a réussi à écarter ces trois balles de break en alignant cinq points, dont trois aces consécutifs (8 au total).

«Mon service m'a sauvé le match, c'est inhabituel, a expliqué Nadal. Il y a quatre ans, ce ne serait pas arrivé.»

Ce 23e Federer-Nadal, qui ne sera que le troisième du nom dans le cadre d'une demi-finale, est un peu un retour aux sources.

C'est en effet sur l'île de Key Biscayne, au 3e tour de l'édition 2004, que tout a commencé entre les deux joueurs.

«Je ne savais pas grand chose de Nadal avant ça, a raconté Federer, qui s'était incliné 6-3, 6-3 face à un Majorquin alors âgé de 17 ans. Je savais qu'il était bon mais dans ce match il m'avait surpris par sa qualité sur dur à un si jeune âge. J'avais alors pensé qu'il allait devenir N.1 mondial et gagner des Grand Chelem, qu'il était un Espagnol très spécial qui savait jouer sur la terre battue mais aussi ailleurs. Depuis, on connaît l'histoire...»

«Respect mutuel»

Avant que naisse une des plus belles rivalités de l'histoire du tennis, tout opposait les deux jeunes hommes: leurs origines (un latin né sur une petite île contre un cosmopolite, Suisse-Allemand de mère sud-Africaine), leur style de jeu (lift contre frappes à plat), leurs codes vestimentaires (pantalons longs et débardeurs contre tenues aux coupes classiques), leur maîtrise de l'anglais (langue du circuit), leur morphologie, la main avec laquelle ils jouent.

«Au début de ma carrière j'avais un peu de mal à complètement accepter ma rivalité avec Rafa, a d'ailleurs confié Federer. Ce n'est qu'après que j'ai compris que c'était en fait très cool: un joueur à deux mains contre un autre à une main, un droitier contre un gaucher, son spin contre mes frappes à plat, je me suis rendu compte que tout ça faisait sens et j'ai bien accepté la chose.»

«Aujourd'hui, il y a un respect et une entraide mutuels, au profit de causes caritatives ou de nos fondations, on a fait tellement de choses ensemble, c'est génial», a ajouté le Suisse aux seize titres du Grand Chelem, un record.

Nadal, qui mène 14 victoires à 8 face à Federer, assure qu'une «relation fantastique» l'unit à son aîné de cinq ans.

«Nous sommes plus proches qu'avant, comme des amis. Nous passons beaucoup de temps ensemble dans des matches exhibitions ou au conseil de l'ATP, a-t-il souligné. Nous nous sommes affrontés dans tellement de grands matches, des finales de Grand Chelem et de Masters 1000, ça rend notre rivalité spéciale.»